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La communication non-violente (ou CNV)

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Greenman
Sophie
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La communication non-violente (ou CNV) Empty La communication non-violente (ou CNV)

Message par Sophie Jeu 29 Mar 2012 - 12:45

Ca risque d'être un peu long, je m'excuse par avance pour ceux qui aiment plutôt le concis Wink

La communication non violente est une méthode de communication, mais avant tout, de travail sur soi, inventée par Marshall Rosenberg, dont le constat est le suivant :
l'essentiel de notre communication, en l'absence de travail sur soi et de responsabilité de soi-même, est violente.
Qu'il s'agisse de violence ouverte (agressivité, insultes, cris), ou de violence larvée (chantage, manipulation etc...).

Nous savons très peu communiquer, avant d'avoir travaillé sur soi et son rapport aux autres, de manière non-violente.

La méthode de base de la CNV se décompose en quatre étapes.
Simples mais qui font vraiment travailler sur soi et sur un changement dans notre vision du monde et notre manière de l'exprimer.

Ce processus en 4 étapes est ce qui rend parfois cette méthode pénible à certaines personnes, qui trouvent cela scolaire, décomposé, et qui pensent qu'elles y perdront leur spontanéité.
C'est en partie "vrai" dans un premier temps, mais c'est faux à long terme.
On peut parfaitement communiquer spontanément tout en ayant intégré ces 4 étapes.

Les 4 étapes déterminent un "modèle de phrase CNV", même si on ne l'utilise pas pour communiquer avec les autres parce qu'on trouve ça scolaire, on peut de toute manière se l'appliquer en soi, et cela aide énormément à avancer dans la connaissance de soi et la responsabilisation.

Du coup ensuite, on peut communiquer de manière non violente, même sans forcément décomposer toutes nos phrases comme ça.

Cependant, face à certaines personnes très agressives ou en situation de tension extrême, revenir au processus de CNV est une aide considérable.

Exemple avant de rentrer dans les explications :

Je suis dans mon bureau tranquillement, une personne avec qui je vis se met à s'activer dans tous les sens, claquer les portes, et à faire beaucoup de bruit, ce qui me dérange énormément.

La phrase pas CNV du tout, "t'es vraiment ch.... tu peux pas faire moins de bruit ? je peux pas bosser là !"

La phrase CNV type : "Quand tu claques les portes, je me sens en colère, parce que j'ai besoin de calme pour travailler, pourrais-tu faire attention à faire moins de bruit ?"

La phrase CNV plus spontanée quand on a intégré le processus : "Je suis en train de travailler, j'ai besoin de calme, pourrais-tu faire moins de bruit s'il te plait ?"
Et on peut même si on le sent donner aussi de l'empathie à la personne, en lui demandant : "est-ce que tu claques les portes et que tu fais du bruit parce que tu te sens mal ? ou en colère ? as-tu besoin d'exprimer quelque chose ?"

Ca c'est si on s'en sent capable, ou si on a envie, parfois on n'a pas envie, ou on n'est pas disponible pour donner de l'empathie à quelqu'un, donc on se contente de formuler sa demande tranquillement.

La décomposition de la phrase c'est :
- Observation objective des faits ("quand tu claques les portes")
- Expression de ce que l'on ressent ("je me sens en colère")
- Expression de son besoin ("j'ai besoin de calme")
- Formulation d'une demande claire. ("pourrais-tu etc...")

Là ça semble simple.
Seulement il y a des subtilités.

Observer des faits objectivement est loin d'être aussi facile que ça en a l'air.
La plupart du temps nous mélangeons des faits et des suppositions ou des jugements / projections.

Une personne par exemple me coupe la parole :
si je lui dis "tu ne m'as pas laissé finir ma phrase", c'est un fait objectif.
si je lui dis "tu ne m'écoutes pas tu n'en as rien à faire de ce que je dis", c'est une projection subjective.

Exprimer un sentiment :

un sentiment en CNV est une expression qui n'implique pas l'action des autres "contre nous".
Dans ce que l'on appelle les sentiments en CNV, par exemple, on ne peut pas dire "je me sens abandonné", qui est un participe passé, et qui nous place implicitement en position de victime du comportement de quelqu'un d'autre. Si on se dit abandonné, c'est qu'on sous entend que quelqu'un nous a abandonné.

"Je me sens seul" est un sentiment en CNV.
Mais pas "je me sens abandonné".

Parfois on a besoin de passer par cette première expression du sentiment, pour ensuite reformuler et aller exprimer un sentiment réel.

Exprimer un besoin

De la même manière, un besoin n'implique pas les autres, un besoin est universel.
"J'ai besoin que tu fasses cela", ce n'est pas un véritable besoin.

"J'ai besoin d'aide", est un véritable besoin.
Cela est universel, avoir besoin d'aide ne définit pas d'exigeance vis à vis de l'autre, et ne porte pas sur lui la charge de satisfaire à nos besoins.

Les besoins peuvent être très concrets ou "abstraits", besoin de liberté, besoin de calme, besoin de silence, besoin de soutien, besoin de communication, etc etc etc.... il y en a un certain nombre, c'est un travail très profond d'aller vraiment toucher et nommer un besoin que l'on a à un moment donné.

Parce que cela nous permet aussi de commencer à voir comment soi-même on pourrait répondre à son propre besoin.
Donc de se responsabiliser encore plus, en agissant pour soi-même.

Exprimer un besoin nous place en position que nous vivons parfois comme de la vulnérabilité, de même qu'exprimer un sentiment.
C'est pourquoi aussi parfois on a du mal à rentrer dans ce type d'expression.

Ce qu'il faut comprendre c'est qu'en réalité, cela rend très "fort" en soi, d'exprimer ce que l'on ressent et ce dont on a besoin.
Parce que ça pose une lumière honnête sur toute communication.

Enfin, formuler une demande :

une demande doit être claire, et précise le plus possible.
Demander "pourrais-tu être plus gentil avec moi ?" ça ne veut pas dire grand chose.
C'est très subjectif et très généraliste.

La demande est comme l'observation des faits, plus elle est objective et claire, plus elle est respectueuse de l'autre, de soi, et a des chances d'être "efficace", c'est à dire que même si la personne n'y répond pas, au moins on l'a exprimée clairement, on n'a pas laissé planer de doutes ou obligé la personne à deviner ce que nous souhaitions.

La démarche d'écoute de la CNV est un processus comme je disais que l'on peut déjà appliquer en soi-même, avant même de chercher à la verbaliser avec d'autres personnes.

Si par exemple j'ai eu une interaction avec quelqu'un, et si je n'arrive pas à le fair en live, je peux reprendre ce qui s'est passé, et m'interroger à l'intérieur, sur les faits observés, mon sentiment, mon besoin, et la demande que j'aurais voulu formuler, ou que je formulerai à la personne après.

Lorsque l'on a intégré ce processus, souvent, on ne dit pas toutes les étapes, parfois on exprime directement la demande, parce que soi-même on a entendu et exprimé en soi, son sentiment et son besoin, donc si on ne ressent pas le besoin de dire tout ça à l'autre, on peut exprimer directement la demande.

Cependant, il faut comprendre aussi qu'accepter de se dévoiler un peu dans la communication est un cadeau que l'on fait à l'autre.
Quand on exprime son sentiment, on autorise implicitement l'autre à faire de même.
Idem pour les besoins.

Si je m'autorise à dire "j'ai besoin de calme", alors la personne en face va inconsciemment comprendre que les besoins sont une chose importante que l'on a le droit d'exprimer.

Donner de l'empathie.

Lorsque l'on connait bien ce processus en soi, on peut alors (et seulement alors, pas avant), parfois donner de l'empathie aux autres, quand on s'en sent capable et disponible.

Cela consiste non pas à empiéter sur ce qu'elle ressent, ni à le définir pour elle, cela consiste à se mettre en écoute (c'est possible quand on s'écoute déjà soi-même), et à poser des questions si nécessaire pour "débloquer" l'expression de la personne, pour qu'elle apprenne à ressenti en elle, et à se positionner.

Les questions doivent être ouvertes, tout en s'appuyant sur ce que la personne dit.
On reformule, et on propose quelque chose.
"Est-ce que de ce fait, tu te sens en colère ?"
Cela doit être ouvert, pas seulement dans la formulation mais dans l'état d'esprit que l'on émet en le disant.
Si dans sa tête on a déjà figé que la personne doit être en colère au vu de sa situation, on va "rayonner" cela et en fait on va émettre une question fermée même si elle est en apparence ouverte.

Cela doit être une vraie question, sincère.
Qui permette à l'autre en toute sincérité de répondre oui, ou non.
Le but n'est pas d'avoir raison, ou de démontrer qu'on sait vraiment très bien écouter ou lire entre les lignes.

On peut le faire avec des personnes qui ne connaissent pas spécialement la CNV, ça marche pareil, toute personne a des sentiments et des besoins, donc l'important c'est que soi-même on en soit conscient.

On peut aussi le faire volontairement et même demander une aide de ce type quand on connait des gens qui pratiquent l'empathie.

J'ai une amie, avec qui nous avons pris l'habitude, lorsque nous en avons besoin, de pouvoir se téléphoner, et exprimer clairement à l'autre : "je me sens mal, j'ai besoin d'empathie, est-tu disponible pour m'en donner ? maintenant, ou plus tard, si tu n'es pas disponible maintenant."

Là c'est très clair, quand on se place comme ça en conscience, on se place en écoute active, et empathique, évidemment quand la personne en face connait le processus et le demande explicitement, ça facilite énormément le travail.
Parce qu'en fait elle sait déjà ce qu'ella a à faire, et elle a simplement besoin de quelqu'un qui l'aide et lui "donne la réplique" en face.

Dernière chose concernant l'écoute et l'empathie.

Parfois dans la communication ou quand on vit quelque chose de difficile, on peut avoir vraiment besoin d'empathie et d'écoute réelle, et on peut avoir tendance à se victimiser un peu ou ruminer parce que les personnes autour de nous ne savent pas nous en apporter.

Déjà reconnaître ce besoin en soi est primordial.
Et ensuite savoir discerner et reconnaître, que lorsqu'une personne ne sait pas s'écouter elle-même et reconnaître ses propres ressentis, elle ne peut tout simplement pas donner d'écoute et d'empathie aux autres, c'est une incapacité.

Donc dans ces cas-là, il vaut mieux le reconnaître, sans juger pour autant la personne ou commencer à se dire qu'elle en a rien à faire de nous, ou autre, et chercher si l'on peut trouver cette empathie dont on a besoin, déjà en soi-même, s'en donner à soi-même, ou s'adresser à des personnes dont on sait qu'elles en sont capables.

Cela évite beaucoup de frustration et de rumination.

Avoir autour de soi des personnes qui savent réellement écouter est une chance aujourd'hui, et non un "dû".
La plupart des gens ne peuvent pas écouter, parce qu'il y a trop de bruit en eux, il n'y a pas de place pour écouter l'autre, ça ne sert à rien de leur demander de manière insistante ce qu'ils ne peuvent pas donner...

Pour finir, la référence du livre principal de Rosenberg qui explique la CNV :
La communication non-violente (ou CNV) 9782707143815

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Message par Sophie Ven 13 Avr 2012 - 14:18

Voici la copie d'une interview de Rosenberg, où il expose les clés principales de la CNV, et plus globalement de son approche, sur la violence et la non-violence.

Il y a de nombreux éléments qui rejoignent des choses dont on a souvent parlé ici sur le forum, le fait que pardonner n'est pas quelque chose que l'on "rajoute" par exemple en s'y efforçant, le fait que les émotions doivent être exprimées, et entendues, etc etc...

Je souligne ce qui personnellement me semble vraiment important dans tout ce qu'il dit, et qui peut vraiment servir de base de travail sur soi, pour avancer véritablement.

**

Au delà du bien et du mal : Marshall Rosenberg sur la création d'un monde non-violent
Extraits d'un interview de Marshall Rosenberg réalisé par D Killian et publié dans le mensuel The Sun n° 336 février 2003 Caroline du Nord USA. www.thesunmagazine.org/february2003.html

J'ai rencontré Marshall Rosenberg pour la première fois alors que j'avais été chargé d'un reportage pour un journal local pour couvrir l'un de ses séminaires de pratique de "Communication Non-Violente". Troublé par les inégalités de ce monde et impatient de changement, je ne pouvais imaginer l'effet d'une technique de communication pour résoudre les problèmes tels que le réchauffement de la planète ou la dette des pays en voie de développement. Mais j'ai été surpris par l'effet visible du travail de Rosenberg sur des individus et des familles pris dans des conflits.

La Communication Non-Violente ou CNV a 4 étapes : observer ce qui se passe dans une situation donnée, identifier ce que l'on ressent, identifier ce dont on a besoin, et alors faire une demande pour ce que l'on aimerais voir se produire. Cela semble simple. En fait c'est plus qu'une technique de résolution de conflits. C'est une façon différente de comprendre la motivation et le comportement humain

Killian :

"votre méthode à pour but d'enseigner la compassion , mais celle-ci semble plus une façon d'être qu'une aptitude ou une technique. Peut-on vraiment l'enseigner ?"

Rosenberg :

"je dirais que c'est un trait naturel de l'homme. Notre survie en tant qu'espèce dépend de notre abilité à reconnaître que notre bien-être et le bien-être des autres sont en fait une seule et même chose. Le problème c'est qu'on nous enseigne des comportements qui nous déconnecte de cette conscience naturelle. Ce n'est pas tant que nous devions apprendre comment être avec compassion, mais plutôt il nous faut désapprendre ce que l'on nous a enseigné et revenir à la compassion".

Killian :

"si la violence est apprise, quand cela a -t-il commençé ? Cela semble avoir toujours avoir fait partie de l'existence humaine".

Rosenberg :

"le théologien Walter Wink estime que la violence est la norme sociale depuis 8000 ans. C'est quand un mythe a évolué comme quoi le monde a été crée par un dieu male héroique et vertueux qui a battu la mauvaise déesse femelle - c'est à partir de là que nous avons eu l'image des bons tuant les méchants. Et cela a évolué vers une "justice de rétribution" qui dit qu'il y a ceux qui mérite d'être punis et ceux qui méritent d'être récompensés. Cette croyance a pénétré profondemment à l'intérieur de nos sociétés. La plupart des cultures, pas toutes, ont été exposées à cette influence.

Killian :

"vous avez dit que "mérite" est le mot le plus dangereux du langage. Pourquoi ?

Rosenberg :

"c'est à la base de la justice de rétribution. Pendant des milliers d'années nous avons fonctionné sous ce système qui dit que les gens qui commettent des méfaits sont mauvais - en fait que des êtres humains sont fondamentalement mauvais. Selon ce mode de pensée, un petit nombre de bonnes personnes ont évolué, et c'est à elles d'être les autorités et de contrôler les autres. Et la manière dont vous contrôlez les gens puisque notre nature est mauvaise et égoiste, c'est à travers un système de justice dans lequel les gens qui se conduisent selon les bonnes manières sont récompensés tandis que ceux qui sont mauvais on les fait souffrir. Pour que ce système soit perçu comme étant juste, on doit croire que les deux côtés méritent ce qu'ils reçoivent.

J'ai vécu au Texas et quand ils éxécutaient quelqu'un là-bas, les bons étudiants baptistes du collège local se rassemblaient en dehors de la prison et festoyaient. Quand on annonçait par haut parleur que le coupable avait été tué, il y avait de bruyants applaudissements et ainsi de suite. Quand vous avez un concept basé sur le bien et le mal, selon lequel les gens méritent de souffrir pour ce qu'ils ont fait, on prend plaisir à la violence".

Killian :

"mais vous n'êtes pas opposé aux jugements ?"

Rosenberg :

" je suis tout à fait pour les jugements. Je ne pense pas que nous pourrions survivre très longtemps sans eux. Nous jugeons quelles nourritures nous apportera ce dont nos corps ont besoin. Nous jugeons quelles actions vont satisfaire nos besoins. Mais je fait la différence entre des jugements qui servent la vie, qui concernent nos besoins, et des jugements moraux qui impliquent ce qui est bien ou mal."


Killian :

" vous avez appelé à la place pour une "justice réparatrice". En quoi est ce différent? ".

Roseaberg :

"la justice réparatrice est basée sur la question : comment rétablit-on la paix ? En d'autres termes, comme rétablit t-on un état dans lequel les gens se soucient du bien-être des uns et des autres ? La recherche montre que les auteurs (de méfaits ndt) qui passent par l'expérience de la justice réparatrice ont moins de chance de répéter les comportements qui ont été à l'origine de leur incarcération. Et c'est beaucoup plus apaisant pour la victime que la paix soit rétablie que de voir simplement l'autre personne punie.

L'idée se répand. J'étais en Angleterre il y a un an pour présenter un discours inaugural à une conférence internationale sur la justice réparatrice. J'espérais qu'une trentaine de personnes viendraient. Je fus enchanté de voir plus de six cent personnes à cette conférence ".

Killian :

"comment fonctionne la justice réparatrice ?"

Rosenberg :

"je l'ai vue fonctionner, par exemple avec des femmes qui avaient été violées et les hommes qui les avaient violées. Le premier pas consiste pour la femme à exprimer ce qu'elle veut que son attaquant comprenne. Maintenant, alors que cette femme a souffert presque chaque jour pendant des années depuis cette attaque, ce qu'elle exprime est plutôt brutal : "espèce de monstre ! j'aurai aimé te tuer "et ainsi de suite.

Ce que je fais alors c'est d'aider le prisonnier (violeur ndt) à se connecter à la souffrance vivante à l'intérieur de cette femme, souffrance qui est le résultat des actions de celui-ci. Habituellement, ce qu'il veut faire c'est s'excuser. Mais je lui dit que s'excuser c'est trop facile, trop peu. Je veux qu'il répète ce qu'il lui a entendu dire. Comment sa vie à elle a été si bouleversée.

Quand il ne peut pas répéter, je joue son rôle à lui. A elle, je lui dit que j'entends sa souffrance derrière tous ses cris, ses cris. Je lui montre à lui qu'en surface il y a la rage mais qu'en dessous il y a le desespoir d'une vie qui ne sera jamais plus la même. Et puis j'obtiens de l'homme qu'il répète ce que j'ai dit. Cela peut prendre 3, 4, 5 essais, mais finalement il entend l'autre personne. Déjà à ce moment là vous pouvez voir l'apaisement qui commence à se mettre en place, quand la victime obtient de l'empathie.

Puis je demande à l'homme de me dire ce qui se passe à l'intérieur de lui. Comment se sent-il ? Habituellement de nouveau il veut s'excuser. Il veut dire : "je suis un rat, je suis une saleté ". Et de nouveau j'obtiens qu'il creuse plus en profondeur. Et ceci est très effrayant pour ces hommes. Ils n'ont pas l'habitude de s'occuper de sentiments, encore moins de faire l'expérience de l'horreur de ressentir ce que c'est que d'avoir causé à un autre être humain une telle souffrance.

Quand nous avons dépassé ces deux premières étapes, bien souvent la victime crie : "comment avez-vous pu ? Elle est avide de savoir ce qui a pu pousser une autre personne à faire une telle chose. Malheureusement, la plupart des victimes avec lesquelles j'ai travaillé ont été encouragées à pardonner à leurs attaquants par des gens bien intentionnés. Ces personnes expliquent que le violeur a dû souffrir et a dû probablement avoir une enfance malheureuse. Et la victime essaie de pardonner mais cela n'aide pas beaucoup. Le pardon obtenu sans avoir d'abord passer par ces autres étapes, est superficiel. Cela supprime la souffrance.

Une fois que la femme a reçu de l'empathie, alors elle veut savoir ce qui s'est passé chez cet homme au moment ou il a commis cet acte. J'aide l'auteur de celui-ci à remonter jusqu'au moment de l'acte, et à identifier ce qu'il ressentait à ce moment là, quels étaient les besoins qui contribuaient à ces actes.

La dernière étape c'est de demander s'il y a quelque chose d'autre que la victime aimerait que l'auteur de l'acte fasse pour ramener la paix. Par exemple, elle pourra vouloir faire payer les notes de médicaments, ou elle pourra vouloir quelque restitution émotionnelle. Mais dés qu'il ya de l`empathie des deux côtés, c'est surprenant comment rapidement ils commencent à s'occuper du bien être de l'un et l'autre".

Killian :

"quels sont les "besoins" qui puissent être la cause qu'une personne viole une autre personne ?"

Rosenberg :

"cela n'a rien à voir avec le sexe, bien sûr. Cela a à voir avec la tendresse que les gens ne savent pas comment obtenir, et souvent confondent avec le sexe. Dans la plupart des cas, les violeurs euxmêmes ont été victimes d'une certaine forme d'agression sexuelle, ou d'abus physique, et ils veulent que quelqu'un d'autre comprenne comme c'est horrible de se sentir dans ce rôle passif, faible. Ils ont besoin d'empathie, et ils ont employés des moyens dénaturés pour l'obtenir : en infligeant une souffrance similaire à quelqu'un d'autre. Mais le besoin est universel. Tous les êtres humains ont les mêmes besoins. Heureusement la plupart d'entre nous les satisfaisons de manières non destructrices pour les autres personnes et pour nous mêmes".

Killian :

"nous avons longtemps cru en occident que les besoins doivent être régulés et déniés, mais vous suggérez l'opposé, qu'ils doivent être reconnus et satisfaits ?"

Rosenberg :

"je dirais que nous enseignons aux gens à dénaturer leurs besoins. Plutôt que d'éduquer les gens à prendre conscience de leurs besoins, nous leur enseignons à devenir dépendants de stratégies inefficaces pour les satisfaire. La consommation fait croire aux gens qu'ils vont les satisfaire en s'appropriant certaines choses. Nous enseignons que la vengeance est un besoin, alors qu'en fait c'est une stratégie défectueuse. La justice de rétribution est une stratégie médiocre. Mélangé à tout cela, il y a la croyance en la compétition, que nous pouvons satisfaire nos besoins qu'aux détriment des autres personnes. Non seulement cela, mais qu'en plus c'est héroique et plaisant de gagner, de vaincre quelqu'un d'autre.

C'est pourquoi c'est très important de faire la différence entre les besoins et les stratégies, et de faire voir aux gens qu'une statégie qui satisfait vos besoins aux dépends de quelqu'un d'autre ne satisfait pas tous vos besoins. Parce que chaque fois que vous vous comportez d'une façon qui blesse d'autres personnes vous finissez par vous faire mal à vous même. Comme a dit le philosophe Elbert Hubbard : " nous ne sommes pas punis pour nos péchés mais par eux".

TOUS LES ETRES HUMAINS ONT LES MEMES BESOINS. QUAND NOTRE CONSCIENCE SE CONCENTRE SUR CE QUI EST VIVANT EN NOUS, NOUS NE VOYONS JAMAIS UN ETRANGER DEVANT NOUS. D'AUTRES PERSONNES PEUVENT AVOIR DIFFÉRENTES STRATEGIES POUR SATISFAIRE LEURS BESOINS ? MAIS ILS NE SONT PAS DES ETRANGERS.

Que je travaille avec des drogués à Bogota, Colombia, ou des alcooliques aux Etats Unis, ou avec des maniaques sexuels dans des prisons, je commence toujours par leur dire pour que cela soit bien clair pour eux que je ne suis pas là pour les faire arrêter ce qu'ils font. " D'autres ont essayé" je dis , "vous avez probablement essayé vous-mêmes, et cela n'a pas marché". Je leur dit que je suis là pour les aider à éclaircir les besoins qu'ils satisfont par ce comportement. Et une fois que nous avons éclairci leurs besoins, je leur enseigne des facons plus efficaces et moins dévastatrices de les satisfaire".

Traduction à des fins non commerciales MD pour Planete Non Violence. Copyright The Sun.

Qui est Marshall Rosenberg - La CNV c'est quoi ?
Marshall Rosenberg raconte dans son livre " les mots sont des fenêtres" : "Au cours de l'été 1943, lorsque ma famille s'est établie à Détroit, dans le Michigan, les tensions raciales étaient très vives et nous n'étions pas arrivés depuis deux semaines qu'un incident dans un jardin public mit le feu aux poudres. En quelques jours, les émeutes firent plus d'une quarantaine de victimes. A la rentrée des classes, le calme était rétabli, ce fut à l'école que je découvris qu'un patronyme pouvait être aussi préjudiciable qu'une couleur de peau. L'instituteur fit l'appel et, lorsqu'il prononça mon nom, deux garçons me jetèrent des regards noirs et sifflèrent : "sale youpin !" Je n'avais jamais entendu le mot et j'ignorais et qu'il était employé comme un terme de mépris envers les Juifs. Les deux compères m'attendirent à la sortie et, après m'avoir jeté à terre, ils me rouèrent de coups. Depuis ce jour je n'ai cessé de m'interroger".

En 1961, élève de Carl Rogers, il devient docteur en psychologie clinique. Durant les années 60 il développe sa démarche avec des militants des droits civils, luttant pour la non-ségrégation dans les écoles.

En 1966, il fonde le Centre pour la Communication NonViolente CNVC aux États Unis.

En 1984, il devient directeur pédagogique du CNVC, aux Etats Unis.

Depuis 35 ans, Marshall Rosenberg a formé des milliers de personnes à l'utilisation de la CNV, dans environ trente pays. Lui et ses collègues ont travaillé dans des prisons (avec les gardiens comme avec les détenus), des écoles, des services sociaux, des centres médicaux, des communautés religieuses et spirituelles et avec des dirigeants gouvernementaux.

1998 : traduction de son livre en français "Les mots sont des fenêtres"

En quoi consiste la Communication Non-Violente enseignée par Marshall Rosenberg ?

'J'ai été frappé par le rôle déterminant du langage et de l'usage que l'on fait des mots. J'ai donc mis au point un mode de communication, d'expression et d'écoute, qui nous permet d'être généreux et de trouver un contact vrai avec nous-mêmes comme avec autrui, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. C'est ce que j'appelle la "Communication Non Violente " . . . Car bien que nous puissions avoir l'impression que notre façon de parler n'a rien de violent, il arrive souvent que nos paroles soient source de souffrance pour autrui et pour nous-mêmes."

Le processus se déroule en quatre points. Il est centré sur l'observation des faits, l'identification des sentiments et des besoins de chacun, la formulation de demandes claires, précises et concrètes.

Ce processus s'applique à tous les champs de la vie quotidienne :

relations de couple

relations familiales

milieu scolaire

milieu professionnel

négociations diplomatiques et relations d'affaires

résolution de conflits.

L'objectif de la CNV est d'établir une relation qui favorise la satisfaction des besoins de chacun.

Sophie

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Message par Greenman Ven 13 Avr 2012 - 17:32

Merci Sophie, non ce ne fut pas long, j'ai tout lu Very Happy

D'accord avec tout, et je retiens plus particulièrement :

"Ce n'est pas tant que nous devions apprendre comment être avec compassion, mais plutôt il nous faut désapprendre ce que l'on nous a enseigné et revenir à la compassion".

==> très Krishnamurtien, ça... Very Happy
Oui, la violence est incluse dans nos conditionnements ancestraux.

et j'aime beaucoup aussi, c'est mon dada de base si possible :

".... une stratégie qui satisfait vos besoins aux dépends de quelqu'un d'autre ne satisfait pas tous vos besoins. Parce que chaque fois que vous vous comportez d'une façon qui blesse d'autres personnes vous finissez par vous faire mal à vous même."

==> très subtil et très vrai. Il est où mon jap's, là ? Ah, le voilà : Sage

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Message par Sony# Sam 14 Avr 2012 - 10:44

Merci beaucoup Sophie pour ce topic très intéressant  Very Happy Ce n'est pas grave que ce soit long puisqu'à mon sens il n'y a rien de superflu, si on s'intéresse à ce sujet tout est intéressant, la théorie, les exemples, les compléments, l'interview... Je vais essayer d'appliquer la CNV dans mon mode de communication, puisqu'il est vrai que dans certaines situations c'est bien les mots que j'ai pu employer face à l'autre qui me blessent bien plus que la situation en elle-même...
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Message par Marie Mer 25 Avr 2012 - 12:05

Up (pas eu le temps de tout lire) . sunny
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Message par Sophie Jeu 31 Mai 2012 - 8:16

Un petit complément concernant les besoins, je trouve ça important parce que souvent on associe le besoin à l'objet qui nous permettrait d'y répondre.

Extrait de la page Wikipedia sur la CNV :

Ils sont :
universels (communs à tous les êtres humains) ;
une énergie vitale qui nous mobilise pour agir dans le sens qui va nous faire croître ;
attachés :
- ni à une personne en particulier,
- ni à un objet,
- ni à une action ;
il y a 36 000 manières d'y répondre.


Note : de ces caractéristiques, il peut être déduit qu'« un besoin n’est jamais quelque chose que l’on peut faire, ni quelque chose que l’on peut prendre ou toucher. ». Ne pas confondre avec le fait que l'on peut justement identifier la satisfaction ou non de ses besoins par une sensation physique. Parmi ces sensations physiques, il peut y avoir le sens tactile.
Besoins physiologiques, bien-être physique ;
Sécurité ;
Empathie, compréhension ;
Créativité ;
Amour, intimité ;
Jouer ;
Repos, détente, récupération ;
Autonomie ;
Sens, spiritualité ;

Et un autre lien concernant un extrait de la liste des besoins identifiés en CNV :

http://acnv.typepad.fr/blog/2006/11/liste_quelques_.html

Je discutais avec une amie l'autre jour, qui est formée en CNV, est elle m'a aussi apporté deux infos importantes.

La première est que dans toute situation, choix, décision, même que nous n'avons pas bien accepté ou bien vécu, il y a des besoins en nous qui ont été satisfaits.
Aller en prendre conscience peut permettre aussi de "faire la paix" avec ces choix, c'est à dire que l'idée est de dire que quelle que soit l'erreur que nous ayons pu faire, ou que nous considérons comme telle, tout acte a répondu à certains besoins en nous.
Les identifier apporte de la compréhension de soi et aide à l'acceptation.

C'est à dire que si on a fait un choix que l'on a du mal à assumer pleinement, ou que l'on regrette, ou qui a provoqué une certaine situation qui ne nous convient pas finalement : ce choix a répondu à certains besoins, tout en en laissant d'autres insatisfaits.
Lorsque nous nous focalisons, même inconsciemment, sur les besoins qui n'ont pas été satisfaits, nous avons ce sentiment de "rejeter" notre propre choix, ou de ne pas être en paix avec.
On équilibre ce sentiment intérieurement en reconnectant avec les besoins qui, eux, ont été nourris dans ce choix.
Il ne s'agit pas de compensation ou de trouver une raison mentale d'accepter tel choix, mais simplement de rétablir la vérité complète de notre intériorité sur ce choix.
Il n'y a que la vérité qui libère pleinement.

La deuxième info c'est que la CNV identifie un certain nombre de besoins universels, communs à tous les êtres humains.
Lorsque l'on va à la "pêche" aux infos en soi, pour identifier ses besoins, parfois on remonte avec un truc qui se formule pas trop selon les besoins CNV. Mais ça n'a aucune importance, on le formule comme on peut, et en principe on peut relier cela à un besoin universel.

Exemple perso et concret, l'autre fois je fais ce travail d'aller chercher les besoins que j'avais satisfaits dans un certain choix passé qui ne me convenait pas totalement.
Et là je remonte avec un truc bizarre, le "besoin de conformité".
Je voyais bien que c'était un peu étrange comme formulation, mais bon, c'est la seule chose qui venait.
La personne qui m'aidait à faire le processus me dit alors : "est-ce que cela rejoint le besoin d'appartenance ?" (-> qui est un besoin universel identifié en CNV).
La réponse était oui, et physiquement c'était assez drôle d'ailleurs, quand j'avais formulé "besoin de conformité", cela vibrait dans le chakra de la gorge.
Quand elle m'a proposé "besoin d'appartenance", ça répondait positivement en moi mais venant de plus profond, au niveau du ventre et du plexus solaire.

Donc tout ça pour dire qu'il faut pas trop se prendre la tête quand on va chercher les infos, il vaut mieux remonter avec ce qu'on trouve, et ensuite ajuster et réfléchir, à partir de l'info qu'on a ramenée.
Plutôt que de chercher trop d'exactitude tout de suite, et du coup pouvoir éventuellement bloquer l'accès intérieur par une trop grande exigence, qui n'a pas beaucoup d'intéret, et qui n'est pas du tout dans l'optique de la démarche CNV d'ailleurs, qui elle est orientée sur la bienveillance et la respect de soi-même.

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Message par Marie Mar 25 Juin 2013 - 6:25

Je fais à nouveau remonter ce sujet et vous remercie encore de l'avoir développé.Very Happy
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Message par ananie Mar 25 Juin 2013 - 13:20

Oui effectivement, excellent sujet.

Ce qui rend la chose difficile à mon avis, c'est que la société actuelle nous formate à dénier ce que l'on ressent et nos besoins.

Et à partir du moment où cela n'est pas assumé, cela devient difficile de l'exprimer.

Même les milieux spirituels ne sont pas épargnés par cela. C'est même parfois pire qu'ailleurs dans certains cas.

Déjà pour accepter ses émotions : sous le prétexte d'une pseudo réalisation beaucoup de personnes dénient les émotions qui les habitent et du coup ne les expriment pas.

Ainsi sentir de la peine c'est pas bien, c'est ne pas être dans le détachement, sentir de la colère (qui n'est pas à confondre avec la violence) c'est mal aussi, c'est parce qu'on ne comprend pas les choses comme il faudrait...etc.

Bien sur, comme il y a souvent un malaise avec les notions de "bien" et "mal" ce n'est pas exprimé comme cela, mais je vois parfois des gens qui expriment leur colère ou leur peine à des personnes spirituelles, et qui se voient tout de suite jugées.

C'est un jugement déguisé, mais on leur fait bien comprendre que ce n'est pas cela qu'il faudrait qu'elles ressentent, et on leur cherche des solutions, au lieu de simplement reconnaître ce qui est, et de se mettre dans l'empathie avec la personne qui exprime ses émotions, sans donner de conseil ou se poser en donneur de leçons (alors qu'il n'y a eu aucune demande d'aide de formulée).

Bon allez ! Travaux pratiques de CNV :
Quand je vois des personnes qui expriment leurs émotions à quelqu'un, parce qu'elles en ont gros sur la patate, et que la personne en question cherche à tous prix à les conseiller pour qu'elles ressentent autre chose, cela m'agace et m'attriste pour la personne qui ne doit pas se sentir vraiment entendu et comprise.
J'aurai besoin que ces personnes apprennent plutôt à écouter et à se mettre dans l'empathie, au lieu de se poser en donneurs de leçons.

Cela dit, en même temps, je comprends que cela part d'une bonne intention. Mais ça n'empêche pas que ça m'agace, et je crois que j'ai raison d'être agacé par cela.
De plus, je sais aussi, pour avoir eu le même travers, qu'il y a toujours une forme d'orgueil et de prise de pouvoir dans le fait de chercher des solutions à quelqu'un qui ne nous a rien demandé et est juste en train d'exprimer ce qu'il ressent.

Je ne parle pas de moi, car maintenant je choisis bien les personnes à qui j'exprime mes émotions, et je ne le fais pas avec des personnes qui ne sont pas empathiques.
Je ne suis pas sur que ce soit juste de faire ainsi, mais pour l'instant c'est comme ça.
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Message par Sophie Mar 25 Juin 2013 - 20:21

J'aurai besoin que ces personnes apprennent plutôt à écouter et à se mettre dans l'empathie, au lieu de se poser en donneurs de leçons.

J'fais ma chieuse et ma maîtresse d'école Razz (aïe aïe pas taper sur ma tête bounce Wink
C'est pas un besoin exprimé en CNV ça Wink
Le besoin en CNV est pas associé à quelqu'un, ou quelque chose d'extérieur, il est universel et intérieur. 
Donc en CNV, tu peux pas "avoir besoin que quelqu'un fasse ceci ou cela", tu peux avoir besoin de quelque chose qui est universel (et qui desfois est pas facile à identifier, dans un cas comme ça en plus je sais pas trop quel besoin ça peut toucher, ça me vient pas spontanément - bon en plus je peux pas du tout le savoir à ta place de toute manière, seulement avoir des idées ou des intuitions possibles), et après voir comment ce besoin peut être nourri. Et d'ailleurs desfois on le nourrit soi-même le besoin en fait. 

Par exemple dans un cas comme ça, je me demande s'il pourrait pas y avoir un besoin d'expression, ou de justice ? ou les deux ? c'est juste une idée hein. 
Mais est-ce que le besoin ça peut être celui d'exprimer clairement que tu trouves pas ce comportement juste ? 
Ou bien le besoin de ne pas laisser faire quelque chose d'injuste et de nocif pour une personne qui avait besoin d'aide. (bon en trouvant le mot qui résume toute cette longue phrase en termes de besoin lol)

Peutêtre le besoin de dire à la personne : "non mais tu vois pas que tu fais de la merde là et qua ça blesse quelqu'un ??"

Jdis ça dans mes mots à moi hein... Wink
Puis je dis ça en suggérant des choses, parce qu'on est dans le sujet CNV et que t'as mis que tu faisais un exercice Very Happy, sinon je me permettrais vraiment pas de reprendre une de tes phrases comme ça en "décortiquant". 

Sinon pour ce qui me concerne, je ne parle aussi de moi et de mes émotions qu'à des gens dont je sais que je peux leur faire confiance au niveau de l'empathie et du respect. 
Sauf dans des cas particuliers comme l'expression d'une blessure vis à vis de quelqu'un à qui je sens que je dois vraiment l'exprimer, quelle que soit sa réaction en face. Pour être honnête et vraiment dire la vérité sur ce que la personne a pu me faire. Mais là je le fais pas dans une démarche d'être entendue forcément, je le fais parce que ça me semble juste, simplement. 
Donc j'ai pas du tout les mêmes demandes et besoins dans une situation comme ça que dans une situation de simple échange, amical, par exemple.

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Message par ananie Mar 25 Juin 2013 - 20:57

C'est un besoin d'empathie pour la personne.

Mais effectivement j'ai amalgamé le besoin et la demande sur ce coup là.

Et je n'ai pas parlé de moi.

Si je cherche du côté de mon besoin à moi dans cette situation, je dirais peut-être un besoin d'acceptation de la réalité du fait que beaucoup de gens ne savent pas faire preuve d'empathie (tout simplement aussi parce que personne ne leur a appris et n'en a fait preuve avec eux).

Cela dit parfois je pense que l'on peut un peu amalgamer besoin et demande.

Dans le couple par exemple : "J'aurai besoin de ceci ou cela de ta part". Et dans ce cas là le besoin peut être très personnel et pas universel.
Mais c'est un cas particulier car comme on vit sans cesse ensemble, il y a certaines choses qui sont indispensables pour les partenaires et qui varient d'une personne à l'autre.

Dans le couple il est à mon avis indispensable de savoir connaître et formuler les besoins qui sont indispensables pour soi.
Après l'autre n'est pas obligé d'y répondre mais dans ce cas là, la relation s'arrête (ce qui serait arrivé tôt ou tard si un besoin fondamental n'était pas entendu).

Après on peut décortiquer dans l'expression, pour bien coller à la CNV.

Genre CNV : "Là tu m'insultes, et je me sens blessé et méprisé quand tu fais cela. J'aurai besoin de respect ; et en ce sens j'aimerai que tu évites de m'insulter même lorsque tu es énervé" (j'ai bon ?).

Pas CNV (amalgame besoin et demande) : "J'aurai vraiment besoin que tu arrêtes de m'insulter parce que c'est blessant".
Bon c'est moins CNV, mais avec la CNV, je trouve qu'on perd en spontanéité si on l'utilise tout le temps.

Et puis quand la CNV ne marche pas (parce que ça arrive avec les personnes qui n'arrivent pas trop à être empathique et qui ramènent sans cesse tout à elles) il y a aussi :
"J'en ai vraiment raz le bol que tu m'insultes, je trouve ça méprisant et insultant !!".

Dans certaines circonstances c'est ça qui est le mieux entendu par certaines personnes.
Mais à mon sens il est important de toujours tester avec la douceur en premier lieu.

Je dis cela, parce que pour ma part j'ai eu beaucoup trop tendance, dans ma vie, à ne jamais m'énerver et à n'utiliser que la douceur.

Et il y a quelques années, je me suis rendu compte que certaines personnes avaient besoin de cela (certaines m'ont même dit que les fois où je m'étais fâché leur avait fait du bien).

Les maîtres spirituels qui sont pour moi plus un exemple de juste équilibre que les grands praticiens de la CNV, changent leur manière de parler selon les interlocuteurs qu'ils ont en face : parfois c'est de la CNV, parfois un ton plus ferme, parfois autre chose encore...

L'important aussi, quand on pratique la CNV, c'est de ne pas l'exiger des autres.
C'est notre responsabilité si on fait le choix de l'utiliser : on n'a pas à imposer notre choix aux autres.

En fait tout cela pour dire qu'à mon sens il n'y a pas de recette universelle.
Pour ma part, même si je vois l'utilité et la richesse de la CNV, je crois plus au travail intérieur : lorsque l'on est purifié au dedans, ce qui sort de nous sort de manière juste en fonction de la situation, de manière naturelle et spontanée.
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Message par Sophie Mar 25 Juin 2013 - 21:57

en fait pour moi, dans ma propre pratique, la CNV est un outil de travail intérieur bien plus qu'un outil de communication à appliquer à la lettre. 
Disons qu'en essayant de formuler les choses en CNV, je me rends souvent compte de pas mal de choses. Et après je formule les choses comme je les sens, et comme je les pense justes en étant dans une intention de parole impeccable, mais sans passer par toutes les étapes du processus CNV à chaque phrase. 

Par exemple cette histoire de besoin que l'on a tendance à reporter sur l'autre alors qu'en fait à l'autre ce que l'on peut faire c'est une demande en réalité -> dire "j'ai besoin de ça, peux-tu s'il te plait faire ou ne pas faire ça"

Je crois que les quatre étapes de la CNV sont aidantes pour avancer intérieurement (mais pas indispensables, on peut faire le même genre de travail de discernement sans la CNV, peu importe l'outil du moment qu'on arrive au meme résultat, de justesse, d'honnêteté, etc etc), parce que déjà elles aident à apprendre à ne pas tout mélanger, un sentiment n'est pas un besoin, un besoin n'est pas une demande etc. 

Et pour moi l'exemple du couple, si je suis super "carrée" par rapport à la manière dont moi j'appelle les choses, et aussi la CNV, pour moi ce dont tu parles c'est du fait que l'on a chacun des besoins dans une relation, et que l'on attend de l'autre qu'il respecte et même nourrisse ces besoins, sans quoi la relation s'arrête. 
Mais ce n'est pas un besoin que l'autre fasse ci ou ça, c'est une demande et une attente légitime que l'autre respecte et nourrisse tel besoin chez nous dans la relation. 

Si je suis pointilleuse là-dessus, c'est que j'ai expérimenté plusieurs fois que c'était très libérateur intérieurement de vraiment identifier un besoin comme universel et intérieur, attaché à personne et aucun objet extérieur. 
Et le fondateur de la CNV le définit comme ça aussi, et je crois que c'est vraiment pas pour rien, c'est important qu'un besoin ne soit pas attaché à quelqu'un ou quelque chose. 
Parce que ça veut dire que l'on est libre de le nourrir de plein de manières, et donc on n'est pas enchaîné au fait que telle ou telle personne précisément le nourrisse. 
(et donc pas enchaîné non plus à telle ou telle relation)

Bon après, de la manière dont tu le formules, je pense qu'on dit la même chose au fond parce que tu parles de relation qui peut s'arrêter si ces besoins ou attentes ne sont pas satisfaits, donc il y a bien l'idée de ne pas être enchaîné à telle personne. 


Genre CNV : "Là tu m'insultes, et je me sens blessé et méprisé quand tu fais cela. J'aurai besoin de respect ; et en ce sens j'aimerai que tu évites de m'insulter même lorsque tu es énervé" (j'ai bon ?).

Là j'avoue que je sais pas trop, en CNV on évite de parler de sentiments au sens passif, qui sous entendent donc un truc qu'a fait l'autre ; méprisé par exemple, c'est l'autre qui nous méprise, ça peut sous entendre un jugement sur lui, ou une position de victime - je dis pas que c'est ton cas, simplement dans certains cas par exemple quand on dit à quelqu'un "je me sens abandonné" -> ben ça induit qu'il nous abandonne. Ce qui peut être vrai, ou pas, dans son monde à lui. Ca peut aussi être une simple perception de notre part que du coup on lui colle dessus comme une vérité, en passant par l'évocation d'un sentiment. 

Mais je suis d'accord avec toi sur le fait que d'une part la CNV systématique rend les choses pas très spontanées et aussi que le travail intérieur fait que l'on s'exprime de manière de plus en plus juste même si on ne fait pas de CNV au sens littéral du terme, encore heureux d'ailleurs, la CNV étant un outil et une méthode parmi tant d'autres et non un passage obligé pour s'exprimer de manière juste. 

Et en fait je suis complètement d'accord avec cette formule qui dit cash dans certains cas "j'en ai ras le bol, je trouve ton attitude méprisante et insultante". Surtout quand quelqu'un n'entend rien quand on essaye de s'exprimer plus tranquillement. 
Mais là, si je "décortique" encore un peu -> ça ne fait pas appel à un sentiment. 
C'est un point de vue, quelque chose que l'on pense, on trouve que (on pense que), quelque chose est insultant ou méprisant. Et en fait à mon sens c'est beaucoup plus juste de dire carrément ça que de dire "je me sens méprisé". 

Parce que se sentir méprisé c'est pas un sentiment, c'est pas une émotion, il y a des émotions et des sentiments qui résultent du mépris, mais ils sont plus "simples" et plus centrés en soi : colère, tristesse, solitude, etc etc. 

Pour moi, la CNV ne dit pas que l'on n'a pas le droit de dire à quelqu'un "je trouve ton attitude insultante". Elle dit juste que "insulté", "jugé", "méprisé" ne sont pas des sentiments, des émotions. Ce sont des points de vue, qui peuvent être légitimes ou non mais qui doivent être exprimés en tant que tels (je trouve que, je pense que), et qui génèrent des sentiments et émotions qui eux sont intérieurs, plus simples et centrés sur soi. 
Comme la colère, ou la peur, ou la tristesse, ou autre. 

Pour ce qui me concerne, je n'utilise pas le processus CNV en constance, parce qu'en effet c'est fastidieux et un peu chiant, et aussi que parfois la douceur et le fait de rendre plus agréable un message envers quelqu'un n'a pas forcément lieu d'être, mais par contre je fais très attention à ces histoires de sentiments et de besoins. 
C'est à dire exprimer un jugement ou un point de vue pour ce qu'il est et non en l'appelant sentiment. 
Et aussi à exprimer une demande pour ce qu'elle est et non en l'appelant un besoin. 

Un bon indicateur qu'un besoin authentique, universel et détaché de tout objet ou personne a été touché, c'est que normalement le simple fait de toucher le besoin apporte de la paix. 
C'est ce que j'utilise pour ma part pour voir si j'ai bien identifié mon besoin. 
Et après je vois comme je peux le satisfaire. Ou pas. Mais le fait de l'avoir identifié m'aide déjà beaucoup. 

L'autre jour ça m'est arrivé sur un truc tout bête, je planifiais un trajet en voiture, et certaines choses ne dépendaient pas que de moi, j'étais inquiète et stressée, et je repassais dans mon esprit ce qui pouvait se passer, les différentes possibilités, en me disant "j'espère que telle personne fera cela ou pas cela", jusqu'à ce que je me demande quel était mon besoin. 
Et c'était un besoin de sécurité. 
Quand j'ai senti ce besoin en moi, je me suis sentie déjà apaisée, cela s'est détaché des personnes extérieures, et m'a recentrée, et après j'ai pu combler mon besoin de sécurité de différentes manières, en lâchant prise et en acceptant les différentes éventualités de comportement de ces personnes parce que pour certaines choses, je ne pouvais rien y faire, donc je ne pouvais que lâcher prise et voir ce qui se passerait.

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Message par Marie Mer 26 Juin 2013 - 5:15

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Un véritable besoin dans le sens CNV est in-jugeable puisqu'universel; formulé dans les règles de l'art, il devrait à mon sens rendre inopérante la culpabilité intérieure;  cela déjà c'est libérateur. Piste que je trouve également très intéressante.
Bonne journée les amis. sunny
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Message par ananie Mer 26 Juin 2013 - 12:09

Effectivement on ne devrait pas juger un besoin.

Mais la réalité est autre : les besoins de sécurité, ou d'Amour, ou d'autre chose sont souvent jugés.
Et les milieux spirituels n'échappent pas à cette règle.

Ce n'est pas le cas dans les enseignements traditionnels où les besoins sont respectés, mais il en est tout autrement dans la manière que tout un chacun a de voir la spiritualité.

Je pense qu'il est important de reconnaitre son besoin et son ressenti.

Mais à mon sens cela ne suffit pas pour sortir de la culpabilité.

Je sors là un peu du sujet sur la CNV, mais la culpabilité est selon moi une énergie d'agressivité positive, d'affirmation, qui n'a pas été acceptée et qui s'est retournée contre nous mêmes.

Si l'on n'accepte pas de ressentir en soi que quelqu'un a été méprisant à notre égard par exemple (après l'exprimer ou pas c'est une autre histoire, mais l'important est déjà d'accepter de le ressentir), alors que ce mépris était une réalité, cette force de discernement va se retourner contre nous est devenir de la culpabilité.

D'ailleurs les gens qui ont beaucoup de culpabilité sont toujours des personnes qui refoulent énormément leur force d'affirmation (que j'appelle aussi agressivité positive) : soit ce sont des gens qui ont une grande capacité de contrôle et qui sont toujours effacés et assez soumis, soit ils ont moins de capacité de contrôle et se retiennent pendant un certain temps jusqu'à exploser tout d'un coup, allant même jusqu'à devenir violents (parce que l'agressivité positive qui a été beaucoup refoulée et qui sort tout d'un coup sort souvent sous forme de violence).
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Message par Hirloe Jeu 27 Juin 2013 - 7:33

Est-ce que la communication "non violente" ne présente pas des inconvénients elle aussi ? La vie doit-elle être exempte de violence ? L'est-elle naturellement ? Un accouchement n'est-il pas violent ? Loin de moi de vouloir prôner la violence, mais je trouve qu'à trop vouloir aseptiser les interactions de la vie, finalement on rentre dans une stratégie d'évitement. D'autant qu'en général, il me semble que cette forme de communication est davantage motivée par une blessure narcissique que par une pure volonté altruiste... Etre blessé, blesser l'autre, participent également à l'évolution d'un être. Je connais déjà l'avis général puisque défini dans la charte mais ne pensez-vous pas que la "toute communication non-violente" puisse avoir des effets pervers elle aussi ?
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Message par ananie Jeu 27 Juin 2013 - 8:22

Je pense aussi que la communication non violente utilisée à outrance peut avoir effectivement des effets pervers, comme je l'ai expliqué dans mes posts précédents il me semble.

Mais je ne suis pas sur que l'on entende les choses de la même manière.

Je me demande s'il n'y a pas là cette idée reçue dont j'ai parlé plus haut, qu'en spiritualité on ne doit pas être blessé si on est évolué, ou qu'un maître spirituel est insensible et ne ressent aucun émotion humaine comme la peine ou la tristesse.

Idée qui incite au refoulement plus qu'autre chose à mon sens.
C'est pourquoi je pense que c'est justement là qu'il y a une stratégie d'évitement par rapport à ses propres émotions, ses besoins et ses blessures (qui sont bien plus difficiles à accepter que n'importe quoi d'autre).

Effectivement le fait d'être blessé peut être transformé en possibilité d'évolution, mais ce n'est pas la blessure en elle même qui fait évoluer mais ce qu'on en fait.

Sinon toutes les blessures seraient source d'évolution, mais on voit bien que pour la plupart des gens les blessures sont souvent source d'involution.
Et si c'était le cas les maîtres spirituels seraient blessants alors qu'ils font tout pour ne pas l'être la plupart du temps.

J'ajouterai qu'avec cette idée on n'est pas loin des dérives souvent critiquées (à juste titre) de certains chrétiens qui croyaient que c'était uniquement par la souffrance que l'on avançait.

A mon sens la vie comporte suffisamment de souffrance pour que j'ai besoin d'en rajouter.

Cela dit il m'arrive parfois de décider d'être agressif (mais pas violent) dans mon expression lorsque je juge cela nécessaire. Cela m'arrive rarement, mais lorsque je le fais c'est murement réfléchis et très souvent bénéfique.

Quand je le fais c'est pour exprimer avec sincérité ce que je ressens, mais pas forcément dans le but de faire évoluer l'autre parce que je ne suis pas un maître spirituel, je suis juste un humain sensible en cheminement (mais quand c'est sincère et motivé par un besoin fondamental, cela fait évoluer l'autre).
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Message par ananie Jeu 27 Juin 2013 - 9:54

La communication non violente se veut non violente mais pas non agressive.

Si l'on ressent de la colère, la CNV implique que l'on emploie un ton qui exprime cette colère (mais pas de la violence qui vise à détruire ou à contrôler l'autre), sinon il n'y a pas de sincérité.

J'ajouterai aussi qu'à mon avis l'expression d'une juste colère peut-être utile face à quelqu'un qui nuit aux autres, emportés par ses émotions (qu'il n'accepte pas et ne reconnait pas) et qui n'est plus capable de se mettre des limites.

Mais lorsque quelqu'un est dans l'expression d'une blessure sans chercher à nuire à autrui, c'est surtout d'empathie et de compassion dont il a besoin.

Et tout cela se fait à mon avis assez naturellement si l'on est simplement dans l'acceptation de ce que l'on ressent, et pas dans la recherche de se conformer à une image idéal de "ce que l'on devrait ressentir".

A mon sens c'est avant tout cela que vise la CNV : la sincérité en reconnaissant et en exprimant nos besoins et ressentis (ce qui est une chose extrêmement rare dans ce monde).
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Message par Sophie Jeu 27 Juin 2013 - 9:58

Pour moi la CNV, comme n'importe quel outil ou technique, présente des inconvénients quand ça devient une religion, tout simplement.

Donc à mon sens cette remarque s'applique à tout les pratiques un peu codifiées, toutes les méthodes définies qui présentent un processus, une sorte de "moule" ou de "cadre" pour analyser les choses et pour agir (CNV, PNL, et j'en passe, je connais pas toutes les méthodes du genre mais bon, vous voyez ce que je veux dire).

Je me répète et j'insiste lourdement, mais à mon sens c'est vraiment essentiel : la CNV est un outil.

Dont l'intention de fond, émane de la prise de conscience que beaucoup de nos rapports et modes de communication sont violents, et je crois que l'apport très important de Rosenberg en ce domaine, (et il rejoint Salomé, ou d'autres gens comme ça, il n'est pas le seul à dire ça mais c'est important de le répéter et répéter encore), est que la violence n'est pas que dans l'agressivité justement.
Que parfois, souvent, toujours même : une manipulation subtile sur un ton doux, est plus violente qu'une colère assumée, exprimée honnêtement, et bien dirigée.

Il est vraiment intéressant de lire le début, la présentation de son livre : Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs.

Et je crois qu'il est vraiment important de ne pas réduire la CNV à l'outil un peu clé en main et un peu "scolaire" qu'elle propose pour s'exprimer.
Parce que la pensée et l'intention qui sous-tend la création de cette méthode de communication, est profonde et juste à mon sens.

Et à mon sens, par rapport à ce que tu dis Hirloe, ben justement, Rosenberg et la CNV ne vont pas du tout dans le sens de lisser les choses ou la vie, ou de réduire des événements traumatiques, ou bouleversants, ou autre (en positif comme en négatif) à des jolis mots gentils.
Pas du tout.
J'ai posté dans un ancien message plus haut l'interview sur le travail de Rosenberg avec des femmes violées.
Cela explique très bien sa manière de travailler, et y'a aucune notion de bisounours là-dedans.
Aucune notion de ménager tout le monde, et de lisser les relations, bien au contraire.

Pour moi l'intention de la CNV (et c'est pour cela qu'elle n'est pas la seule technique qui permet ça, parce que son intention rejoint l'intention de toute personne qui veut être juste, honnête, et avoir des relations saines) c'est que ce qui est dit soit surtout vrai.

Et si parfois le filtre de la technique est utile, particulièrement quand on a pas trop bossé sur soi, ou que l'on transige un peu facilement dans certaines situations avec notre mental, nos réactions émotionnelles pas bien gérées etc, c'est parce que ce filtre oblige, par une contrainte et une discipline, à vraiment réfléchir et écouter en soi si ce que l'on va dire est juste, ou bien si l'on a tendance à mélanger plein de trucs, genre jugements, ressentis, émotions, besoins, demandes, etc.
Et si l'on a tendance à mélanger les responsabilités de soi et de l'autre.
etc.

Donc pour moi ce que tu dis Hirloe, ne correspond pas à ce qu'est la CNV en réalité.

Après, que certaines personnes utilisent mal l'outil, pour en faire une stratégie d'évitement, ben... c'est possible. Mais à mon sens, si elles font ça, en fait elles ne font pas de CNV en réalité parce qu'elles n'en appliquent pas l'intention de fond mais seulement la technique de manière superficielle.



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Message par Sophie Jeu 27 Juin 2013 - 9:59

A mon sens c'est avant tout cela que vise la CNV : la sincérité en reconnaissant et en exprimant nos besoins et ressentis (ce qui est une chose extrêmement rare dans ce monde).

Oui voilà, on a posté en même temps Very Happy c'est ce que je développais dans mon post.

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Message par Sophie Jeu 27 Juin 2013 - 10:08

J'en rajoute une petite couche Laughing parce que j'ai à coeur vraiment que cette pratique ne soit pas réduite à un espèce de bête exercice scolaire qui ne servirait qu'à lisser le monde.

Exemple d'une chose que permet la CNV, dans la distinction des sentiments passifs ou plus profonds.
L'exemple du "je me sens abandonné", qui en CNV n'est pas un sentiment en fait.

On peut passer des années, à bloquer sur un truc comme ça, à dire que l'on se sent abandonné, et ne pas avancer du tout, parce que si cela se teinte d'un peu de victimisation même subtile, ça fait que même la manière dont on exprime ce qu'on ressent rejette la faute sur quelqu'un.

Et je parle d'un exemple très concret et précis, que je connais bien, justement pour montrer le processus.
J'ai pas avancé tant que je me suis "sentie abandonnée" par une personne proche de mon entourage.
J'ai commencé à avancer le jour où j'ai compris que je me sentais pas abandonnée, mais seule, triste, et un certain nombre d'autres choses, qui étaient la conséquence de certains actes de cette personne, que moi je vois comme un abandon, que je définis comme un abandon.
Mais l'abandon n'est qu'un mot, et en fait ça n'a pas d'importance au final, parce que ce que j'ai eu à guérir du coup, c'était des émotions beaucoup plus simples, profondes, et détachées de l'autre : sentir la solitude, sentir la tristesse, sentir la colère, sentir la peur, etc etc.

L'abandon, c'est le mot collé sur certains actes de la personne en question, cela permet de comprendre des choses, quand on pose un mot comme ça, c'est évident, mais si on s'arrête là et qu'on en fait un sentiment, là je crois qu'on n'avance plus, même si on croit avancer.

Idem pour le rejet par exemple.
On ne se "sent" pas rejeté, on est rejeté, ou pas. Et avec en plus la nuance et le discernement de savoir reconnaître du véritable rejet (venant de l'autre, clairement), ou bien quelque chose que l'on vit comme un rejet (projection de soi sur l'autre).
Et de cela découle des sentiments, des émotions -> par exemple le fait de se sentir nul ou mauvais, de ne plus avoir d'estime de soi, etc etc.


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Message par Sophie Jeu 27 Juin 2013 - 10:16

L'abandon, le rejet, le mépris, etc etc... ce ne sont pas des sentiments, ce sont des faits, des actes, qui peuvent être démontrés, explicités.
On peut en principe lorsque l'on est vraiment dans le discernement expliquer pourquoi quelque chose est un rejet, le rejet ça a une définition, et on peut relier des actes concrets à cette définition.

Et je pense d'ailleurs que ce genre de travail est très important dans un processus de guérison.

Si je vais beaucoup plus loin, pour reprendre l'exemple des femmes violées, une femme violée ne dira pas qu'elle se "sent violée" !! Ca serait totalement faux, ça serait dénier ce qu'a fait l'autre d'une part, dénier ses vrais sentiments d'autre part, et elle ne peut pas avancer avec ça.
Mon exemple est caricatural, et évidemment que dans le cas d'actes concrets, personne ne va dire ça "je me sens violé" alors qu'on l'a été physiquement.

Mais pour moi, c'est la même chose avec les blessures et les attaques morales et émotionnelles.
C'est lorsque l'on reconnait des faits, pour ce qu'ils sont, en étant bien clair dans ce que l'on met dedans, en pouvant l'affirmer et le dire clairement, que l'on exprime aussi les vraies émotions dessous.
Une femme violée ne se "sent pas violée", elle l'a été, mais par contre elle peut se sentir beaucoup de choses : sale, triste, en colère, malheureuse, moins qu'une merde, avoir honte, en morceaux, etc etc etc.

Et ce n'est qu'en contactant ces vrais sentiments qui ont été générés par l'acte lui-même qui porte un nom clair : le viol, qu'elle pourra guérir.

Il en est de même pour les blessures morales comme je disais à mon sens.
Il faut passer par la case "ceci est un abandon", "ceci est un rejet" parfois pour accéder aux émotions en dessous et pour comprendre ce qui s'est passé avec une personne par exemple, mais si l'on en reste là en en faisant un sentiment, alors on se réduit soi-même, et finalement on exprime des choses en rapport à l'autre uniquement, alors qu'en nous il y a beaucoup plus qui a besoin de se dire.

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Message par ananie Jeu 27 Juin 2013 - 11:16

Sophie a écrit:L'abandon, le rejet, le mépris, etc etc... ce ne sont pas des sentiments, ce sont des faits, des actes, qui peuvent être démontrés, explicités.
On peut en principe lorsque l'on est vraiment dans le discernement expliquer pourquoi quelque chose est un rejet, le rejet ça a une définition, et on peut relier des actes concrets à cette définition.

Et je pense d'ailleurs que ce genre de travail est très important dans un processus de guérison.
(...)
Il faut passer par la case "ceci est un abandon", "ceci est un rejet" parfois pour accéder aux émotions en dessous et pour comprendre ce qui s'est passé avec une personne par exemple, mais si l'on en reste là en en faisant un sentiment, alors on se réduit soi-même, et finalement on exprime des choses en rapport à l'autre uniquement, alors qu'en nous il y a beaucoup plus qui a besoin de se dire.
Merci.
C'est une précision très importante il me semble.
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Message par Sophie Jeu 27 Juin 2013 - 11:52

Ca me donne envie de créer différents posts d'ailleurs sur ce que c'est qu'un abandon, un rejet, etc etc.
Parce que justement, ce sont des choses que l'on ne définit jamais précisément, et qu'on prend un peu en bloc, sans regarder aussi les conséquences concrètes, et émotionnelles que ça peut avoir.
Par exemple un rejet, c'est repousser quelque chose ou quelqu'un loin de soi, c'est un acte agressif, une attaque, et c'est lié au fait de penser ou ressentir que ce quelque chose ou ce quelqu'un est mauvais pour soi.
Comme on rejette de la nourriture pas bonne.

-> Corollaire : quand on est rejeté, on peut par exemple penser plus ou moins consciemment que l'on est mauvais ou nocif pour les autres.
A voir aussi les émotions que ça peut toucher, de manière asez "universelle" mais aussi selon les gens et leur vécu.

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Message par Marie Mer 10 Juil 2013 - 14:38

Sifflote 2 bouquins intéressants à ce sujet (la CNV), pour ceux qui ont la carte F.Loisi. et qui ne savent pas trop quoi prendre :Razz  :

- Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) Marshall B. ROSENBERG(le même que celui que tu présentes au début Sophie) Very Happy 

- Cessez d'être gentil soyez vrai! Thomas d'ASENBOURG
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