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Qu'est-ce qu'un Guru?

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Message par Cobra-de-jade Mer 13 Fév 2013 - 14:57

Un "homme de poids" (mais il peut peser cinquante kilos), le papa qu'on aurait aimé avoir,
le chef à qui on laisse le soin de tout décider, le coach spirituel, le manipulateur de foules extasiées, l'illusionniste qui fait surgir des lotus de ses mains, le même type qui, rencontré à Champagnac-la-Prune plutôt qu'à Bénarès, ne vous ferait aucun effet, le faux modeste qui refuse avec énergie d'être pris pour un guru et devient du coup un super guru ?

Ou bien un guru, dites-moi, serait-ce tout bonnement vous, toi, vous-même, toi-même, tel que tu ne te vois pas encore dans ton propre coeur, si bien que tu vas faire quinze mille kilomètres, pauvre de toi, pour aller demander à un barbu enturbanné ou un porteur de trident hirsute comment tu t'appelles et si tu es bien celui que tu cherches?

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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 15:26

Il a écrit ça pour un contexte sociétal matérialiste et décadent.

Et, purée, si on soupèse bien ce qu'il dit ici, c'est pas tendre du tout pour le monde matérialiste. Faut voir tout ce que ça implique.

Car bien entendu, il savait parfaitement ce qu'est un Guru.
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Message par rirrou Mer 13 Fév 2013 - 15:31

Cobra-de-jade a écrit:Un "homme de poids" (mais il peut peser cinquante kilos), le papa qu'on aurait aimé avoir,
le chef à qui on laisse le soin de tout décider, le coach spirituel, le manipulateur de foules extasiées, l'illusionniste qui fait surgir des lotus de ses mains, le même type qui, rencontré à Champagnac-la-Prune plutôt qu'à Bénarès, ne vous ferait aucun effet, le faux modeste qui refuse avec énergie d'être pris pour un guru et devient du coup un super guru ?

Ou bien un guru, dites-moi, serait-ce tout bonnement vous, toi, vous-même, toi-même, tel que tu ne te vois pas encore dans ton propre coeur, si bien que tu vas faire quinze mille kilomètres, pauvre de toi, pour aller demander à un barbu enturbanné ou un porteur de trident hirsute comment tu t'appelles et si tu es bien celui que tu cherches?

Pierre Feuga

merci cobra... où se situe le problème? chez le barbu enturbanné ou un porteur de trident hirsute, le faux modeste qui refuse avec énergie d'être pris pour un guru et devient du coup un super guru ? en qui je crois qu'il détient ma libération (Pierre Feuga compris) ? ou en moi? sunny
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Message par Cobra-de-jade Mer 13 Fév 2013 - 16:07

Greenman a écrit:Il a écrit ça pour un contexte sociétal matérialiste et décadent.

Et, purée, si on soupèse bien ce qu'il dit ici, c'est pas tendre du tout pour le monde matérialiste. Faut voir tout ce que ça implique.

Bien entendu ! Very Happy C'est précisément parce que nous sommes dans ce contexte jusqu'au cou, à la fois en quête de reconnaissance parentale à cause de l'immaturité générale mais aussi dans l'accumulation matérialiste que ce texte colle on ne peut mieux au contexte actuel !
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Message par Cobra-de-jade Mer 13 Fév 2013 - 16:09

rirrou a écrit:merci cobra... où se situe le problème? chez le barbu enturbanné ou un porteur de trident hirsute, le faux modeste qui refuse avec énergie d'être pris pour un guru et devient du coup un super guru ? en qui je crois qu'il détient ma libération (Pierre Feuga compris) ? ou en moi? sunny

Le texte répond clairement à toutes ces questions... Fleur
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Message par rirrou Mer 13 Fév 2013 - 16:16

Cobra-de-jade a écrit:Le texte répond clairement à toutes ces questions... Fleur

ah bon...? Very Happy sunny
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Message par synthésis Mer 13 Fév 2013 - 16:19

Cobra-de-jade a écrit:Un "homme de poids" (mais il peut peser cinquante kilos), le papa qu'on aurait aimé avoir,
le chef à qui on laisse le soin de tout décider, le coach spirituel, le manipulateur de foules extasiées, l'illusionniste qui fait surgir des lotus de ses mains, le même type qui, rencontré à Champagnac-la-Prune plutôt qu'à Bénarès, ne vous ferait aucun effet, le faux modeste qui refuse avec énergie d'être pris pour un guru et devient du coup un super guru ?

Ou bien un guru, dites-moi, serait-ce tout bonnement vous, toi, vous-même, toi-même, tel que tu ne te vois pas encore dans ton propre coeur, si bien que tu vas faire quinze mille kilomètres, pauvre de toi, pour aller demander à un barbu enturbanné ou un porteur de trident hirsute comment tu t'appelles et si tu es bien celui que tu cherches?

Pierre Feuga

Voilà les petites citations que j'aime! Bière

D'ailleurs, je pose des questions bien précises sur la réalisation relative ou absolue, l'Amour relatif ou absolu, la connaissance relative ou absolue, mais... aucune réponse, le vide, le néant. Serait-ce un signe de réalisation...?

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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 16:42

C'est ce que j'avais précisé dans mon post ci-dessus, ces citations ont un public. Very Happy
Je vais refaire un post pour expliquer ce que je pense du texte.


Dernière édition par Greenman le Mer 13 Fév 2013 - 18:21, édité 1 fois
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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 17:56

Interprétation du texte de Pierre Feuga, d'après moi (pour éviter les fausses interprétations rationalistes anti-Sages) :

Pierre Feuga ne parle pas du tout ici des Gurus, bien entendu, il n'en dit pas un mot, pas un seul mot, il parle de comment et pourquoi les gens dans nos sociétés déclinantes et matérialistes vont vers un maitre. Comme nous tous, ou presque. Et ils le font suivant les travers mentaux et psychologiques d'un monde matérialiste qui considère la femme, le conjoint, comme un objet interchangeable, jetable, l'enfant comme un objet qu'on n'élève pas spirituellement (donc, dont la souffrance future n'inquiète guère), la famille comme un truc qu'on peut bousiller (avec les éléments humains qu'elle contient), le père et la mère comme des fournisseurs de biens matériels, la société comme un bien qu'on peut détruire suivant des caprices après en avoir sucé les bienfaits, la civilisation comme une chose abstraite arrivée par hasard qu'on peut détruire, le conjoint comme une chose qu'on choisit suivant la taille du porte monnaie ou la beauté extérieure, l'amour comme une simple activité neuronale et sexuelle, le miséreux comme quelqu'un qui ne vaut pas nos petits plaisirs, l'animal et le végétal comme des objets de plaisir à la disposition de l'homme, la vie comme un hasard matériel, le spirituel comme un turbinage du mental, etc etc .
On trimbale tous ça, à différents niveaux.

Paramétrés par toutes ces aberrations matérialistes, on ira donc le plus souvent vers un Guru :

- en croyant pouvoir le juger d'après un mental intellectuel ignorant,
- en croyant qu'il n'est qu'un corps physique
- en croyant qu'il est séparé de nous
- en croyant qu'il est une autorité qui va enseigner une doctrine avec de la parlote
- en croyant qu'il ne s'agit pas de notre être intérieur lui-même
- en croyant que le Divin ne puisse être là
- en y voyant un père de substitution pour compenser une immaturité né d'un monde fou,
- en le choisissant suivant son niveau intellectuel ou son savoir, suivant son apparence physique, suivant le fait qu'il est forcément très loin et jamais ici dans le petit, suivant la parlote et le mental, suivant des résistances égotiques absurdes, suivant des préjugés folkloriques, etc
- en y voyant un être matériel comme le reste, sans voir l'Amour et la Connaissance suprême, et sans recevoir la Grâce, sans voir l'infini du 1 qui irradie, là, dans le secret, et qui pourrait nous éveiller par résonance énergétique de conscience, (et non en nous rajoutant matériellement quelque chose).

Donc, se déplacer vers un Guru de cette façon est absurde, c'est chercher encore un objet matériel extérieur pour en jouir et en dépendre, c'est chercher encore quelque chose qu'on croit pouvoir limiter et juger avec beaucoup d'aveuglement (comme on le fait tous dans la vie en société), je suis comme ça aussi, alors qu'en réalité :

le véritable Guru n'apparait au contraire que quand on demande l'immatériel, Dieu, et le Saint apparait alors (dans n'importe quelle condition), mais l'essentiel ne sera pas le corps physique, mais la résonance spirituelle silencieuse qui s'opèrera entre le Saint et l'entourage, élevant l'état de conscience de cet entourage, jusqu'au but spirituel pour les plus sincères. Tout ce qui sera jugement mental, évaluation, turbinage débile du mental, résistance égotique, considération du corps physique et qu'il s'agit là uniquement d'un corps et autres âneries, n'apparaitra pas, car la rencontre Guru-Entourage n'est pas un fait matériel, il n'y aura rien dehors, à l'extérieur.

En gros, on doit s'intérioriser et se désintoxiquer, se déconditionner du matériel et de la pensée (l'intellectualisme et le turbinage incessant du mental est un fait totalement matérialiste, ça en est même la base) et ensuite, la rencontre avec le guru, Sage ou Saint, sera efficiente et profonde.
(pour ça qu'on aime tant Krishnamurti en occident, parce qu'on sait très bien au fond de nous qu'on a besoin de se déconditionner la cafetière, perso, je l'ai lu pour les mêmes raisons).

Donc, Feuga démonte ici tout ce qui souille l'élan vers un Guru, par matérialisme, et ne parle pas du tout du Guru, parce qu'il sait très bien que lorsqu'on sera déconditionné, la rencontre spirituelle authentique s'effectuera naturellement, sans qu'il ne soit aucunement nécessaire de débattre ni de ce qu'est un Guru ni de la rencontre en elle-même.
Une fois qu'on a dégagé le chemin de ses absurdités, et que tout est clair, propre, il n'y a pas besoin de parler et de décrire la Lumière véritable, Elle vient naturellement et en liberté totale, et on en jouit, simplement.

Hello


Dernière édition par Greenman le Jeu 14 Fév 2013 - 2:26, édité 2 fois
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Message par Cobra-de-jade Mer 13 Fév 2013 - 18:28

Tout ce que tu dis est juste Greenou et cela fait effectivement partie du message de Pierre Feuga, mais pour moi celui-ci va encore plus loin....

Selon moi, son but est de nous amener à cesser de chosifier le maître, c'est-à-dire d'arrêter de prétendre qu'il est plus agissant, meilleur, plus beau, plus puissant sous une forme plutôt que sous une autre, dans telle circonstance plutôt que dans telle autre.

Et finalement, nous faire comprendre qu'il n'y a ni accompagnement ni solitude, qu'il n'y a NI maître NI absence de maître. (dur dur ça pour le mental ! Very Happy )

Le Divin a mille et un langages comme il a mille et un visages et selon chaque situation, il prend la forme la plus adaptée, la seule qu'il pourraît prendre ici et maintenant.

Comment donc peut-on oser prétendre qu'une forme aurait plus de valeur qu'une autre? Ce sont des enfantillages immatures d'une part et de l'intellectualisme de surface d'autre part... et plus grâve, c'est aussi renier les ressources infinies de la créativité divine.

En somme, c'est une compulsion de contrôle qui montre à quel point la plupart de ceux qui se prétendent sur un chemin spirituel sont frileux et ont constamment besoin de chosifier le divin comme un enfant s'accroche à son doudou ou à son train électrique.

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Message par synthésis Mer 13 Fév 2013 - 18:40

Question


Dernière édition par synthésis le Mer 13 Fév 2013 - 22:25, édité 2 fois

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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 20:16

Cobra de jade écrit :

"Selon moi, son but est de nous amener à cesser de chosifier le maître"

==> C'est ce que je disais. c'est le matérialisme qui fait ça.


Tu dis aussi :

"Et finalement, nous faire comprendre qu'il n'y a ni accompagnement ni solitude, qu'il n'y a NI maître NI absence de maître. (dur dur ça pour le mental !")

==> oui, ce qui se passe est indicible avec les mots, et pour pouvoir communiquer à ce sujet, on va chercher les mots maitre et disciple, ce qui donne une fausse idée de la chose, où on s'imagine que c'est un lien de personnalités, ce qui serait absurde.
il y a résonance spirituelle en fait, et tout le monde a déjà tout, mais on a besoin d'une résonance (par ce biais ou un autre) pour le réaliser, c'est tout.

une remarque :
Le niveau où le maitre n'existe pas et où rien ne se passe, c'est aussi le même niveau où nos individualités n'existent pas, donc le fait de dire que "le maitre n'existe pas" pour conforter son ego personnel n'est pas possible, à moins d'accepter de nier sa propre personnalité aussi. (je ne dis pas que c'est ce que tu dis, attention, je parle en général).


Tu écris :
"Comment donc peut-on oser prétendre qu'une forme aurait plus de valeur qu'une autre?"

==> seul un matérialiste le dirait, toujours en appliquant les règles qu'il a vu en société, comme il le ferait avec son conjoint, etc. En réalité, il ne s'agit pas de valeur (car tout étant 1, ça ne voudrait rien dire), mais un état libéré peut "résonner" en nous et nous libérer des illusions, par résonance.
(ce qui libère mais ne rajoute matériellement rien, comme disait Ramana).

non, on était d'accord, c'est bien ce que je disais aussi.
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Message par Cobra-de-jade Mer 13 Fév 2013 - 20:50

Toutafée Greenouille Smile ... nous sommes entièrement d'accord. Simplement, nous mettons l'accent sur une facette différente du diamant qu'est le maître (intérieur ET extérieur).

Après tout, ces différents points de vues se complètent à merveille et on ne pourrait que diminuer la valeur inestimable du maître spirituel si on ne faisait la lumière que sur une seule de ses facettes nan?

Il faudrait encore bien d'autres éclairages que les nôtres pour avoir une vue encore plus... panoramiquement brillante !! sunny

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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 22:36

Oui, bien d'accord, Serpent kundalinien. Very Happy

à ce propos, je voulais rajouter un truc, qui me parait bien important , car j'ai pas eu le temps tout à l'heure :

Alors, ça pourrait être une critique de Feuga, je ne sais pas, mais en fait non, pas du tout, c'est une critique que le post de départ ici est bien trop court pour appréhender tout ce qui se passe en réalité :

Ainsi, même en étant un matérialiste, il n'est jamais mauvais d'aller voir un Sage, même à l'autre bout de la planète, et ceci même si on est un criminel, pourvu que ce Sage soit authentique bien sûr, et éveillé. Car cette rencontre a toujours un impact considérable et infini, même si on ne le voit pas du tout extérieurement, car les choses sont subtiles et mises en graine pour le futur, même pour une vie ultérieure.

Car la Grâce de Dieu, qui transite à travers le Saint, le Guru, ne se définit pas du tout en fonction de nos ptites analyses théoriques et psychologiques étriquées, qui constatent mesquinement que celui ci est comme ci ou comme ça, immature ou attaché au physique, etc, donc la Grâce de Dieu étant gratuite ou définie par rapport à quelque chose qui nous échappe, ne peut pas être encadrée par une théorie et des jugements psy minusculaires par rapport au Divin.
On connait certaines règles qui favorisent la Grâce, d'accord, mais ça s'arrête là.

Il y a foule de gens ayant des défauts titanesques qui ont été voir des éveillés, et bien, ils ont reçu ce qu'il y avait à recevoir, car le divin n'attend pas après nos ptites opinions, qui ne sont, il faut bien le dire, jamais opportunes car nous ne connaissons pas les gens du tout, ni leur karma passé, qui peut être prodigieux alors même que leur vie actuelle ne paye pas de mine.
Rendons nous compte, bien pire que des "gens immatures cherchant papa" comme le suggère Feuga, il y avait chez Ma Anandamayi, des gens pratiquant le système des castes à l'intérieur de l'ashram, et avec férocité ! (c'est pas de la rigolade, les castes, n'est ce pas, le banni est out). Arnaud Desjardins a dormi a l'hôtel à cause de ça.
Ramana Maharshi avait dans son entourage quelqu'un qui prétendait le commander Shocked , Ramana a du changer d'ashram et fonder Ramanashramam.
Tous ces gens apparemment inaptes ont reçu quelque chose d'essentiel, c'est évident, car on ne va jamais auprès d'un Saint pour rien, ce n'est jamais un hasard. C'est l'enseignement oriental, ça ne vient pas de moi..

La meilleure histoire à ce sujet que je connaisse, véridique, savoureuse, est celle-ci :

Ramakrishna, un grand saint de l'Inde qui vivait au 19èm siècle, avait dans son ashram, un homme athée et grossier qui venait de l'extérieur tous les jours à l'ashram insulter les moines et méditants, et Dieu.
Il arrivait saoul, hurlait et insultait Dieu et Ramakrishna, il donnait des coups de pieds aux gens qui méditaient à terre, il y a eu des bagarres !
Tout le monde demandait à Ramakrishna d'expulser définitivement cet homme très grossier qui hurlait et insultait Dieu toute la journée dans un monastère, rendez vous compte !
Ramakrishna à chaque fois, répondait calmement aux gens : "lâchez prise"

ce manège a duré très longtemps, Ramakrishna répondait à chaque fois aux méditants et moines qui se plaignaient et voulaient expulser l'homme : "lâchez prise"

Un jour finalement, cet homme saoul, athée, très violent et vulgaire, avait réussi à s'approcher de Ramakrishna en lui donnant un solide coup de poing sur la figure !
L'homme fut stoppé par les moines mais ne fut toujours pas expulsé, à la demande de Ramakrishna.
Et, qu'arriva t il ? Les moines, Vivekananda en tête, constatèrent tous que le coup de poing avait permis à l'homme violent de recevoir la Grâce, l'homme étant en samadhi, en méditation permanente, presque réalisé.
Les moines, jaloux et pour certains furieux, sont allés trouver Ramakrishna pour lui dire :

- "nous méditons beaucoup, travaillons ardemment, nous avons tout laissé tomber, famille, travail, etc pour venir vivre auprès de toi, et nous n'avons pas reçu la Grâce. et cet homme grossier, saoul, athée, qui t'a frappé durement, tu lui as accordé la transmission. nous ne comprenons plus. Pourquoi ?"

Réponse de Ramakrishna, toujours calme :

- "je vous avais dit de lâcher prise....."


Et voilà, on ne sait jamais. Alors, Feuga a raison d'expliquer et de favoriser une attitude authentique, dépourvue des conditionnements matérialistes, ok, bien sur, il vaut mieux ça, mais ce n'est pas pour autant qu'il est inutile d'aller voir un Sage, bien au contraire ! Que la Foi ne faiblisse pas et tout est possible et non jugeable par le mental.

bonne soirée.
Hello


Dernière édition par Greenman le Jeu 14 Fév 2013 - 2:20, édité 1 fois
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Message par Greenman Mer 13 Fév 2013 - 23:10

Et il y a d'autres exemples de ça :

Le Christ qui dit qu'il vient pour les pécheurs et non pour les justes, et quand la prostituée qui s'arrache à la foule pour toucher un pan du vêtement du Christ, elle y arrive, le Christ se retourne et lui fait : "Va, et retourne dans ta famille maintenant car ta foi t'a sauvé."

Voilà, et c'était une prostituée, soit-disant... Et oui...
jugement des hommes : 0, Grâce de Dieu : 1.

et si Jésus apparait subitement au Japon, est ce qu'on va conseiller aux gens de ne pas y aller, parce que c'est loin d'ici, parce qu'on a des défauts et qu'on a mis une chaussette de travers, et parce qu'on peut faire sans le Christ vu que Dieu est à l'intérieur ?
c'est absurde, bien sûr qu'il faudrait y aller, si on en a envie ! mais ne pas y aller est possible aussi.

il faut mieux se débarrasser de nos défauts et être authentique dans notre démarche, comme dit Feuga, c'est très vrai, mais c'est en théorie, et ça n'invalide aucun acte pratique d'aucun homme vis à vis d'un Sage authentique.
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Message par Cobra-de-jade Sam 16 Fév 2013 - 18:45

Greenman a écrit:
Ainsi, même en étant un matérialiste, il n'est jamais mauvais d'aller voir un Sage, même à l'autre bout de la planète, et ceci même si on est un criminel, pourvu que ce Sage soit authentique bien sûr, et éveillé. Car cette rencontre a toujours un impact considérable et infini, même si on ne le voit pas du tout extérieurement, car les choses sont subtiles et mises en graine pour le futur, même pour une vie ultérieure..
Quand le fruit est mûr, il tombe de l'arbre... jamais avant ni après, mais bien au moment exact où il arrive à maturité. L'impact de l'aura d'un sage réalisé sur celle d'une personne allant à sa rencontre n'échappe pas à ce rythme de croissance spirituelle.

En fait, qu'un humain soit physiquement en présence d'un sage réalisé ne change strictement rien du tout. Ce n'est pas parce qu'extérieurement toutes les conditions sont réunies pour l'oeil charnel, qu'intérieurement les choses se passent dans la même direction.
Il peut très bien ne RIEN se passer pour certaines personnes car le terrain de leur intériorité n'est pas apte à recevoir la grâce lors de cette rencontre... tout simplement.
Alors que pour d'autres, une seule rencontre qui pourrait n'avoir duré qu'une seule minute en terme de mesure terrestre suffira à éclairer leur chemin et cela, d'une manière radicale et définitive.

C'est pourquoi je dis qu'il est important de pourfendre toute vue matérialiste, aussi subtile soit-elle, concernant la rencontre de l'âme individuelle (Jîva) avec le Guru (l'Atman dévoilé).

La ruse divine est redoutable et celle-ci se joue des apparences du monde manifesté (matériel et subtil).

Greenman a écrit:
Feuga a raison d'expliquer et de favoriser une attitude authentique, dépourvue des conditionnements matérialistes, ok, bien sur, il vaut mieux ça, mais ce n'est pas pour autant qu'il est inutile d'aller voir un Sage, bien au contraire ! Que la Foi ne faiblisse pas et tout est possible et non jugeable par le mental.
Si on comprend bien Feuga, celui-ci ne nie en rien l'utilité d'aller voir un sage réalisé en chair et en os... sa critique cible surtout l'importance, parfois largement excessive (idolâtrique), que le mental peut placer dans la rencontre physique avec un Guru réalisé.

Autrement dit, il s'agit avant tout d'une critique de la localisation de la grâce au détriment de son omniprésence permanente.

La forme que peut prendre la grâce dans la manifestation n'a aucune importance, la forme anthropomorphe du Divin peut être incontournable pour certains, alors que celle-ci ne conviendra pas à d'autres... pour certains chercheurs, ce sera une montagne, une rencontre amoureuse, une grande catastrophe, un moment de joie intense à l'écoute d'une musique... peu importe car tout cela n'est qu'apparence et chaque chercheur rencontrera l'apparence qui lui convient le mieux à lui pour recevoir cette grâce.

Je pense que pour mieux comprendre cette idée, il faudrait lire ce texte sur le Guru avec celui de l'initiation que j'ai posté au même moment car dans celui-là, Feuga va dans le même sens que l'explication que je viens de donner.

Je le reposte ici :

"Qu'est-ce que l'initiation? Une carte de visite, un truc pour s'épater soi-même, pour s'imaginer supérieur au pashu d'en face (qui a plus d'argent et une plus jolie femme),

prendre une assurance-vie pour l'au-delà en se sentant rattaché à une "lignée" en béton, se transmettre des breloques et des mots de passe transcendants, tutoyer Pythagore et le vieux de la Montagne,

être le seul à savoir quelle année, quel mois, quel jour et quelle seconde ce foutu merdier de kali-yuga prendra fin,

ou bien l'initiation, cela pourrait-il être cet oiseau qui se pose sur mon balcon et me fixe en tournant doucement la tête, ce chat qui vient déranger mes inutiles papiers, ce voleur qui me dépouille, ce pot de fleur tombé du sixième étage et qui m'a manqué de peu, cette averse qui s'arrête au moment où je m'afflige d'avoir perdu mon parapluie?"

Greenman a écrit:Et il y a d'autres exemples de ça :
Le Christ qui dit qu'il vient pour les pécheurs et non pour les justes, et quand la prostituée qui s'arrache à la foule pour toucher un pan du vêtement du Christ, elle y arrive, le Christ se retourne et lui fait : "Va, et retourne dans ta famille maintenant car ta foi t'a sauvé."
Voilà, et c'était une prostituée, soit-disant... Et oui...
jugement des hommes : 0, Grâce de Dieu : 1..
Il ne faut pas oublier que les évangiles sont rédigés selon de nombreux niveaux de lecture... et dans ce contexte "multidimensionnel", toucher la robe du christ, ça ne veut pas forcément dire "toucher le vêtement du Jésus historique"... à un certain niveau, c'est aussi toucher le "vêtement de lumière" du corps de gloire du Christ universel, et ce dernier n'a pas besoin d'un corps humain fait de chair et de sang pour se manifester.

Ceci n'exclu nullement la rencontre physique bien entendu, mais ça ne la place certainement pas au centre. La rencontre charnelle est loin d'être une condition indispensable pour toucher le corps christique qui rempli tout l'univers.

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Message par tijani Sam 16 Fév 2013 - 19:51

Tout dépend de quel mouvement il sagit , de l'homme au divin et là; la rencontre physique est une condition sinéquanone...la recherche est sujette au cheminement , et il n'y a rien d'immature ou infantile ...seule la voie de la prophétie permet d'aller au divin tout seul ....enfin ; c'est mon intime conviction ..et ca ne veut pas dire qu'un cheminant autodidacte chemine pour rien , libre a lui de chercher une voie non exploré dans le désert , et de délaisser celle connue par des milliers d'autres ...juste une question de bon sens ...

par contre , quand c'est le divin qui vient vers l'homme , on appelle ça la GRACE , alors elle pourra se manifester par n'importe quelle tranche du destin de vie a n'importe qui .
elle pourra se manifester via un maître alors qu'elle se fiche du maître , par un livre alors qu'elle se fiche du livre , par une conversion alors qu'elle se fiche du chemin pris ...etc
cela peut aller d'un simple moment de béatitude , ou de compréhension profonde , ou de transformation temporaire ou permanente ; passant par les degrés de sainteté ,arrivant jusqu' aux missions de prophétie ....

mais la grâce ne dispense pas du cheminement ; meme les prophètes ont connu un cheminement qui leur est plus ou moins secret jusqu’à 40 ans , age de prise officielle de leur fonction ...l'ange Gabriel ( archétype angélique ) fut leur maitre initiateur commun ....ce qui n’empêcha pas à beaucoup d'entre eux de le dépasser




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Message par Cobra-de-jade Sam 16 Fév 2013 - 20:12

tijani a écrit:Tout dépend de quel mouvement il sagit , de l'homme au divin et là; la rencontre physique est une condition sinéquanone...la recherche est sujette au cheminement , et il n'y a rien d'immature ou infantile ...seule la voie de la prophétie permet d'aller au divin tout seul ....enfin ; c'est mon intime conviction ..et ca ne veut pas dire qu'un cheminant autodidacte chemine pour rien , libre a lui de chercher une voie non exploré dans le désert , et de délaisser celle connue par des milliers d'autres ...juste une question de bon sens ...

Comme tu le dit, il s'agit là de ton intime conviction et je ne la pratage pas car je la trouve trop limitée, trop réductrice des infinies possiblités de la créativité divine... créativité que l'humain a souvent tendance à ramener aux limites de ses propres conceptions.

tijani a écrit:par contre , quand c'est le divin qui vient vers l'homme , on appelle ça la GRACE , alors elle pourra se manifester par n'importe quelle tranche du destin de vie a n'importe qui .
elle pourra se manifester via un maître alors qu'elle se fiche du maître , par un livre alors qu'elle se fiche du livre , par une conversion alors qu'elle se fiche du chemin pris ...etc
cela peut aller d'un simple moment de béatitude , ou de compréhension profonde , ou de transformation temporaire ou permanente ; passant par les degrés de sainteté ,arrivant jusqu' aux missions de prophétie.
mais la grâce ne dispense pas du cheminement ; meme les prophètes ont connu un cheminement qui leur est plus ou moins secret jusqu’à 40 ans , age de prise officielle de leur fonction ...l'ange Gabriel ( archétype angélique ) fut leur maitre initiateur commun ....ce qui n’empêcha pas à beaucoup d'entre eux de le dépasser ...

Là par contre, je suis d'accord à 100% avec toi ... I love you





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Message par Cobra-de-jade Sam 16 Fév 2013 - 20:22

En fait, Tijani, tu sépares deux aspects d'un seul et même mouvement.
Selon moi, il n'existe pas un mouvement où l'homme va vers le divin et un autre ou le divin vient vers l'homme.

Si l'homme chemine vers le divin, cela veut tout simplement dire que le divin est déjà descendu vers lui.
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Message par tijani Sam 16 Fév 2013 - 20:36

non ; aimer dieu ne vaut pas d’être aimé par dieu le 1er est désireux ; le 2eme est désiré ....

coran " dites nous sommes musulmans et non croyants; car la foi n'est pas encore entrée dans vos coeurs "

mais encore une fois c'est l'ego des 1ers qui pensent qu'ils sont désirés ...
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Message par Cobra-de-jade Sam 16 Fév 2013 - 21:00

Il n'y a nul amour sincère envers Dieu qui ne soit en même temps amour de Dieu vers celui qui l'aime.
Tout élan profond en direction de Dieu est déjà un élan de Dieu vers l'âme qui le cherche...




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Message par tijani Sam 16 Fév 2013 - 22:05

permet LUI au moins d'agréer l'élan en question ,si c'est pas trop demandé , a t"entendre on dirait qu' il suffit juste de le déclarer son, amour et c'est chose faite...

tout le monde a un élan même les tyrans dans leur tyrannie ...celui qui se fait exploser et qui pense que son acte est un élan vers dieu ...ou le banquier voyoux qui signe un chaque pour les victimes d'un séisme ...
la particule divine en nous n'est pas une garantie de retour à dieu ....la réalisation c'est la manifestation de cette particule a nous ; et libre a dieu de ne pas faire aboutir a cette réalisation ; de sorte que cette vie ne sera qu'un non moment , un inexistence et une mort éternelle , ou une non naissance ...
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Message par Cobra-de-jade Sam 16 Fév 2013 - 22:38

tijani a écrit: permet LUI au moins d'agréer l'élan en question ,si c'est pas trop demandé , a t"entendre on dirait qu' il suffit juste de le déclarer son, amour et c'est chose faite...
Mais je LUI permet TOUT puisque pour moi, il n'y a nul autre acteur que LUI...
Je ne lui pose aucune limite, aucune contrainte, aucun circuit préétabli... relis bien attentivement ce que j'ai écrit.

Tu sembles ne pas comprendre mon propos qui est le suivant : l'élan sincère vers le Divin n'est rien d'autre qu'une action du Divin envers nous.
C'est uniquement le mental qui sépare le mouvement de Dieu vers l'homme et celui de l'homme vers Dieu alors que les deux sont une même chose. Cet élan n'empêche pas le cheminement, l'effort et la pratique assidue (ou non) car cela aussi fait partie intégrante de l'action divine.

tijani a écrit: tout le monde a un élan même les tyrans dans leur tyrannie ...celui qui se fait exploser et qui pense que son acte est un élan vers dieu ...ou le banquier voyoux qui signe un chaque pour les victimes d'un séisme ...
Oui et alors? QUI es-tu pour juger de la sincérité de l'élan de ceux que tu appelles les tyrans?... même si il y a un détournement satanique et nafsique dans leur âme, tu ne peux pas juger de l'élan en lui-même. En effet, seul un être entièrement réalisé n'est que pur élan et seul cet élan totalement transparent garanti le retour total à Dieu.

tijani a écrit: la particule divine en nous n'est pas une garantie de retour à dieu ....la réalisation c'est la manifestation de cette particule a nous ; et libre a dieu de ne pas faire aboutir a cette réalisation ; de sorte que cette vie ne sera qu'un non moment , un inexistence et une mort éternelle , ou une non naissance
"particule"... qu'entends-tu exactement par là?
Sinon oui bien sûr, Dieu fait ce qu'IL veut car RIEN ne se fait sans lui ! Wink


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Message par Joha Ven 1 Mar 2013 - 1:28

Toute science est fondée sur l’observation et l’étude. S’étudier soi-même, c’est se voir lucidement tel que l’on est. Pour me voir, pour savoir comment est fait mon visage, j’ai besoin d’un miroir ou tout au moins de mon reflet dans l’eau. Ce rôle de miroir, c’est le maître qui le remplit. Bien sûr je peux aussi me regarder dans la glace après m’être entièrement refait le visage avec un maquillage. A ce moment-là, je ne me verrai pas tel que je suis et il est toujours possible - pendant longtemps on ne s’en prive pas - de tricher avec un maître et avec un enseignement. L'oeuvre du maître est alors de réfléchir la tricherie pour ce qu’elle est un mensonge. Ce n’est pas ce que dit un guru qui est important. C’est ce qu’il montre ou, plus exactement, ce qu’il met en mesure de voir. Lorsqu’il parle, il utilise simplement le langage pour montrer quand un aspect de nous-mêmes a été vu - complètement, et non partiellement, vu - il est connu, une page est tournée, un élément de l’ignorance s’est dissipé et a été remplacé par un élément de connaissance. Jamais rien ne se passe entre un maître et un disciple qui soit statique, immobile, qui ne soit pas dans le mouvement, la progression, le chemin.

Toute la vie spirituelle des hindous, des Tibétains, des soufis commence avec la recherche et la découverte du maître. D’innombrables récits insistent sur les difficultés et les épreuves traversées par un disciple, les sommes d’énergie ou d’argent qu’il a dépensées pour trouver son guru et trouver sa place auprès de celui ci. Il est vrai qu’il serait théoriquement possible de faire tout le chemin sans maître, à condition d’avoir un courage, une lucidité et une détermination sans faille et d’aller toujours du moins réel au plus réel. Le guru est partout car le moindre élément de la manifestation est une expression, donc un témoin de la vérité. Chaque homme est lui même un témoin de la vérité. Nous avons seulement à prendre conscience d’une réalité qui est là et dont nous ne sommes qu’une forme particulière. Du simple fait que nous soyons, nous pouvons donc faire tout le chemin et si ce n’était pas, au moins théoriquement, possible sans maître cela voudrait dire que ce n’est pas du tout possible, que ce n’est possible en aucun cas. Mais, dans la pratique, la règle veut que celui qui cherche à s’éveiller se mette en quête de l’homme déjà « réalisé » qui puisse le guider. Comme un guide est, en principe, nécessaire pour effectuer une course en montagne. Si cette course n’était pas possible sans guide - et ce fut le cas de toutes les « premières » - elle ne le serait pas non plus avec lui. Quelle que soit la compétence du guide, c’est bien chaque alpiniste qui accomplit lui même sa propre ascension, qui se trouve à Chamonix lors du départ et au sommet du Dru à l’arrivée. La voie est l’entreprise la plus personnelle qui soit, nous y sommes toujours seul et nul autre ne peut y faire un pas à notre place. Le guru nous aide à faire face aux difficultés mais ne croyez pas que celles-ci disparaissent en sa présence ; au contraire, il les active comme on souffle sur un feu pour l’attiser. Il faut donc être fermement décidé à faire la course soi-même et ensuite, mais ensuite seulement, lorsque cette détermination qui nous engage tout entier a été prise, avoir recours à l’expérience d’un guide compétent. Lisez les journaux chaque été les accidents en haute montagne arrivent aux alpinistes partis tout seuls.

Mais il est vrai que tout ce qui est efficace d’une façon positive peut l’être aussi d’une façon négative. Il n’y a pas un exercice, il n’y a pas un principe des différentes traditions qui ne puissent être utilisés pour le contraire exactement de ce à quoi ils sont destinés. Les religions, dont l’essence même est d’éveiller, sont très souvent devenues une cause de sommeil (un « opium »). Des milliers de gens ont utilisé la relation du disciple au guru pour se maintenir soigneusement dans le dualisme et dans la dépendance. Or le chemin de l’indépendance ou de la non-dépendance absolue, c’est d’abord de dépendre de soi au lieu de dépendre d’un autre.

Ce problème primordial de la dépendance se pose avec une acuité particulière pour les Occidentaux actuels et pour tous les hommes produits par la civilisation contemporaine et la destruction de l’ordre traditionnel. Il existe aujourd’hui, en presque tous les adultes, un enfant qui est toujours là - comme si dans un papillon il restait un petit morceau de chenille non transformé en papillon - et qui réclame toujours son père et sa mère. Cette recherche désespérée ne subsiste que dans l’inconscient et ne se manifeste que sous des formes voilées, donc mensongères, faisant d’une bonne partie de l’existence une caricature douloureuse. À la limite, les psychanalystes ont affirmé que toute la religion n’était que la projection de cette appartenance au père et à la mère et que la Divinité, dans toutes les religions, a toujours été considérée soit comme Père, soit comme Mère. De la même façon aujourd’hui, des milliers de faux adultes perdus s’attachent et se cramponnent à leur guru comme aux jupes de leur mère ou à l'autorité protectrice de leur père, avec une attitude infantile qui n’a rien à voir avec la joyeuse liberté des petits enfants donnée en exemple par le Christ. Et non seulement ces pseudo-disciples ne cherchent pas cette non-dépendance mais ils la refusent de toute leur force et ils refusent - inconsciemment mais formellement - de concevoir leur existence autrement qu’en termes de dépendance. C’est un des aspects de la sadhana que de mettre en lumière et dissiper cette décision inconsciente de ne vivre que par autrui ou par une organisation (société, association, mouvement, entreprise, parti) à laquelle on se sent lié. A certains moments de la sadhana où le mental cède la place à un niveau de vérité beaucoup plus profond, le disciple peut découvrir en lui ce refus immense et total de l’indépendance qui eût fait l’homme ou la femme véritables et ce désir désespéré de ne vivre qu’avec sa petite main d’enfant dans la grande main d’un vrai adulte, responsable pour lui. S’il est un vrai adulte, un prototype idéal du Père ou de la Mère, c’est bien le guru, le sage, que celui-ci soit un homme ou une femme, car il réunit toujours en lui les deux natures masculine et féminine parfaitement harmonisées.

Le risque d’infantilisme chez les fidèles des religions en général et chez les disciples d’un maître en particulier est important et grave en ce qui concerne la société moderne. Il l’était beaucoup moins dans l’Inde traditionnelle. D’abord parce que la réalité suprême, le brahman, n’est ni masculine ni féminine mais neutre, ni père ni mère, mais « toi-même» et que c’est ce brahman des Upanishads ou le shunyata des bouddhistes mahayanistes qui constituait le but des ascètes et des yogis. Les débordements dualistes dévotionnels et mystiques du vaïshnavisme (vishnouïsme) ne sont qu’une branche secondaire, non le tronc central de l’hindouisme. Mais surtout parce que le jeune hindou, dès sa naissance, était élevé d’une façon qui n’a rien à voir avec les habitudes actuelles et qui le mettait à même de grandir, d’évoluer, de passer sans réticences d’un âge à un autre. Cette éducation s’est conservée tant bien que mal jusqu’à aujourd’hui dans certains milieux de plus en plus restreints où il m’a été donné de l’observer. L’ancienne organisation de la société a été abondamment décrite comme une série de cadres ou de carcans opprimants qu’il faut briser pour s’émanciper. Mais ce qu’elle donnait, en fait, c’est la liberté intérieure. Outre le père et la mère, la famille élargie dans laquelle l’enfant naissait et faisait ses premiers pas, comprenait les aïeux, les oncles, les tantes, les cousins, image du vaste monde auquel l’enfant s’habituait peu à peu. Je ne peux entrer ici dans tous les détails mais je peux affirmer que tout était conçu pour éviter au bébé puis à l’enfant les traumatismes, les frustrations, les difficultés d’adaptation qui sont la source des névroses futures... La relation du tout petit avec sa mère, déchargée de toute autre tâche ou responsabilité que de s’occuper de lui, puis l'entrée en jeu du père, le détachement progressif de l’une et de l’autre, tout était prévu pour permettre au petit enfant de s’adapter sans heurts au monde extérieur. Une mère hindoue sait que, pour donner le sein à un nouveau bébé, il faut parfois prendre d’abord le jeune aîné sur un genou avant de faire sa place au nourrisson.

L’influence de la mère sur l’enfant, donc sur le futur adulte, commence dès la grossesse. Tout trouble qui affecte la femme enceinte affecte aussi, et pour tout l’avenir, le bébé qu’elle porte en elle-même. Dans la tradition hindoue, la future mère est protégée de toutes les contrariétés et considérée comme sacrée. Au contraire, en Occident aujourd’hui, les femmes enceintes se dispersent en toutes sortes d’activités et de préoccupations et ont souvent l’anxiété de voir leur mari se détacher plus ou moins d’elles. Le dernier vestige de l’ancien respect dû à la mère et, à travers la mère, à l’enfant et à l’homme en puissance, semble être l’idée que les envies (de fraises ou autres) doivent être satisfaites. Cette même vénération pour la mère se poursuit après la naissance. Pour s’occuper parfaitement de l’enfant, la mère efface son ego. Mais elle est reconnue et respectée à la mesure de la grandeur de son service. Dans la graine qu’il sème, le jardinier voit toujours la plante et la fleur. Dans le germe que la mère porte en son sein, dans le bébé, dans le petit enfant qui joue ou qui pleure, l’Oriental fidèle à sa tradition voit toujours l’homme accompli. Puis, vers l’âge de sept ans, l’enfant est conduit au gurukoul, c’est-à-dire mis en pension auprès d’un précepteur ou guru et non pas élevé par ses parents. Autrefois, pour subvenir aux besoins de l’institution, les enfants allaient même, comme des moines bouddhistes, mendier la nourriture dans les maisons de la ville voisine. Mais ils ne devaient jamais frapper à la porte de leur propre famille ou de familles apparentées. Le guru est en mesure d’avoir vis-à-vis des enfants une attitude objective, exempte des réactions émotionnelles d’un père ou d’une mère en face de son propre enfant. Le guru voit comment est l’enfant, un point c’est tout, et ce qui lui est nécessaire. On est loin de la projection des névroses des parents sur les enfants qui est la plus grave maladie du monde actuel. Le maître ne réagit pas, il agit et chaque action est la réponse nécessaire à la situation du moment. Au gurukoul, l’enfant apprend avant tout à comprendre, à grandir, à être plus qu’à avoir, à être lui-même. On lui enseigne moins le quoi et le comment que le pourquoi de ses actions. Et il acquiert peu à peu une maturité d’être humain normal.

Le petit enfant est le type même de l’égoïste, il ne peut que prendre et ne peut rien donner. Il est normal et légitime pour lui que le monde entier - c’est-à-dire d’abord maman et papa - tourne autour de lui. « Moi seulement », toujours « oui », et rien que «prendre ». La croissance normale de l’être humain, son accès à la maturité est le passage du « rien que moi » à « les autres et moi » et de « prendre » à « donner » et la pleine réconciliation avec le fait qu’on rencontre aussi souvent en face de soi le « non » que le «oui ». C’est la norme, l’ordre naturel. À partir de là seulement commence la voie qui transcende la norme et conduit au supranormal. Alors que l’Oriental éprouve spontanément: « Je suis son fils, je suis son époux, je suis son père », c’est-à-dire se conçoit en fonction de l’autre, l’Occidental ressent: « C’est ma mère, c’est ma femme, c’est mon fils», c’est-à-dire perçoit l’autre en fonction de lui. Le plus heureux est celui qui accepte toujours son prochain tel qu’il est puisque c’est à celui-ci qu’il s’intéresse et non celui qui est toujours déçu parce qu’on ne s’intéresse pas assez à lui. De même, il y a une différence radicale entre « C’est mon maître » et « Je suis son disciple ». Or, combien d’hommes et de femmes qui sont demeurés, malgré les années, des enfants frustrés vont vers « leur » guru avec cette attitude possessive et jalouse qui conditionne leur dépendance : moi, moi aussi, moi d’abord, moi et pas toi, pourquoi pas moi ? Pourtant eux aussi aspirent à la libération et à la perfection mais avec l’attitude de l’enfant en face de son père ou de sa mère et non une attitude d’élève.

Cette impossibilité généralisée de devenir pleinement adulte, donc qualifié pour les disciplines extraordinaires d’une voie quelle qu’elle soit, se manifeste particulièrement dans la sexualité. Malgré la destruction des contraintes et la liberté sexuelle, la presque totalité de nos contemporains sont plus ou moins insatisfaits sexuellement donc plus ou moins esclaves du sexe. On est libre d’un désir dans la mesure où il a été comblé. Et on est libre de tout désir qui a été une fois, une seule, parfaitement assouvi. Mais cela n’arrive jamais dans le contexte actuel car l’homme ou la femme n’est jamais totalement dans l’acte qu’il accomplit, sans référence au passé, en adulte véritable. Comme tout le reste, la sexualité est devenue infantile et elle se situe bien plus dans le mental et l’inconscient que dans les organes génitaux. Ni le nombre de maîtresses ou d’amants, ni le nombre d’actes sexuels dans l’année n’y changent rien. D’ailleurs, si la majorité des contemporains était satisfaite sexuellement comme elle l’est, par exemple, pour la nourriture en Occident, la publicité érotique et les films sexy ne toucheraient personne. Est-ce que je vais au cinéma pour regarder des gens tremper des croissants dans du café au lait ? Et pourtant je l’ai fait. Sous l’Occupation, lors des restrictions,je suis retourné revoir deux fois un des films de Pagnol de la trilogie de Marius, je ne sais plus lequel, parce qu'on y mangeait des croissants. Et pour l’adolescent qui n’avait pas « de parents à la campagne » et qui n’avait que ses 350 grammes de pain de J3, c’était bouleversant. Chaque fois la salle faisait : « Ah » lorsque les croissants, si oubliés, venus de la nuit des temps, apparaissaient sur l’écran. Est-ce que vous imaginez aujourd’hui un scénariste proposant une histoire dont le morceau de bravoure serait des gens en train de manger ?

Et voilà pourquoi on va de plus en plus au cinéma pour voir des cuisses ou des seins et entendre soupirer ou haleter. Voilà pourquoi on regarde certaines affiches de montres, d’eau minérale ou de slips pour hommes. Où est la liberté sexuelle, c’est-à-dire la liberté d’avoir ou non une activité sexuelle ? La liberté n’est pas de multiplier les expériences sexuelles mais de pouvoir les arrêter sans le moindre sentiment de sacrifice, de frustration et de renoncement déchirant, comme vous vous êtes arrêtés de jouer à la poupée ou de faire du patin à roulettes qui ont tant compté pour vous quand vous aviez cinq ou dix ans.

Aujourd’hui, la plupart des hommes et des femmes demandent à la sexualité ce qu’elle ne peut pas donner. Si toutes les autres fonctions sont viciées, la sexualité ne peut pas toutes les remplacer, ni compenser tous les manques affectifs et tous les fardeaux du mental. « Ne faire qu’un avec la partenaire », « s’oublier dans l’amour », la sexualité est la compensation la plus importante a la cristallisation de l’égoïsme. Mais une réaction, faite d’ignorance, n’est pas une action faite de compréhension. Et je ne parle pas des formes plus ou moins aberrantes de la sexualité pathologique. Même si elle est refoulée, cette tendance permanente à rechercher l’union sexuelle joue son rôle dans l’attraction des disciples féminins vers le guru et l’homosexualité larvée n’est pas absente de l’intérêt que lui portent les disciples masculins. C’est dire la clairvoyance, la maîtrise et la liberté intérieure qui sont requises d’un maître pour remplir sa fonction. Seul est un guru - la règle est formelle - celui dont tous les problèmes personnels, sans exception, ont été entièrement résolus. Et, en voyant venir vers lui des enfants cherchant la dépendance et la protection, le maître va d’abord en faire des élèves, des enfants qui ont grandi. Car, aujourd’hui, la clientèle des grands ashrams hindous ne sort presque jamais des gurukouls. Quant aux Européens, ils sont les fruits malheureux d’une éducation et d’une instruction qui les ont mieux préparés à la révolte ou à la soumission qu’à l’indépendance. Krishnamurti, dont l’audience est grande, autant en Inde qu’en Europe et en Amérique, a inlassablement condamné les gurus et les dévots qui les entourent dans les ashrams. Mais cette condamnation, aussi fondée soit-elle souvent, ne résout pas le problème et les auditoires des conférences de Krishnamurti lui-même comprenaient d’innombrables admirateurs qui s’installaient dans la dépendance de ses paroles «Krishnaji a dit que... » Dans la mesure où ils s’efforcent de mettre ses instructions en pratique, ils ont fait de lui leur guru. Disciple signifie tout simplement élève et guru veut dire instructeur. Des milliers de personnes sur tous les continents ont fait de Krishnamurti leur maître, même si celui-ci ne les acceptait pas comme ses disciples. Le simple fait de dire qu’aucun guru n’est nécessaire, c’est déjà guider, orienter, indiquer, c’est déjà jouer le rôle d’un guru.

Il est parfaitement exact que les ashrams hindous sont pleins d’hommes et de femmes qui ont pour le sage une vénération et un amour sans bornes mais qui, au bout de vingt ans d’adoration du sage en question, n’ont pas changé ils sont toujours soumis aux goûts et aux dégoûts, les deux fondements de l’ego. Tant qu’il y a cette dépendance, aussi petite soit-elle,vis-à-vis du guru, il y a le désir et il y a la peur désir que le guru s’occupe de plus en plus de vous et peur qu’il cesse de s’occuper de vous ou s’intéresse plus à quelqu’un d’autre, avec leurs corollaires de vanité et de frustration. Oui, il est vrai qu’à l’heure actuelle, les ashrams hindous sont remplis d’Indiens et d'Européens qui y viennent pour le contraire de ce à quoi ils sont destinés, c’est-à-dire pour chercher de toutes leurs forces la dépendance vis-à-vis du sage, vis-à-vis d’une réalité qui est extérieure à eux.

Un véritable maître ne cesse de préparer le disciple à l'indépendance, donc d’abord à trouver sa dépendance en lui-même. Le guru fait tout pour détacher le disciple de lui, dans la mesure qui est possible au disciple. Au départ de la voie, le disciple n’est pas capable de vivre hors de la dépendance, c’est-à-dire de trouver en lui sa certitude, en lui sa joie, en lui la cause ou la source de ses propres actions et de ne plus être mû par l’extérieur, par l’attraction et la répulsion. Toute la vie de l’être humain qui n’a pas résolu le problème de la dualité est fondée sur la dépendance, donc sur l’importance des relations qui le mettent en cause dans un contexte d’attachement. L’homme doit conquérir sa liberté, cesser d’être perpétuellement « le jouet des émotions », de ce qu’il considère comme bon et qui le rend heureux et de ce qu’il considère comme mauvais et qui le rend malheureux. Puisque nous n’avons pas en nous notre assise, le problème de la relation avec le monde extérieur devient vital. Il est faussé dès le départ parce que le père et la mère du petit bébé ne sont pas libres eux non plus. L’enfant commence à être déformé et peu à peu - plus ou moins selon les cas - toutes les relations qu’il établit avec les autres hommes et les autres femmes, soumis comme lui à cette dépendance, à cet esclavage du « j’aime » et du « je n’aime pas », sont des relations fausses.

Or il est un être qui échappe à ce jeu du « j’aime » et « je n’aime pas », qui est libéré de tout désir, de toute crainte et de tout jugement subjectif, c’est le sage, le guru. Par conséquent peut se développer entre le disciple et le maître une forme de relation absolument nouvelle, pour la première fois une relation juste. Si un des deux partenaires est encore dans le mensonge, l’illusion, l’esclavage, la séparation, le jeu des réactions aux événements extérieurs, l’autre n’y est plus. Du fait que ce partenaire a toujours une attitude neutre, objective, parfaite, une relation enfin juste s’établit, grâce à laquelle le disciple découvre peu à peu ce qui a été l’essence de toutes ses relations. Il réalise que, jusque-là, il n’a jamais vraiment vu les autres mais quelqu’un qu’il portait enfoui dans son souvenir, emmenait partout avec lui et retrouvait inconsciemment dans tous ceux et celles qu’il rencontrait un père qui avait été très bon avec lui et qu’il avait perdu quand il était tout jeune ou, au contraire, un père distant et autoritaire dont la sévérité l’avait presque mutilé ; ou encore une jeune mère qui avait été toute à lui et l’avait comblé et qu’il a perdue lorsqu’une petite soeur est venue le détrôner dans son amour exclusif, etc. Au début, le disciple, inconsciemment, voit dans le guru tout le monde sauf le guru lui-même.

L’impossibilité à devenir adulte et cette hypertrophie de l’individualisme caractéristiques de l’« a-normalité» de l’homme moderne s’aggravent lorsqu’il y a complexe, traumatisme, fixation infantile et autres formes de névroses, de plus en plus répandues dans tous les milieux. Si l’homme ne vit pas dans l’instant présent - et encore moins dans l’Éternel Présent intemporel - c’est parce qu’il est attaché au passé, vivant en référence inconsciente à des expériences anciennes qui colorent sa vision et son approche de toute l’existence. À partir de l’âge de quatre ou cinq ans, il ne rencontre plus rien de nouveau. Toute expérience rentre dans des moules ou des cadres déjà préparés. L’homme ne voit plus rien, n’entend plus rien. Il est « aveugle » et « sourd » à ce qui arrive. A cause de cela toute l’existence devient terne et sans intérêt et l’homme espère toujours retrouver des sensations intenses, vivre des moments extraordinaires. Alors que l’intensité est toujours là en tout, alors que l’extraordinaire est tout le temps là partout et que tout caillou est un diamant pour celui qui sait voir.

Cette dépendance du passé détermine la dépendance du futur dont l’idée nous arrache aussi à l’instant présent. Si l’homme est libre du passé, il est du même coup libre du futur. Mais il arrive que l’attachement au passé, au lieu d’avoir un caractère général, prenne une forme particulière, celle du traumatisme infantile conservé dans l’inconscient. Dans ce cas, la prison est encore plus sévère et la liberté de participation encore plus restreinte. Un homme ou une femme peut se marier, procréer, vieillir et mourir en ayant vécu toute son existence, sentimentale, conjugale, professionnelle à travers une unique expérience d’enfant, dont son inconscient a vu partout la répétition. Sa relation avec le guru n’échappera pas à cette déformation. Mais celui-ci étant libre jusqu’au tréfonds de lui-même de tout aveuglement et de tout mensonge ne réagit jamais aux sollicitations aveugles de ceux qui viennent a lui.

Ainsi, au départ de la voie, la relation avec le guru se situe bien sur le plan de la dépendance mais c’est, pour la première fois, une relation qui peut devenir juste. Pourquoi ? Parce que le sage, étant complètement mort à lui-même, est capable de voir le disciple exactement tel qu’il est, mieux même d’être totalement un avec le disciple. La tradition dit « Quand le disciple et le guru sont dans la même pièce, il n’y a pas deux dans cette pièce, il n’y a qu’un » le disciple. Et le maître n’est pas un autre que le disciple. Il est le Soi du disciple, il est le disciple mais le disciple stable, sans émotions, parfaitement éveillé, éclairé.

Chacun de nous qui est encore dans la séparation et les émotions et qui conçoit toute l’existence en termes d’agréable et de désagréable s’est toujours entendu adresser à lui de deux façons. Prenons comme exemple quelqu’un dont le prénom serait Emmanuel. Emmanuel sait que les autres hommes, les femmes, la vie en général l’ont appelé par son nom soit avec tendresse, indulgence, approbation, admiration - et il entend son nom caresser son oreille avec douceur - soit avec sécheresse, sévérité, critique, mépris - et il entend son nom frapper son oreille avec dureté. C’est la voix d’une mère détendue, d’un père souriant. C’est la voix d’une mère excédée, d’un père en colère. C’est la voix d’un père ou d’une mère aimés, c’est la voix d’un père ou d’une mère haïs qu’Emmanuel entend partout, tout le temps. Il y a un « Emmanuel » merveilleux qui est tout le bonheur du monde et un: « Emmanuel » terrible qui est toute la souffrance du monde. Mais la voix du sage appelle par son nom un autre « Emmanuel. » Un Emmanuel neutre, affranchi du jeu des contraires, et qui se situe à l’axe du pendule.

Quoi que le disciple puisse dire, faire, exprimer, manifester, le maître est toujours d’accord. Le disciple ne risque rien. L’enfant a vite appris que s’il est sage, gentil, calme et doux, sa mère est proche de lui et que s’il est violent, emporté, agressif et bruyant sa mère s’éloigne et il se sent rejeté. Mais le disciple apprend vite qu’il n’y a aucune question de rejet ou d’acceptation par le guru puisque le guru n’est pas quelqu’un d’autre que lui. En présence du maître, il peut tout reconnaître, tout accepter, tout avouer, tout s’avouer sans aucune crainte, car il sait, il sent, à la fois qu’il n’est plus limité à son ego de servitude et d’ignorance et qu’il n’y a pas un autre avec lui. Même pas un autre qui l’aime parce que cela sous-entendrait que cet autre puisse ne pas l’aimer ou ne plus l’aimer. Rien ne peut séparer le maître de moi, rien de ce qui est moi, le « meilleur » ou le « pire ». Mais je peux me séparer moi-même du maître en cessant d’être sérieux, en trichant. On peut tout faire avec un maître, l’insulter, crier, pleurer, tout sauf« faire joujou ». Les amateurs et les dilettantes ne trouveront pas leur place auprès d’un guru.

Le maître étant le disciple déjà libre, le Soi du disciple, le disciple va peu à peu entrer en relation avec ce Soi en lui-même, avec ce maître en lui plus lui-même que lui. C’est l’éveil du guru intérieur, c’est l’amorce de la dépendance de soi-même et de la non-dépendance extérieure. Par conséquent, un maître digne de ce nom ne peut pas attacher un disciple à lui ni entretenir cette dépendance. Sinon cela voudrait dire qu’il a besoin du disciple, donc qu’il est un autre que le disciple. S’il y a lui et ses disciples, alors le succès de son enseignement, le nombre de ses fidèles, l’attitude de ceux-ci lui importent à lui. Cela peut jouer dans le cas d’un technicien du hatha-yoga qui enseigne des exercices, d’un médecin, d’un psychologue. Mais un véritable guru n’a besoin de personne, même pas pour des buts prétendument désintéressés tels que l’aider dans l’accomplissement de sa mission. Un sage ne considère jamais qu’il a une mission à accomplir. Seul est un sage celui qui a le droit de dire : « J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai reçu ce que j’avais à recevoir, j’ai donné ce que j’avais à donner. » Ce sont les dernières paroles du « je » avant de disparaître. Le sage se contente d’être - comme le soleil brille - et de répondre à ceux qui viennent à lui.

Que d’innombrables admirateurs des sages et fidèles des enseignements spirituels à travers les époques et les pays n’aient jamais pu entendre l’appel du maître à l’indépendance, c’est vrai.

Seuls l’entendent ceux qui sont dignes du nom de disciples. Car disciple ne signifie ni enfant, ni fils, ni fille, mais élève. L’admirable sainte et sage hindoue, justement célèbre, Ma Anandamayi, a passé sa vie à répéter :

« Détachez-vous de l’apparence physique du maître. Le guru est en vous. » Mais des milliers de gens l’ont considérée comme leur Mère, ont refusé de grandir auprès d’elle, se sont installés dans une attitude infantile en comptant sur sa grâce (kripa) pour réparer toutes leurs bêtises.

Il n’y a qu’une justification à l’attachement au maître : c’est le don de soi si complet à lui, l’obéissance si parfaite à toutes ses injonctions que, là aussi, il n’y ait plus deux mais un : il n’y a que le sage, le disciple est le sage. Mais tout en répétant ou en chantant « Ma, Ma, Ma » à longueur de journée, les fidèles de Ma Anandamayi ne mettent pas en pratique les instructions qui leur sont données ou, même quand ils croient les mettre en pratique, ils ne le font pas non plus. Ses disciples véritables - il yen a quelques-uns ne sont que rarement en sa présence physique.

La tradition hindoue et la tradition tibétaine, même en considérant le guru comme Dieu lui-même ou l’état de Bouddha lui-même, enseignent qu’il faut se détacher du maître pour ne faire qu’un avec lui : tant qu’il y a relation sur le plan du dualisme, qu’il y a moi et mon guru, rien n’est accompli et, si l’on s’installe dans cette attitude, le progrès (la progression sur le chemin) est fini. Le véritable maître est celui qui vous apprend à vous passer de lui ou, en d’autres termes, à reconnaître qu’il n’est pas un autre que vous. Parfois le maître intervient pour couper cet attachement à lui. Et cela représente une chirurgie psychique extrêmement cruelle et douloureuse pour celui qui doit passer par là.

La vraie question est une question de plénitude et de contentement ou, au contraire, de manque et de frustration. La partie se joue dans les premières années de l’existence. Si la nourriture est nécessaire au bébé et au petit enfant pour croître physiquement, l’amour ne lui est pas moins indispensable pour se développer émotionnellement. Donner à l’enfant son plein d’amour a été et demeure un des fondements de toute société traditionnelle. Et cette satiété n’est pas contradictoire avec une sévérité qui manque tout autant dans l’éducation contemporaine. L’instruction obligatoire « oblige » les enfants à apprendre de nombreuses informations sur le monde extérieur mais qui ne les concernent pas directement. Rien, ou bien peu, est fait pour leur donner la connaissance la plus précieuse, la connaissance d’eux-mêmes et les amener à accepter les faits au lieu de construire peu à peu un monde de concepts, de préférences, de refus de ce qui est, toujours plus mensonger. Le guru voit venir à lui des êtres dont les premières années de la vie ont ou n’ont pas été nourries - non seulement de lait maternel ou de farine enrichie de vitamines mais de sentiments, de sensations, d’impressions positives. L’insuffisance des parents dans la société contemporaine produit des fruits qui se manifestent par le désarroi des « jeunes », qu’ils soient ouvriers ou étudiants. On récolte ce qu’on a semé.

Parce que leur départ dans l’existence a été manqué, des millions d’hommes et de femmes souffrent d’une insatisfaction si fondamentale qu’ils ne peuvent se réconcilier avec le monde où ils doivent vivre. Pour le bébé et le petit enfant, le monde extérieur est représenté presque exclusivement par la mère. Le père n’intervient qu’ensuite. Suivant l’attitude des parents, l’enfant - puis l’adulte - sera inconsciemment convaincu que le monde est bon ou mauvais, qu’il peut être accepté ou doit être détruit. Le guru indien, à qui je dois le plus et qui parlait remarquablement l’anglais, insistait sur l’importance de nurture à côté de nature. Nature, c’est l’hérédité, le tempérament. Nurture, c’est la nourriture donnée aux tout-petits (l’ensemble des aliments et des impressions) et la première éducation. Les adultes sont, avant tout, le produit de leur petite enfance. Parce qu’il s’agit justement des premiers mois et des premières années, ces données essentielles, primordiales, sont oubliées. Mais elles n’en sont pas moins présentes et actives. Ce sont elles, beaucoup plus que les facteurs économiques, qui déterminent les destins et les vocations, qui poussent certains étudiants à la révolte et à la lutte politique violente, d’autres à la drogue et à l’évasion vers Katmandu ou Goa, d’autres encore vers la recherche spirituelle et les gurus vrais ou faux.

Le maître qui voit venir à lui un être humain insatisfait ne se contente pas de lui enseigner des exercices de yoga ou des procédés de méditation. Il a devant lui un problème à résoudre, un écheveau de noeuds à dénouer, une tentative d’expression à libérer. Derrière la surface des questions posées par le nouveau venu il voit la demande véritable. Les multiples revêtements qui entourent le Soi, nu, vrai, pur, « vide », ont pour noms égoïsme, mensonge à nous-mêmes, conceptions, imagination, orgueil. Et aussi besoin d’être aimé, reconnu, apprécie.

Le maître va guider le disciple dans le dépouillement successif de ces « couches » et le mettre peu à peu en contact avec la vérité en lui. La barrière entre la surface et la profonde vérité intérieure tombe. La muraille entre le conscient et l’inconscient s’allège jusqu’à devenir un voile transparent qui vous permet de comprendre ce que vous voulez vraiment. Car il y a deux voix qui appellent en vous, celle qui demande Dieu, ou le Soi, ou l’Infini et la voix qui réclame mon plaisir, ma satisfaction, l’accomplissement de mes désirs, ma plénitude sexuelle, la voix de l’ego. Je veux la vérité. Mais je veux aussi en même temps être considéré, approuvé, aimé. Le maître sait parfaitement comment ces deux voix appellent en ceux qui l’approchent. Le disciple doit apprendre à les reconnaître en lui et à savoir ce qu’il veut. Tant qu’on s’imagine ne vouloir que la libération, on est dans le mensonge. Si on veut uniquement, complètement, absolument la libération, celle-ci est là immédiatement, en un instant, et elle est là tout entière et pour toujours. Tant que le disciple n’a pas reconnu qu’il veut mille choses parmi lesquelles, entre autres, la libération, il demeure dans le mensonge et l’irréel et il ne peut pas commencer à guérir. Le maître va guider le disciple dans le dépouillement.

On ne peut commencer à guérir d’une maladie qu’en sachant de quoi on souffre. Le maître voit dans quelle mesure la recherche de la libération et le désir de pratiquer la sadhana sont purs ou s’ils sont une compensation aux incidents et aux drames de l’existence : je ne réussis pas dans mon métier, je ne gagne pas assez d’argent, mon mari m’a quittée, j’ai perdu un enfant,... et je suis malheureux. Il voit aussi dans quelle mesure cette ambition spirituelle est l’expression d’une névrose et d’une recherche inconsciente et infantile de la mère ou du père ou encore la réaction à un traumatisme refoulé du premier âge autour duquel s’est organisée toute l’existence. Souvent le sadhaka doit d’abord réussir dans la vie et constater si le désir de la libération subsiste encore. Le maître le met aussi en mesure d’exprimer ce qui est en lui et qui n’a jamais pu se manifester que de façon détournée et mensongère, lui permet de s’accepter lui-même.

En même temps, ces difficultés, ces frustrations, ces tragédies sont une bénédiction, le début de la voie, parce qu’elles poussent l’homme à chercher autre chose que la satisfaction des désirs. Peu à peu, le maître met le disciple à même de voir ses désirs, leur force, leurs fluctuations, leurs transformations, leurs détours et surtout de voir que, finalement, aucun désir ne peut être satisfait et que les désirs le maintiennent seulement exilé du Soi, de la paix et de la réalité. Le maître va donc guider le disciple dans le champ constamment mouvant de ses désirs. Que fautil faire pour qu’ils diminuent puis qu’ils disparaissent ?

La voie morale du « non » - j’ai envie de cela et je refuse cette envie - conduit à la frustration. La voie anarchique du « oui » pour éviter cette frustration mène à la licence actuelle dans tous les domaines (notamment la sexualité) et nullement à la sagesse. Sous un contrôle strict, en connaissance de cause, pour certains disciples, dans le cadre d’une ascèse d’ensemble, l’hyper consommation momentanée peut conduire à la liberté. C’est un des principes du tantrisme. Mais c’est un chemin périlleux. La voie la plus sûre est le contrôle et l’acceptation disciplinée. Le désir lui-même n’est pas réprimé ou refusé, mais toujours reconnu sans juger. Métaphysiquement, il n’y a ni bien ni mal. Ce n’est qu’au niveau social, dans les relations avec les autres, que les comportements produisent la souffrance ou la joie pour notre prochain. Le maître aide le disciple à reconnaître ses désirs et à reconnaître s’il doit y céder ou y renoncer. Ce désir correspond-il aujourd’hui à une nécessité, comme de manger, ou à un luxe, comme de manger telle nourriture particulière ? Qu’est-ce qui m’est nécessaire maintenant, à l’étape de la voie où je me trouve, la voie que je suis pas à pas ?

Parce que, le plus souvent, les Occidentaux ne connaissent que le mode d’instruction de nos lycées ou collèges, beaucoup se représentent difficilement l’enseignement donné par un maître à un disciple et supposent que le maître transmet à son élève des idées, des doctrines, des théories, comme nous pouvons en lire dans les livres. Mais le maître n’ajoute pas des cadres intellectuels ou des concepts nouveaux à tous ceux qui nous encombrent déjà et il ne propose pas une foi nouvelle. Au contraire, il aide le disciple à se libérer de toutes les conceptions du mental afin qu’il puisse retrouver peu à peu la spontanéité. Le « bagage intellectuel » nous maintient à la surface de la manifestation. La vie à la surface est certainement un des signes des temps. Les gens veulent toujours de nouvelles théories encore plus somptueuses que les précédentes et qui leur évitent l’indispensable effort vers la profondeur. Qui, aujourd’hui, au cours d’un repas, est capable d’être entièrement dans l’acte de manger, percevoir le goût, mastiquer, avaler ? La bouche mange mais le mental poursuit ses associations d’idées ou regarde à la télévision les hommes mourir au Rwanda, danser à Rio, se battre à Saïgon, tout cela pèle-mêle. Combien de candidats yogis veulent qu’on leur enseigne la « concentration » mais n’ont pas la moindre intention de se concentrer dans toutes les petites actions de la journée. Quand le sage mange, il mange et quand le sage marche, il marche. Quand il écoute, il écoute et quand il parle, il parle.

Le sage peut donner à ses visiteurs et il ne fait que cela du matin au soir. Mais le maître et son disciple ont un chemin à parcourir ensemble. La plupart des candidats à la libération envisagent leur relation avec le maître en termes de donner et recevoir. Dans leur conception infantile, le maître donne et le disciple reçoit. C’est mon maître. Il va me donner sa bénédiction, sa grâce, sa paix, son silence. Il va me donner la libération, à moi, parce que je la veux. Le maître a certains pouvoirs que je n’ai pas et il doit mettre ces pouvoirs au service de mon ego. Puisque lui, il a conquis cette perfection par ses efforts, ses sacrifices, sa mort à lui-même, sa transformation, il doit maintenant me la donner parce que je ne suis pas heureux et que je veux être heureux.

Certes, le désir d’être heureux est le plus normal et le plus légitime. Être heureux ou ne pas être heureux, voilà la question. Mais qu’est-ce que le bonheur et comment s’acquiert-il ? On reçoit à la mesure de ce que l’on donne. Le disciple donne et il reçoit. Et le meilleur don que l’on puisse faire, c’est celui de soi-même. Je suis son disciple. À ceux qu’il considère comme étant encore des enfants parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, le sage donne. A ceux qui veulent devenir des adultes, le maître demande. Donnez-moi vos mensonges, vos haines, vos peurs, vos désespoirs, vos contradictions. Donnez-moi votre agressivité, votre rancune, votre orgueil, votre peine. « Déchargez-vous sur moi de votre fardeau et je vous soulagerai. » Encore faut-il que le disciple accepte de se décharger de son fardeau. Mais, pendant longtemps, il s’y cramponne de toutes ses forces. Il est devenu son fardeau. Il ne se conçoit plus que comme le fardeau en question. Ce même fardeau a la ruse (maya) de se présenter aussi sous des aspects fascinants succès, plaisir, supériorité sur les autres, brillante intelligence, amour. On m’aime, je suis aimé. Qui je ? L’ego. Ce n’est pas l’ego du disciple que le maître aime, aime d’un amour infini, incompréhensible, indescriptible. C’est la vérité du disciple. C’est par amour pour cette vérité que le maître montre envers l’ego une patience sans limites, une compréhension sans ombres, une délicatesse sans failles et une sévérité sans faiblesse.

Alors, ensemble, le maître et le disciple peuvent poursuivre la grande aventure, la seule qui vaille la peine d’être vécue, celle qui est le sens même de l’existence humaine, la réalisation de la vérité et de l’immortalité. Une aventure qui concerne la totalité de l’être et embrasse la totalité de l’existence. Tous les koshas et tous les sharirs (corps physique, corps psychique, corps causal) sont assumés et transformés, dépouillés, dépassés. Un travail se poursuit sur le corps physique (stûla sharira) comprenant la diète et, éventuellement, les jeûnes, les postures de hatha-yoga (asanas), la relaxation musculaire. Un travail s’accomplit sur le mental et les émotions (manas) et sur les désirs (vasana) jusqu’à la perfection de l’état humain dont toutes les possibilités sont épanouies. C’est le passage de l’anormal au normal, la stature parfaite de l’homme. Le maître ne fait pas du disciple un homme. Il en fait l’Homme. Puis cette perfection humaine qui relève encore de la manifestation est transcendée. Mais avant que la coupe déborde elle doit être pleine, avant que les limites soient dépassées elles doivent être atteintes. Alors vient le passage du normal au supranormal. De même que la fleur croît à partir du bouton et la femme à partir de la fillette, la Personne (uttamah purusha) croit à partir de l’individualité. Cette « personne » c’est l’image humaine de l’atman. Elle n’est plus individuelle mais universelle.

Mais ces considérations concernent le bout de la route. Commençons au début du chemin, au début du bon chemin. Pour la destination Méditerranée il est vivement conseillé de s’embarquer plutôt Gare de Lyon que Gare du Nord ou Gare de l’Est, même si au premier abord toutes les gares se ressemblent. Vous ne vous demanderez jamais trop où vous voulez aller, ce que vous désirez et qui peut vous y conduire. Dans la tradition adhyatmique, il est admis que le disciple en puissance a le droit de mettre le guru à l'épreuve. Le disciple montre déjà sa qualification par la façon dont il teste le maître et forme son jugement sur lui. Le maître accepte pour élève celui qui a été capable de le reconnaître comme un maître, parce que sa recherche était vraie. Il ne révèle pas sa qualité de guru par des signes ou des prodiges spectaculaires mais par sa réponse à une demande juste. La shadana ne se développe pas autour du maître mais autour du disciple, à partir du disciple. C’est le disciple qui révèle le maître, comme le fer révèle l’aimant. Bien qu’entouré toujours d’un champ magnétique, l’aimant n’attire ni le bois ni le cuivre. Dans l’adhyatama yoga, la qualité du guru n’éclate pas aux yeux de tous, bois, cuivre, plastique, cuir, caoutchouc. Le guru n’est pas un sage qui irradie partout autour de lui comme certaines figures divines de l’hindouisme, telles Sri Ramana Maharehi ou Ma Anandamayi. Le maître doit être reconnu selon des critères que seul possède le véritable disciple. Mais quand il a été découvert, sa grandeur est aussi manifeste que celle des jivanmuktas les plus célèbres. Cette nécessité de reconnaître le guru opère la sélection des postulants à la sagesse, évite qu’il y ait foule autour du maître et permet un travail personnel, intime et méthodique. Le maître ne refuse pas un disciple. Ceux qui ne sont pas qualifiés, c’est-à-dire ceux qui viennent pour servir leur ego et bercer leur sommeil, s’éliminent d’eux-mêmes à la première difficulté. Tant qu’un instructeur indique à ses élèves des exercices qui peuvent être pratiqués sans que l’ego soit mis en question, des exercices qui se situent facilement à l’intérieur de l’ignorance fondamentale, le pseudo-disciple poursuit aisément sa pseudo-sadhana pendant des années. Mais le maître, lui, est éveillé. Il voit, il connaît la pierre de touche qui démasque la vraie nature de la recherche et il propose au disciple des moments de vérité que celui-ci peut accepter ou refuser. Rien n’est jamais demandé à un sadhaka qui dépasse ses possibilités présentes. A dire vrai, la seule qualification nécessaire pour devenir un véritable chercheur de la vérité est de reconnaître qu’on ne la possède pas encore. Le disciple est semblable à un malade qui sait et n’oublie pas qu’il est malade et qui désire guérir avec l’aide d’un médecin. Ma Anandamayi compare souvent son ashram à un hôpital. Le disciple est un champ de bataille (cf la Bhagavad Gîta), un champ où luttent le sommeil et l’éveil, l’erreur et la vérité, l’esclavage et la libération. Depuis les percées de blindés jusqu’à la guerre de tranchées, toutes les formes de combat se poursuivent en lui entre les ténèbres et la lumière, l’irréel et le réel, la mort et l’immortalité. L’ego, maya ont la vie dure - très dure -, un formidable pouvoir hypnotique et un inépuisable répertoire de ruses pour duper et maintenir en prison l’homme ou la femme qui aspire à la libération. Imaginations du mental, mensonges, justifications, excuses se succèdent avec l’incertitude et la souffrance qui accompagnent toujours l’aveuglement. Si vous souffrez, sachez que vous pouvez guérir de la souffrance pourvu que vous le vouliez vraiment. Si vous aspirez à une vie plus vaste, plus riche, plus intense, sachez que vous pouvez accéder à la plénitude, à condition que vous le vouliez vraiment. Il existe des êtres humains comme vous dont les chaînes sont tombées, qui voient, qui entendent, qui sont éveillés et qui peuvent voir pour vous, entendre pour vous, veiller pour vous et combattre à vos côtés jusqu’à ce que vous ayez vous aussi retrouvé votre vrai visage la joie, la paix, l’amour, la connaissance et la vie éternelle.

Source :

Arnaud Desjardins, Les Chemins de la Sagesse © Edition Electronique, pp: 33-45

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Message par Kôrëm Ven 1 Mar 2013 - 9:12

Il y a quelques années j'ai fréquenté un centre du bouddhisme thibétain près de chez moi : http://www.drukpa.eu/index.php/fr/ c'était très intéressant. J'ai arrêté car cette branche ne me convenait pas trop : elle était quasiment uniquement tournée vers la pratique et peu sur la compréhension des textes.

Néanmoins j'avais participé à une session du Guru Yoga et cela m'avait beaucoup intéressé, surtout comment l'on progresse dans l'éveil et la recherche du maître intérieur. De mémoire, et sous la correction bienveillante des connaisseurs de ce forum je redis ce que j'avais compris :

- Première étape : le maître extérieur vivant : un guru, un être humain qui va guider tant que cela est nécessaire. Cette première étape permet de détacher la personne de la référence unique à sa personnalité, d'accepter de se soumettre à une volonté autre.

- Deuxième étape : Maître extérieur non incarné : une divinité que l'on choisit par affinité et que l'on visualise par un tanka et que l'on prie régulièrement.

- Troisième étape : . Là on se réfère au Dieu global, Bouddha etc ...

- Quatrième étape : C'est celle du maître intérieur en Soi ! Qui termine de guider vers l'éveil ! :ange25:


Ainsi nous cela sert à faire passer le degré de conscience de celui de l'ego/personnalité jusqu'à celui de notre maître intérieur et ce par étape progressives. Ange
Nous pouvons retrouver ces étapes dans toutes les spiritualités dignes de ce nom, amis avec des noms différents, ainsi les chrétiens passent du prêtre qui les enseignent au saint ou à une représentation de marie ou Jésus, puis directement à Dieu jusqu'au jour où il reçoivent le St-Esprit et le Christ en eux qui les enseigne de l'intérieur .

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