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Les faux éveillés et faux maîtres de la sphère spirituelle

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Les faux éveillés et faux maîtres de la sphère spirituelle Empty Les faux éveillés et faux maîtres de la sphère spirituelle

Message par Greenman Mar 21 Mai 2013 - 18:37

Bonjour,

Nous avons à peu près tous rencontré dans la vie, ou sur les forums, ou dans des livres, ou lors de conférences (souvent payantes !), des gens qui se croient réalisés et éveillés, sous prétexte de soit-disant "éveils de Kundalini", de "mise en retrait de la conscience individuelle", "d'indifférence aux événements", "d'éveil du maitre intérieur", etc etc, alors même que ces personnes ont à l'évidence et contradictoirement un ego considérable, des lacunes basiques importantes en spiritualité, tout autant qu'un manque de simple logique assez marqué.

Pourtant, aussi primaire que semble être cette situation, il n'est pas facile de leur faire prendre conscience de leur erreur quand ils prétendent nous faire la leçon, ni de la leur expliquer dans le détail. J'avais posté sur certains forums, en les commentant, la référence de livres dénonçant cette fausse non-dualité (ceux notamment de Dennis Waite, aux éditions Almora, "l'Advaïta Vedanta" et surtout "le chemin de la jungle"). Il est inutile de préciser que ces errances sont favorisées par le new age, et donc par le monde matérialiste et intellectualiste moderne, qui cherche par tout moyen à échapper au développement du coeur, en prétendant tout réaliser à partir du seul intellect.

Aujourd'hui, je propose donc une approche un peu différente, et excellente, d'un alchimiste, Charly Alverda. (car ce phénomène de faux éveillés touche également le monde de l'alchimie et de l'hermétisme, personne n'est épargné. Very Happy )


Voici le texte tiré de son blog : http://vous-y-etes.com/2013/02/moi-et-le-tarot-par-charly-alverda/ :

"L’article que vous allez lire ci-dessous ne manquera probablement pas de faire débat car il s’attaque au sujet très controversé des étapes sur le Chemin, et surtout aux doctrines, très à la mode, de ce que l’on a désormais pris l’habitude d’appeler le « pseudo Advaïta ».
Y a-t-il un éveil ou des éveils ? A-t-on le droit de parler spiritualité avant la Réalisation finale ? Qu’est-ce que recouvre exactement le concept traditionnel de « faux prophète » ?…
C’est ce que je vous propose d’approfondir ensemble dans les commentaires…
… mais, tout d’abord, en lisant cet article qui s’associera peut-être au glaive christique pour trancher entre ceux qui n’en retireront que découragement et ceux qui s’en inspireront pour ressentir la caresse de l’humilité.

Un webmaster avait créé un site sur la spiritualité.
Un jour il publia un article sur le pseudo-advaïta, qui reçut plus de visiteurs que tout le reste de son site.
Beaucoup d’autres sites avaient fait un lien vers son article, chacun se réjouissant de savoir démasquer les faux maîtres spirituels.
Ce pauvre webmaster en a été très déçu, telle n’était pas son intention.
Le plus drôle c’est que, bien entendu, tous les faux maîtres qui sévissent sur l’internet et parlent de non-dualité à tort et à travers ont évidemment envoyé un lien vers cette page, afin de montrer qu’ils sont du côté « des vrais ».
Il n’y a évidement pas de meilleure preuve qu’on est un vrai maître que lorsqu’on dénonce les faux. C’est bien connu !
Avertissons donc tout de suite qu’il n’est pas question ici de donner aux lecteurs la joie de pouvoir rejeter tel ou tel enseignement et de se réjouir de savoir que tel ou tel maître est un faux maître.
Ce que nous allons dire ici est bien plus intéressant, mais les joies que cela peut procurer sont trop subtiles pour ceux qui désirent ce genre de petits plaisirs, revanches mesquines dues à la jalousie ou à l’orgueil de se sentir « au-dessus ».

Mais il faut quand même savoir que beaucoup de gens s’improvisent « maîtres spirituels » en n’ayant à peu près rien compris et égarent leurs disciples.
Ils ne disent pas de grosses bêtises. En fait ils répètent, en croyant les avoir compris, des enseignements.
Sont-ils des escrocs ?
Les escrocs véritables sont très rares. Nous n’aborderons pas ce sujet. Nous parlons ici de la vaste majorité des maîtres autoproclamés qui sont en vérité d’absolue bonne foi.
Comment peut-on être de bonne foi quand on se proclame « Maître Réalisé » si on ne l’est pas ?
Il va nous falloir étudier un petit peu ce qui se produit sur le chemin spirituel.

Il y a plusieurs étapes au cours desquelles le pèlerin risque de se croire parvenu à la Réalisation.
« Risque » est d’ailleurs un mot bien faible. Seuls de rares yogis dotés de prédispositions exceptionnelles resteront inaffectés et continueront la route en gardant seulement le but ultime en vue.

Le premier piège

Le premier piège se situe au tout début du chemin pour ceux qui s’intéressent à la philosophie de la non-dualité.
La contemplation des vérités philosophiques de la non-dualité peut mener à une expérience de contemplation qui dure quelque peu et dans laquelle toutes les angoisses semblent avoir disparu.
On pense « avoir compris » intellectuellement et l’on pense que la compréhension intellectuelle est en-elle-même la réalisation.
Cette erreur n’est pas durable parce que, d’une part, l’état de contemplation prend fin et, d’autre part, il suffit de lire avec attention les textes authentiques pour s’apercevoir du malentendu.
Cependant, de nos jours de nombreuses personnes font preuve d’un excès d’enthousiasme ; et, en plus, les textes authentiques sont souvent remplacés sur internet par des textes issus de piètres enseignants.
Certains pèlerins sont donc amenés à annoncer leur « réalisation » à qui veut l’entendre avant d’avoir pu expérimenter le retour à la misère quotidienne d’un mental agité.
Et c’est là que le bât blesse.
Car :
- autant se croire réalisé est une illusion comme une autre qui peut venir (trois petits tours et puis s’en va, y’a rien de grave),
- autant une fois qu’on a raconté à tout le monde qu’on est réalisé, le terrible orgueil rend difficile de s’en dédire par la suite.
Et c’est là que commence le montage branlant de l’argumentation intellectuelle et de l’utilisation du savant vocabulaire de la philosophie de l’Advaïta Vedanta (« je ne vois pas de dualité, il n’y a pas d’individu, il n’y a que le Soi », etc.) pour maintenir la façade.
Un tel individu n’est pas bien dangereux, mis à part qu’il tend à décrédibiliser aux yeux des gens sérieux toute la philosophie de l’Advaïta Vedanta.
On voit cependant ce genre d’individus sur les forums. Ils maintiennent l’illusion quelques temps pour se rassurer puis changent de forum pour aller parler de leur réalisation ailleurs auprès de gens plus aptes à les comprendre…
Ils ne sont pas bien méchants. Ils sont comme des gens névrosés. Au fond, ils savent bien qu’ils n’ont aucune réalisation.
Mais comme ils pensent que leur connaissance intellectuelle du sujet est suffisante, ils se disent qu’ils méritent bien d’être considérés comme tels.
Et comme ils se croient brillants, ils pensent que la réalisation viendra à force de répéter tout ça.
Evidemment, c’est une impasse grossière et sans issue vu qu’il n’y même pas de pratique spirituelle pour sortir de l’impasse.
La seule solution ici est l’humilité et reprendre la route.

Le deuxième piège

Le deuxième piège est la première expérience du samâdhi, c’est à dire l’extase mystique.
Dans cette expérience le sujet qui médite fusionne avec l’objet de la méditation. Le sentiment de séparation individuelle s’évanouit.
Un pèlerin mal informé pourra prendre cette expérience pour la réalisation.
Bien entendu, l’expérience prend fin à la fin de la méditation, mais il croit ensuite que le souvenir de cette expérience équivaut à l’expérience elle-même.
Cette confusion est due à l’identification au mental. Celui qui croit être le mental croit que s’il pense à l’expérience du samâdhi, il est pareil qu’en samâdhi.
Bien entendu cette position ne tient pas non plus, un tel chercheur est au fond comme le précédent, simplement aux prises avec une névrose.
Mais comme il a une certaine expérience (superficielle mais c’est toujours ça) et un souvenir bien réel, il peut s’auto-persuader plus facilement et se mettre dans la situation embarrassante de s’être proclamé Eveillé à qui veut l’entendre.
Bref, il est pris dans le même piège dont l’orgueil empêche ensuite de sortir.
Le même piège peut se produire avec le développement de pouvoirs occultes qui apparaissent parfois après des expériences répétées d’extase mystique : clairvoyance, ouverture du troisième œil, ouverture partielle du chakra coronal, etc.
Toutes sont de nouvelles occasions pour sombrer dans la névrose.
De tels faux maîtres ne représentent pas un danger sérieux pour le chercheur qui a un peu de clairvoyance.
Cependant, dans de rares cas la névrose se transforme en psychose.
Et le maître devient un faux guru paranoïaque comme on en connait quand même beaucoup, qui nage en plein délire et finit parfois, dans sa fuite de la réalité, par organiser des suicides collectifs ou par orchestrer des fins tragiques.
Dans tous les cas les membres de ce genre de sectes subissent de plein fouet la folie mégalomane du « pseudo-guru ».

Le troisième piège

Le troisième piège n’en est pas un. Du moins pas trop.
Le pèlerin sincère a mis en pratique de tout son cœur l’enseignement spirituel par une sadhana intense et ininterrompue (sadhana = ensemble de pratiques qu’on adopte avec la détermination d’arriver à la réalisation).
Il réussit à rester pleinement concentré sur son but sans se laisser distraire par rien, ni les plaisirs ni les malheurs.
Il s’établit peu à peu en niddhidyasana (s’accrocher à l’expérience de méditation et ne plus s’en détourner).
De cette pratique, il en ressort que le samâdhi pourra continuer pendant les activités quotidiennes et indépendamment d’elles (le samâdhi est l’extase obtenue en méditation mais qui, pour le débutant, s’interrompt quand les activités quotidiennes sont reprises).
En général le pèlerin est testé, et parfois durement, avant que la grâce se révèle. Mais il n’y a pas de critère pour savoir quand.
Lorsqu’elle se révèle, il est troublé. Il parle généralement d’immersion dans l’amour pur.
Puis il fait l’expérience de la vacuité. L’expérience semble complète ici mais elle n’est qu’un reflet.
Il faut un certain nombre d’expériences avant que le pèlerin réalise la source de ce samâdhi comme étant le sans-forme, éternel, tout-pénétrant.
Il entre alors en état de turîya.
Ce mot n’est pas traduisible. C’est un état de joie naturelle, parce qu’il ne se sent plus jamais séparé de la source éternelle de joie.
Turîya correspond à la Claire Lumière d’Exemple chez les bouddhistes, à l’Œuvre au Noir chez les hermétistes. C’est l’état qui est le support de tous les autres états du mental.
Lorsque turîya est réalisé, le pèlerin se sent en permanence au-delà des états de veille, de rêve, de sommeil profond.
Il voit désormais ces états comme des modifications intérieures au mental, mais lui se situe au-delà.
Il perçoit les changements d’états du mental comme des évènements à l’intérieur de lui-même, mais ne se sent plus modifié lui-même par ces modifications du mental.
En d’autres termes, il ne ressent plus des états de conscience, mais plutôt la conscience des états où les états changent mais la conscience reste toujours inchangée.
A ce stade, il y a de très grandes chances pour que le pèlerin pense être parvenu à la réalisation.
Jusqu’à présent, les étapes supérieures du chemin spirituel n’étaient pas compréhensibles pour lui.
On lui a dit que la réalisation c’est lorsque le samâdhi devient naturel. Et il a trouvé lui-même la source du samâdhi et y reste naturellement accroché.
Que demander de plus ?
- L’ego impersonnel
Pourtant il ne connait encore, à ce stade, que les expériences superficielles du samâdhi.
De plus, à ce stade, il y a encore des rechutes.
Il est vrai qu’elles se feront de plus en plus rares puis disparaîtront, mais ce n’est évidemment pas l’état de réalisation sans retour.
Selon les bouddhistes, à ce stade, l’individu ne reconnait plus le corps physique comme son corps principal.
Il n’a donc plus la peur panique de la mort puisqu’il est identifié à un corps subtil appelé le corps illusoire.
On voit ici comme la menace de se croire réalisé est grande.
Pourtant est-ce une menace ?
En pratique, un tel pèlerin est parvenu à ce qui était jusque là son but : la félicité ininterrompue.
Pourquoi devrait-il en être insatisfait ?
Il a toutes les raisons d’être satisfait.
De plus, un tel pèlerin a déjà beaucoup travaillé. Il est peu probable à ce stade qu’il crie sur tous les toits sa réalisation, parce qu’il a bien d’avantage le désir d’aider autrui que de développer son ego.
Son ego d’ailleurs a été tronqué de toute sa dimension grossière. Il est devenu impersonnel.
Un tel chercheur peut-il vraiment causer du tort ?
Justement parce que son ego est tronqué, il ne s’en méfie plus.
L’ego impersonnel reste le support d’un orgueil subtil et encore tout à fait dangereux.
Il est vrai que ce pèlerin est souvent très généreux. Il ne pense qu’à aider autrui.
Mais il transmet l’enseignement de façon incomplète, très incomplète même, et s’imagine pourtant que c’est l’enseignement complet.
S’il s’autoproclame réalisé et commence à donner un enseignement… il faut dire honnêtement la vérité : c’est un médiocre enseignement.
Il n’y a pas de mal à donner ce qu’on peut. Le problème est que s’il veut enseigner en étant parvenu à ce stade, il faut qu’il réalise que son enseignement n’est pas celui d’un maître, que c’est juste un partage sympathique.
S’il n’enseigne pas et ne se proclame rien, alors il n’y a aucune objection à ce qu’il se considère lui-même comme « réalisé ».
Cela n’est pas un obstacle.
D’ailleurs, c’est assez pertinent pour que toute une école védique traditionnelle de la non-dualité (école de la réalisation progressive) l’admette.
Et il est courant de nommer cela « réalisation ».
C’est seulement s’il se met à enseigner et à donner des initiations qu’un tel pèlerin non seulement trompe insidieusement ses disciples mais, en plus, se bloque toute possibilité de progresser d’avantage.
Cependant, des maîtres autoproclamés qui sont à ce stade de réalisation incomplète, il y en a énormément.
Leur expérience est suffisante pour faire illusion facilement, y compris pour eux-mêmes.
Même si elle reste impersonnelle, il peut se développer une mégalomanie.
Et de nombreux problèmes.

De grands gâchis spirituels

La secte de l'AICK (conscience de Krishna), par exemple, a souffert d’un tel individu.
Cette secte et ses doux rêveurs qui chantaient « Hari-Hari… » dans les rues sont sources de raillerie car tout le monde sait comment leur « guru » s’est moqué d’eux et a détourné l’argent, etc.
Pourtant celui qui a développé ce mouvement était un sage exceptionnel.
A sa mort, il a désigné un disciple dont il estimait qu’il avait la capacité de prendre la suite, mais qui a « mal tourné ».
Cependant, ce genre d’histoire se termine moins mal que celle des gurus paranoïaques.
Même si l’orgueil est encore dangereux à ce stade, la lumière est plus forte au fond.
Le maître en question, chez les « allumés de Krishna », a finalement admis son aveuglement et s’est excusé humblement pour tout le tort qu’il avait causé.
Il n’empêche que le préjudice fut énorme pour ce mouvement spirituel d’une grande authenticité.
Il était devenu un vrai phénomène, rempli d’espoir, aux Etats-Unis, et a été réduit en cendres par cette négligence.
De nos jours, on trouve sur internet beaucoup de ce genre de chercheurs qui se disent « réalisés ».
Beaucoup aussi écrivent des livres sur la spiritualité, qu’elle soit occidentale, bouddhiste, ou relevant de la philosophie de l’advaïta.
Il n’y a pas de mal à écrire pour essayer d’aider autrui, mais il y a un grand préjudice si l’on se fait passer pour ce qu’on n’est pas.
Malheureusement leur expérience leur permet de faire illusion d’autant mieux qu’ils sont persuadés de leur réalisation.
A cause de ces faux-guru, toute la spiritualité se retrouve suspectée et rejetée par des gens intelligents qui se rendent compte qu’on se moque d’eux.
Beaucoup de belles traditions spirituelles et religieuses ont décliné et perdu leur sens à cause de ces individus.
Peu à peu, involontairement, ils isolent le message de sa source véritable en le faisant passer dans toute sa merveilleuse beauté pour leur propre expérience partielle.
Généralement, c’est seulement si l’expérience arrive trop vite qu’elle mène à des déboires.
La tempérance évite les problèmes.

Le quatrième piège

Le quatrième piège n’en est pas un non plus.
Lorsque l’état de turîya est devenu très stable, le pèlerin peut commencer à faire des expériences de samadhi bien plus puissantes.
Dans beaucoup de cas, d’ailleurs, ce n’est qu’à partir de là que les maîtres parlent vraiment de samadhi (en fait, tout dépend des sources).
Ces expériences d’extases plus avancées correspondent, pour les bouddhistes, à la Claire Lumière du Sommeil.
Lorsqu’elles sont maintenues, ou lorsqu’elles bénéficient de la présence et de la grâce du maître réalisé, elles mènent finalement à l’expérience directe de la vacuité.
Pour les bouddhistes, c’est la Claire Lumière de Signification ; pour les hermétistes, c’est l’Œuvre au Blanc ; et on l’appelle turyâtîta dans les textes indiens.
Turyâtîta signifie au-delà de turya.
On qualifie cela « d’état » par manque d’un terme adéquat, mais il n’est plus ici question d’état. Il n’existe plus de différence.
Turyâtîta est, disons, l’état – ou plutôt le non-état – dans lequel se trouve en permanence l’être parfaitement réalisé.
Ce qui cause le quatrième piège : cet état est confondu avec la réalisation.
Même certains textes sacrés, parce qu’ils sont mal compris, peuvent entretenir cette confusion, du fait que c’est bel et bien l’état – ou plutôt le non-état – du Bouddha.
Ce qu’il se passe ici, c’est que toutes les vasana (les habitudes du mental) sont désactivées presque totalement à leur source.
Car l’individu qui en est le support a lui-même disparu à tous les niveaux perceptibles (formels), même subtils.
La conscience est pure, il n’y a plus aucune conscience identitaire, ni sous forme individuelle, ni sous forme subtile comme dans turîya (impersonnelle).
Cependant nombre de yogis parviennent, au terme de leurs longues années de pratiques et d’étude, à stabiliser plus ou moins fermement l’état de turyâtîta.
Il est très difficile, à ce stade, de ne pas se croire réalisé.
Comme il n’est plus perçu de « je », la question est sans objet et il n’existe aucun signe clair de non-réalisation.
Si on lui demande, un tel être répondra en toute sincérité que l’individu qui cherchait la réalisation a disparu. Ce qui pour beaucoup est la définition même de la réalisation.
Le seul problème : il n’a pas disparu, il a juste été désactivé.
Il existe à l’état de graine, presque morte en apparence mais qui vit encore au niveau causal (dans l’enveloppe de félicité) prête à germer de nouveau.
Et à ce stade il devient bien difficile, pour un pèlerin ordinaire, de le distinguer des vrais éveillés.
Ils en ont beaucoup de qualités apparentes.
D’ailleurs leur enseignement est généralement très valable, quoi qu’incomplet.
De tels maîtres ne sombrent plus dans les affres de la mégalomanie.
Même s’ils délirent parfois un peu, leurs visions ont beaucoup de justesse.
Ils peuvent aussi accorder des initiations très puissantes et dégager une paix très puissante, similaire (à vue de nez) à celle des êtres pleinement réalisés.
La différence est qu’elle n’est pas totalement ininterrompue et moins puissante, mais surtout qu’elle est moins subtile.
Au niveau le plus subtil du plus subtil, la fréquentation d’un être authentiquement et pleinement réalisé effectue un travail qui ne peut pas avoir lieu ici.
Le bénéfice est donc très inférieur car le travail qui n’est pas fait est en réalité le plus difficile.
Tous les maîtres vraiment sérieux de ce niveau méritent cependant la plus grande considération. Leur mérite est incomparable.
Si tous les gourous intellectuels américains ou occidentaux qui écrivent tant de livres sur l’advaïta et la réalisation étaient parvenus à ce stade, ce serait déjà merveilleux.
En Inde, il est plus difficile de faire illusion qu’en occident. Seuls les maîtres de ce genre d’envergure (ou au-delà) bénéficient vraiment d’une très large reconnaissance.

Le cinquième piège

Le cinquième piège c’est rebelote : lorsque turyâtîta est devenue stable, l’expérience de samadhi la plus profonde peut avoir lieu.
C’est l’expérience ultime de dissolution avant la réalisation.
Elle est tellement ultime qu’il n’en faut pas beaucoup pour brûler totalement les derniers vestiges d’identification les plus subtils.
Parfois une seule désidentification suffit. Mais pas toujours… et c’est là le dernier piège.
Les écritures sacrées associent si intimement la réalisation et cette expérience d’extase absolue que bien souvent les disciples en concluent sans la moindre hésitation que celui qui raconte cette histoire est pleinement réalisé.
Or il n’est pas toujours assez lucide apparemment pour infirmer.
Cette extase suprême est appelée « nirvikalpa samâdhi » en Inde, et « Claire Lumière de la Mort » par les bouddhistes.
C’est l’autodissolution la plus ultime et subtile de l’ego.
Après quelques expériences de ce genre – parfois dès la première – la graine causale première et unique de l’ego et de toutes les vasana est définitivement détruite.
C’est la réalisation totale.
Ceux qui sont parvenus à nirvikalpa samadhi et se croient pleinement réalisés sont un certain nombre.
A vrai dire ceux pour qui l’expérience est complète sont des sages très avancés, leur enseignement est excellent.
Un cas étonnant est par exemple U.G. Krishnamurti (ancien théosophe) qui décrit des phénomènes occultes à l’œuvre avant l’expérience de nirvikalpa samadhi.
Il est difficile de dire s’il y a les signes de la réalisation totale, mais c’est assurément un enseignement très original et clairement inspiré.
Dans tous les cas, le Maître qui a le pouvoir d’aider pleinement chacun de façon parfaite est celui qui est parfaitement réalisé, celui qui a définitivement détruit la graine causale originelle de l’ego.
Cela se nomme Moksha en Inde, Bouddhéité chez les bouddhistes, c’est la dernière étape (Œuvre au Rouge) du Grand Œuvre des alchimistes.
Les autres sont des compagnons, des maîtres aussi, mais sans la majuscule.
Même s’il y a toujours des différences de connotation, et parfois des écoles différentes qui n’utilisent pas les mêmes mots ou pas pour la même chose, nous avons donné là une correspondance approximative avec le bouddhisme et l’hermétisme.
Il est entendu que les mêmes confusions et fausses réalisations existent dans toutes les voies spirituelles du monde.

Pas d’étapes, pas de chemin, pas de réalisation

Maintenant que nous avons fait tout ce chemin pour démonter et disséquer les vrais et faux maîtres, les causes de fausse réalisation et les divers niveaux d’expériences des maîtres en question, il me faut faire le travail inverse car tout cela ne vaut pas un clou.
Je ne dis pas que vous avez eu tort de lire jusque là. J’ai essayé de faire au plus clair, car c’est somme toute assez clair si on prend la peine de bien lire les paroles des sages.
Je ne sais pas si ce que je vais dire va vous faire plaisir maintenant, mais tout ce bla-bla, ce long discours si important pour discerner le vrai du faux, parle de choses totalement irréelles.
Toutes ces distinctions existent seulement pour celui qui n’est pas réalisé et cette préoccupation est par elle-même non-réalisation.
Une illusion bien disséquée reste une illusion.
Pour le sage réalisé, toutes ces distinctions n’ont aucune existence, il n’y a pas d’étape, pas de réalisation, pas de chemin, pas de niveau.
Aborder la voie spirituelle par ce chemin fait d’étapes précises est une erreur.
Cela revient à vouloir rejoindre le grand océan de la liberté en restant amarré au port.
La plupart des chercheurs s’inquiètent de savoir si tel ou tel maître est réalisé, etc.
C’est prendre le problème complètement à l’envers.
Le Maître n’est pas extérieur.
Il n’y a rien d’extérieur qu’on puisse appeler « maître ».
Celui qui cherche la Vérité vraiment, de tout son cœur, c’est à dire en appliquant tout ce qu’il sait d’Elle, celui qui met en pratique toutes les vertus divines de toutes ses forces n’a strictement aucune raison de s’inquiéter du Maître.
Il n’a pas besoin de chercher le maître car le Maître est déjà à sa recherche.
Le Maître n’est pas prisonnier de la forme et limité par elle comme nous le croyons toujours.
Nous prenons à tort le maître pour un corps physique, mais le Maître est totalement transcendant.
La forme est au contraire son serviteur zélé, elle lui obéit de manière occulte et totale.
Le Maître est omnipotent.
Le Maître arrivera par où Il doit arriver ; la forme n’a pas d’importance pour Lui, il les embrasse toutes.
Par conséquent, la seule chose que doit avoir en tête le pèlerin, ce n’est pas de disséquer le chemin spirituel pour reconnaître le Maître, c’est de mettre toujours en pratique de tout son cœur la spiritualité et la Vérité, et ainsi s’abandonner au Maître.
Par cette attitude authentique, tout sera résolu.
Finalement, le maître se révélera tel qu’il est.
Celui qui a compris ce seul point essentiel peut faire l’économie de tout le reste.
Ainsi il voyagera léger et se sentira libre comme l’air.
Qu’est-ce alors que le pseudo Advaïta, cette fausse doctrine ?
Dès qu’un être, même parvenu à la suprême réalisation, parle de cette réalisation, c’est seulement un discours pour le mental.
C’est donc déjà du pseudo Advaïta.
Ce ne peut pas être l’expérience elle-même.
Le discours sur l’Advaïta est comme une noix.
Les mots sont la coquille.
Il ne faut pas l’avaler, il faut manger seulement la noix.
La coquille est là pour contenir la noix.
C’est le seul rôle ici des mots.
Le véritable enseignement est entre les mots.
Il est dans le silence."

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Message par lounaaa Mer 22 Mai 2013 - 8:34

J'ai pas tout lu!! Embarassed
Mais dernièrement, j'ai pu "voir" ce qu'était ce fameux égo spirituel selon ma perception, alors que je n'avais pas lu un traître mot du topic qui lui est consacré.
Je crois tout simplement que lorsqu'un être est "éveillé", il ne le sait tout simplement pas, parce que l'humilité qui participe à sa réalisation le font toujours douté de lui même. Je cris que comme il aspire à l'eternité, il ne peut se croire "figé" dans un état, même si celui ci est l'éveil. Avec ma propre position sur celui ci, je crois aussi que ces personnes sont tellement loin du jugement qu'elles ne peuvent pas en appliquer sur elles. Pour les maîtres, je crois qu'ils en deviennent malgré eux, parce que dans mon image (idéale??!!) d'eux, il pousse "l'autre" à apprendre avec ses moyens, non avec des "leçons" unique et prédéfinis. Il seraient, de plus, loin de se poser volontairement au dessus de l'autre, ce qui fait qu'ils ne peuvent se proclamer "maitres". Wet Kiss
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Message par tadukhepa Mer 22 Mai 2013 - 10:56

Greenman a écrit:

Pas d’étapes, pas de chemin, pas de réalisation


Le Maître n’est pas extérieur.

Le Maître est omnipotent.
Le Maître arrivera par où Il doit arriver ;
mettre toujours en pratique de tout son cœur la spiritualité et la Vérité,
et ainsi s’abandonner au Maître.
Par cette attitude authentique, tout sera résolu.
Finalement, le maître se révélera tel qu’il est.


Dans tout ce blabla, ce long discours comme tu dis toi même Greenmann, je crois que la chose la plus importante à retenir, tient pour ma part, dans le passage que j'ai cité ci-dessus.
Je pense aussi que les maîtres "physiques", même authentiques ne peuvent être compris qu'à l'aide du seul véritable maître intérieur.
Ne dit-on pas que quand l'élève est prêt, le maître apparait?
Donc, nous n'avons pas à nous soucier de trouver un vrai maître réalisé et authentique nous en avons un qui n'attends que nous; que nous soyons prêts.
Mais justement, la question est: le cheminement pour être "prêt" à accueillir le maître se fait comment? c'est là souvent qu'on a besoin de l'expérience, ou de l'enseignement de ceux qui sont passés par là.
D'accord, le seul vrai maître, qui vient à nous viendra à la suite d'une longue pratique.
Tu le dis toi même "mettre toujours en pratique de tout son cœur la spiritualité et la Vérité" pour que le maître se révèle à nous" Concrètement ça veut dire quoi? Qu'est ce que tu mets dans "spiritualité"? Qu'est ce que tu mets dans "Vérité"?
Chacun sa pratique, mais l'expérience de ceux qui ont écrit des livres, n'est pas à négliger.

Même l'enseignement d'un maître authentique doit être assimilé en s'aidant du maître intérieur. Si nous prenons l'enseignement du Christ: Il y avait en Palestine du temps de Jésus, quantité de "docteurs de la lois", Jésus ne les a pas appelés. Il a appelé des pêcheurs, des gens sans grande instruction, parce que, eux, pouvaient encore avoir cette capacité d'assimilation par le cœur, et non par l'intellect.
Dans ton texte, tu cites surtout les maîtres orientaux.
Dans la chrétienté, Il y a St Paul, les papes... qu'on peut considérer comme des maîtres. mais...
Il y a aussi St Jean, Maître Eckart...
Vous voyez la différence?
Il est difficile de ne pas parler d'étape dans la réalisation, qui chez les chrétiens, je crois s'appelle "la Nouvelle Naissance".
Première étape: Naître d'eau
Seconde étape: Naître d'Esprit.

Enfin c'est comme cela que je vois les choses. Angel



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Message par ananie Jeu 23 Mai 2013 - 17:20

Très bon sujet !
Merci.

Même si tout cela me dépasse un peu...

J'ajouterai aussi qu'à mon avis on tombe d'autant plus facilement dans ces pièges que l'on n'a pas fait la paix avec son passé.

Si par exemple on est resté sur un manque de reconnaissance de la part de nos parents, il est assez évident, que dès que l'on va avoir la moindre expérience spirituelle, on va tenter de s'en servir pour se revaloriser :
- A ses propres yeux en se disant réalisé, et donc ayant plus de valeur que quiconque, ou, inconsciemment "enfin de la valeur aux yeux de nos parents".
- Aux yeux des autres en s'autoproclamant être réalisé ou maître spirituel.


Enfin, à mon sens il y a une notion qui est très importante, ou en tous cas qui me parle énormément personnellement :
On ne se donne pas à soi-même une mission, on est envoyé.

Ainsi tous les guides spirituels autoproclamés sont des escrocs.

Les véritables guides spirituels sont nommés par d'autres grands guides spirituels, ou alors ils deviennent de fait guides parce que de nombreux disciples viennent naturellement à eux (sans que eux ne fasse rien pour cela).
Ce sont les situations extérieures qui les obligent à enseigner si telle est leur mission, et en aucun cas il ne s'octroient d'eux mêmes cette mission.
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Message par Hirloe Jeu 23 Mai 2013 - 18:32

Coucou tout le monde,

Juste en passant, il me semble que l'article en question est celui de Bertrand, qui s'occupe du forum suivant : http://pandore.net/agora/
.... mais invité pour un article dans le blog "vous-y-etes" lequel est celui de Bernard Klein et pas de Charly (qui a été invité lui aussi, à plusieurs reprises, et intervient régulièrement sur ce blog).

Enfin je crois... drunken

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