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Dzogchen

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Message par Hirloe Mer 27 Fév 2013 - 21:49

Jusqu’à il y a peu, je ne connaissais même pas le terme « Dzogchen » (généralement traduit par "grande perfection" ou "grande complétude") mais sa découverte a trouvé chez moi un écho tout particulier. En furetant sur quelques forums et blogs, j’ai été un peu déçue de trouver assez peu de choses sur cet enseignement, tout au moins en français. Sans s’attarder sur les explications de cette « discrétion », il faut forcément préciser que l’enseignement est aujourd’hui soumis au pré-requis d’une transmission directe par un maître Dzogchen autrement dit que la voie proposée ne passe pas par la pensée conceptuelle mais par l’expérimentation directe.

Voici quelques mises en garde et précisions d’Ananie et Greenman à propos du Dzogchen :
http://www.forumspirituel.fr/t862-la-meditation-une-video-de-marc-de-smedt

Ananie a écrit:Pratiquer Dzogchen sans initiation, cela reviendrait à arroser un bout de terre, en espérant voir pousser un avocat, alors qu'on n'a pas planté de noyau

Mon but n’est donc pas ici d’inviter à des pratiques sans avoir ce pré-requis (d'autant que je n'ai pour le moment qu'une connaissance très superficielle sur le sujet) et non plus de participer à des querelles de clocher, mais d’offrir une fenêtre sur cette approche (pas forcément des plus classiques) ainsi que quelques textes qui m’interpellent tout particulièrement. Une fenêtre sur la diversité dans la spiritualité et pourquoi pas pour le comparer à d’autres enseignements (le Dzogchen présenterait apparemment de nombreuses similitudes avec le Shivaïsme Cachemirien), ou tout simplement d’ouvrir de nouvelles perspectives…

Je reprécise que je n’ai aucune prétention de connaissance sur le sujet, et que je ne ferais que partager quelques textes dans l’espoir que ceux-ci suscitent des échanges…

En guise d’introduction, j’aurais bien fait un résumé de l’origine du Dzogchen, mais cette origine étant sujette à controverse et plutôt complexe ^^... Amateur d'histoire, si vous voulez approfondir, c’est par là :
http://www.sanghaforum.com/textes_traduits/Les%20traditions%20Bonpo%20du%20Dzogchen.pdf

Pour les curieux comme moi donc... ou les connaisseurs qui me feraient le plaisir d'enrichir ce topic... Very Happy


Dernière édition par Hirloe le Mer 27 Fév 2013 - 22:12, édité 1 fois
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Message par Hirloe Mer 27 Fév 2013 - 21:51

Les quatre conduites du pratiquant dzogchen (Extrait de L'escalier de Cristal I de Kunzang Péma Namgyel aux éditions Marpa)


Quatre conduites différentes s'offrent au pratiquant du dzogchen :

- le butinage de l'abeille :
L'abeille vole, de ci, de là, au printemps, enivrée d'odeurs de fleurs. Fort industrieuse, ne connaissant guère de repos, elle butine avec persévérance tant que les odeurs de fleurs continuent à la stimuler. De même, le méditant aborde le dzogchen en recherchant tous les enseignements disponibles auprès des maîtres, où qu'ils soient donnés. Il engrange les explications et les instructions utiles à la méditation.

- le cerf blessé :
Le cerf blessé ne reste pas avec les siens mais se retire dans la solitude jusqu'à ce qu'il soit guéri. De même, après avoir obtenu les instructions nécessaires, le méditant se retire. La fréquentation du monde ordinaire, sa prolifération débridée de perturbation, ne peuvent que nuire à sa méditation. Il se met donc en retraite, par exemple dans un ermitage de montagne.

- le chien ou le porc :
Le chien ou le porc ne sont pas très regardants. Quand ils ont faim, ils avalent ce qu'on leur propose sans faire la fine bouche. De même, le yogi ayant pu stabiliser sa pratique en retraite ne craint plus le désir, l'aversion, la bêtise, ni les autres perturbations qui foisonnent en ville. Il peut y revenir car il est passé au-delà des notions de propre et de sale, de bon et de mauvais, de valable et de nuisible.

- Le lion :
Le lion n'a peur de rien. Majestueux et imposant, le roi des animaux s'avance sans être le moins du monde affecté par les circonstances contingentes. De même, le yogi ayant atteint le stade de l'assurance ne saurait être effrayé de se retrouver dans le pire des enfers ni émerveillé par le paradis le plus extraordinaire. Il est parfaitement sans attente et sans crainte, rayonnant et serein.
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Message par Hirloe Mer 27 Fév 2013 - 21:57

Extrait de l’ouvrage « les yogas tibétains du rêve et du sommeil » par Tenzin Wangyal (tradition tibétaine Bön)


Les soutras bouddhiques enseignent que la personne ordinaire ne peut pas connaître la vacuité par perception directe, mais doit l'appréhender grâce à la connaissance discursive. De nombreux débats de la tradition des soutras, à la fois historiques et actuels, portent sur l'utilisation de la déduction et de la raison pour reconnaître la vacuité. Il en existe peu, en revanche, sur la reconnaissance de la nature de l'esprit par le moyen des sens. Dans les soutras, seul le yogi ayant atteint le troisième chemin, celui de la vue, possède la perception yogique directe de la vacuité, ce qui dès lors ne permet plus de le considérer comme un être ordinaire.
Le Dzogchèn voit les choses autrement. Les enseignements nous apprennent non seulement que la vacuité et la clarté de la nature de l'esprit peuvent être appréhendées directement par les sens, mais que faire appel à eux dans cette tâche spirituelle est plus facile et plus valable que de se servir de l'esprit conceptuel. Les sens donnent instantanément accès à la perception directe qui, avant d'être saisie par l'esprit conceptuel, est très proche de la conscience pure.

Certains commentaires des soutras critiquent le Dzogchèn, dont les pratiquants seraient trop prisonniers des visions de lumière et autres, visions que même les êtres ordinaires peuvent avoir. Mais les choses sont comme elles doivent être ; la nature de l'esprit que nous reconnaissons existe en tous les êtres.
En nous fiant à l'intelligence pour comprendre, nous nous satisfaisons souvent de concepts. Nous pouvons être conditionnés à croire que nous comprenons ce que signifie l'énoncé de certains mots, sans avoir jamais eu l'expérience directe de ce qu'ils indiquent.
Au lieu de nous fier à la perception directe de la vérité masquée par le concept, nous nous référons aux conceptions que nous avons forgées de ce que nous désirons comprendre. On peut alors facilement rester plongé dans l'esprit en mouvement ; nous prenons la lune pour la lune elle-même. Alors que nous finissons par avoir une description impressionnante de la vérité, nous en arrivons aussi à ne pas vivre dans cette vérité.

La nature de l'esprit peut être expérimentée par la conscience visuelle, par la conscience auditive, par la conscience olfactive et ainsi de suite. Nous voyons par notre oeil, mais notre oeil n'est pas la vision. Nous entendons par notre oreille, mais notre oreille n'est pas l'audition. De manière analogue, la nature de l'esprit peut être expérimentée par la conscience visuelle, mais ce n'est pas la conscience visuelle qui fait l'expérience.

Il en est de même pour toutes les perceptions directes. La forme qui est perçue par la conscience visuelle diffère de la forme que l'esprit conceptuel pense qu'elle a perçue. La forme que la conscience visuelle perçoit directement est plus proche de la réalité fondamentale que la modélisation de cette perception qui s'opère dans l'esprit conceptuel. Ce dernier est incapable de perception directe. Il ne reconnaît les choses que par l'intermédiaire d'images mentales projetées et par le langage, qui est lui-même déductif.
Prenons un exemple. La conscience visuelle voit le phénomène que nous appelons "table". Ce qui est perçu n'est pas une "table", mais une vive expérience sensorielle de lumière et de couleur.

L'esprit conceptuel ne perçoit pas directement le phénomène vital brut qui constitue l'expérience de la conscience visuelle. Il crée, à la place, une image mentale de l'objet dont la conscience visuelle fait l'expérience et affirme que c'est cela, voir la table. Mais ce que l'esprit conceptuel "voit" est l'image mentale de la table. C'est là qu'est la différence fondamentale entre l'esprit conceptuel et la perception directe. Quand l'oeil est clos, la "table" n'est plus perçue directement et l'ensemble d'éléments qui la constitue n'appartient plus à l'expérience sensorielle immédiate. Mais l'esprit conceptuel peut toujours projeter une image de la table, qui ne sera pas la même que l'ensemble directement perçu. L'esprit conceptuel n'a pas besoin de rester tourné vers le présent sensoriel ; il peut exister par ses propres élaborations.

La capacité qu'a l'esprit conceptuel de modeler l'expérience directe a une valeur inestimable pour les êtres humains que nous sommes. Mais elle est responsable de l'un des obstacles les plus persistants de la pratique. Avant l'expérience directe de la nature de l'esprit et après elle, l'esprit conventionnel tente de conceptualiser l'expérience. De même qu'au début l'expérience de rigpa est obscurcie par les formes, les pensées et une relation duelle avec les phénomènes de l'expérience, la conceptualisation de rigpa devient un obstacle. Nous pouvons croire que nous connaissons la nature de l'esprit, alors que nous sommes seulement en relation avec un concept.

Cela ne signifie pas que l'expérience sensorielle directe est, en elle-même, la nature de l'esprit. Même avec une perception très immédiate, nous avons tendance à être subtilement identifiés avec un sujet percevant et l'expérience reste dans la dualité. Mais, au tout premier instant du contact entre la conscience et l'objet sensoriel, la nature nue de l'esprit est présente. Lorsque nous sommes brusquement surpris, par exemple, existe un moment où tous nos sens sont ouverts ; nous ne nous sommes pas identifiés à l'expérimentateur ou à l'expérience. Ce moment est habituellement un moment d'inconscience, parce que l'esprit en mouvement auquel nous sommes identifiés s'est trouvé, sous le choc, réduit à l'immobilité. Mais, si nous restons dans la conscience de ce moment, il n'existe ni percevant ni perçu, seulement la pure perception : pas de pensée, pas de processus mental, pas de réaction de la part d'un sujet au stimulus d'un objet. Seule existe la conscience ouverte, non-duelle.

C'est la nature de l'esprit. C'est rigpa.
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Message par Hirloe Mer 27 Fév 2013 - 22:06

Extrait du "Livre des morts tibétain" traduit du tibétain par Philippe Cornu


Dans cette claire vacuité où les pensées passées se sont évanouies
sans trace aucune,
Dans cette fraîcheur où les pensées à venir ne sont pas encore :
A l'instant où s'établit le mode naturel sans fabrications, Voici cette conscience qui, à ce moment, est en elle-même tout ordinaire,
Et dès que vous tournez votre regard nu sur vous-même,
Ce regard qui n'a rien à voir débouche sur la clarté,
La Présence dans son évidence, nue et vive,
C'est une pure vacuité qui n'a été créée d'aucune manière.
Un état inaltéré où clarté et vide sont indivisibles,
Ni éternel puisque rien n'y existe vraiment
Ni néant puisqu'il est clair et vif.
Il ne se réduit pas à l'un, étant présent et limpide en toutes choses.
Et n'est pas le multiple, car tout y est d'une saveur unique dans l'inséparabilité,
Telle est cette Présence intrinsèque et elle n'est rien d'autre.
(...)
Même si on examinait avec attention l'univers entier, il serait
impossible de l'y trouver. Il n'est pas possible de découvrir la bouddhéité en dehors l'esprit.
Quand bien même, ne reconnaissant pas cela, vous rechercheriez
l'esprit à l'extérieur,
Comment pourriez-vous vous trouver vous-même en vous cherchant ailleurs ? Ainsi d'un idiot qui, immergé dans la foule
Et fasciné par son spectacle, se serait perdu lui-même,
Et, ne se reconnaissant plus, se chercherait lui-même partout,
Prenant à tort les autres pour lui-même.
De même, puisque vous ne voyez pas l'état naturel qui constitue la condition authentique des choses,
Vous vous diluez dans le samsara, ne sachant pas que les appa¬rences sont l'esprit,
Et, sans voir que le bouddha est votre propre esprit, vous occultez l'au-delà de la souffrance.
Samsara et nirvana sont distincts, compte tenu de la connaissance et de l'ignorance,
Mais, en l'espace d'un instant, la différence entre eux s'abolit.
En les voyant ailleurs qu'en votre esprit, vous vous illusionnez.
Or la méprise et la non-méprise sont d'une unique essence.
Comme il n'est pas établi que la série psychique des êtres est double,
La nature de l'esprit sans artifices se libère quand on la laisse simplement en elle-même,
Mais si vous n'êtes pas conscient que l'illusion même gît dans l'esprit,
Vous ne comprendrez jamais ce sens ultime de la Réalité.
Par conséquent, observez en vous-même et par vous-même ce qui
émerge et surgit naturellement,
Ces apparences, observez d'où elles surgissent d'abord
Puis où elles résident entre-temps
Et la destination où elles se rendent pour finir.
A l’instar d'un corbeau [qui regarde dans] un puits
Puis s'envole du puits sans y retourner,
Les apparences émergent de l'esprit,
Et, étant surgies naturellement de l'esprit, s'y libèrent.
Cet esprit essentiel vide et clair connaît toutes choses, étant conscient
de tout,
Sa clarté et sa vacuité étant indivisibles depuis l'origine, on le
compare au ciel ;
Etabli définitivement en tant que claire évidence de la sagesse née : elle-même,
Il est de fait la Réalité même.
Comprendre ce qu'il est, c'est se rendre compte que toutes les apparences phénoménales de l'existence
Sont connues au sein de votre propre esprit, et que cette nature de l'esprit
Présente et radieuse est comme le ciel.
Toutefois, cet exemple du ciel qui illustre la Réalité
Ne peut être que partiel et provisoire, un simple signe indicateur.
Car la nature de l'esprit est un vide accompagné de présence vive.
clair en tous ses aspects,
Tandis que le ciel est un vide sans présence, une béance inanimée.
Par conséquent, le véritable sens de l'esprit ne saurait être montré
par le ciel.
Reposez donc dans cet état sans aucune distraction !"
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Message par Kôrëm Jeu 28 Fév 2013 - 11:02

le Bardo Thödöl devrait être lu par toute personne qui est sur le chemin spirituel car il donne les clefs permettant d'accéder à la vraie vie, ainsi que le moyen de ne pas se perdre lors de son parcours post-mortem ...

merci pour cette citation Sage
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Message par Joha Mer 6 Mar 2013 - 20:32

Bonsoir Hirloe, sunny

Sur le lien suivant concernant la technique du Tao, il est fait référence aux aspects pratiques du Dzogchen, notamment dans les textes 11 à 17 ...

http://tchan.info/

Bonne lecture à tous... Fleur

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Message par Hirloe Mer 6 Mar 2013 - 21:22

Merci beaucoup Joha, je m'empresse d'aller consulter le lien... sunny
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Message par ananie Jeu 7 Mar 2013 - 11:07

Cela me semble curieux.

Je croyais que le Dzogshen appartenait vraiment en propre au bouddhisme tibétain.
Peut-être qu'on peut trouver des points communs avec le tchan, mais ce n'est pas à mon avis de l'enseignement Dzogshen qu'il s'agit.

De plus je ne suis pas sur qu'il y ait de technique à proprement parler pour le Dzogshen.

Il y a des techniques qui préparent au Dzogshen probablement, mais le Dzogshen est avant tout un état particulier, état qui se transmet de maître à disciple.

C'est pour cela qu'il n'y a généralement pas d'enseignement écrit sur la "technique" Dzogshen, puisque c'est une transmission directe, d'esprit à esprit, et pas une technique.

Voir aussi ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dzogchen
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Message par ananie Jeu 7 Mar 2013 - 12:28

Je crois qu'il y a de nombreuses voies que l'on peut aborder, étudier, et arpenter sans que la présence du maître soit forcément obligatoire.

Mais le Dzogchen rend la présence du maître absolument indispensable.
Pour pratiquer comme pour étudier cette voie.

C'est une condition sine qua non, puisque toute la voie Dzogshen repose sur la relation maître-disciple, et la dévotion du disciple envers son maître. C'est ça qui fait la voie Dzogshen.

Le Dzogshen est un état, et le maître, lorsque le disciple est mur, ouvre une brèche dans l'esprit de celui-ci, et lui fait vivre directement, lui donne l'expérience vécue de la nature de son esprit. Et c'est cela le commencement de la voie Dzogshen.
Ensuite le disciple cultive cette expérience de départ dans sa méditation, grâce au lien de dévotion qui l'unit à son maître.

C'est ce qu'explique Sogyal Rinpotché dans "Le Livre tibétain de la vie et de la mort".
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Message par rirrou Jeu 7 Mar 2013 - 19:47

Nuden dorje

le miroir au sens limpide

QUI SUIS-JE? principe général du DZOGCHEN


Le problème que nous essayons de résoudre dans tout le
dharma et en particulier dans le dzogchen est un problème de
localisation. Quelle est la nature du lieu d’être? D’une manière
générale, nous avons l’impression que « j’habite ici. Je
suis dans mon corps. Mon corps est ici dans cette pièce. » Et
quelle est la situation de ce lieu? De quoi est-il construit?
S’il n’a pas de construction solide, alors les notions de « je »
sur lesquelles nous nous reposons et toutes les actions qui
viennent de là seront peu fiables.
Il y a de nombreux exercices en lien avec cela, mais la
première chose est d’enquêter sur notre nature. Dans le dzogchen,
nous sommes toujours en train d’essayer de nous observer.
Maintenant, s’observer soi-même peut paraître facile.
Linguistiquement, cela semble plutôt simple. Comme: « Observe-
toi, observe tes pieds. » Et donc si nous voulons observer
nos pieds, ce n’est pas difficile. Nous baissons le regard
et les voici. Mais si vous voulez vous observer vous-mêmes,
vous devez tout d’abord vous trouver afin d’observer. Ainsi,
pour nous trouver nous devons chercher, et si nous nous
mettons à chercher, que cherchons-nous?
Si nous admettons que nous n’avons jamais vu notre propre
visage, alors ce que nous cherchons est simplement une
construction de représentations, et nous pouvons donc nous
retrouver en train de courir après nos suppositions, puis de
les réaliser. Nous avons l’habitude d’observer les choses. Et
si nous nous observons nous-mêmes de la manière dont
nous observons les choses, il ne fait aucun doute que nous
nous présenterons à nous-mêmes comme une chose, parce
que c’est ce que nous faisons depuis le commencement
même du samsâra. C’est cela, le samsâra.
Ainsi, ce que nous devons vraiment faire, c’est développer
une nouvelle forme d’observation de soi, une forme qui
ressemble plus au fait de frayer avec nous-mêmes. Soyez
simplement là tandis que vous vous « moi-ifiez », en observant
ce processus de « moi-ification ». Parce que si ce n’est
pas vous qui vous «moi-ifiez », qui donc le fait? Dans le dzogchen,
on appelle cela « rester avec celui qui fait ce qui se passe
- quoi que ce soit ». Si des pensées surviennent, restez avec
celui qui pense les pensées qui surviennent. Si des émotions
surviennent, restez avec celui qui éprouve les émotions. Si
aucune pensée et aucune émotion n’émerge, restez avec
celui qui est complètement engourdi et stupide. Parce que
celui qui accomplit cette activité existe quelque part. Où
existe-t-il? En observant attentivement, vous parviendrez à
voir le « je » venir à l’existence. Mais si vous n’observez pas
attentivement, ce point de manifestation de celui qui fait se
présentera toujours comme s’il était le site éternel du « je » :
« Je suis moi ! » Et ma saisie de ce « je » ferme la porte de la
libération.
Le problème essentiel est que, depuis le début, l’esprit est
ouvert, très détendu, non-né, incréé, et que cependant l’expérience
de l’esprit est : « Je suis moi. Je ne suis pas vous.
Laissez-moi tranquille. Donnez-moi ce que je veux! » Depuis
le tout début, nous ne savons pas qui nous sommes. Le
fait de penser « je suis moi » signifie que je n’ai pas réalisé
qui je suis. Le «moi » est le point objectivé, raffiné, du « je »,
qui apparaît comme le curseur sur un écran d’ordinateur, la
petite flèche, la pensée qui vous montre où vous êtes et,
comme ce petit point sur l’ordinateur, il n’est pas quelque
part, il n’a pas d’existence réelle. Il est sur l’écran. L’écran
n’est pas quelque part. Il est semblable à du cristal liquide,
une matrice de points qui révèle le royaume illusoire du cyberespace.
Ou dans un exemple traditionnel : si vous regardez le ciel
et que vous voyez un oiseau qui vole, vous voyez la pointe
du bec de l’oiseau. Mais où est cette pointe? L’oiseau se déplace
dans le ciel. Il n’y laisse pas de trace, et vous ne pouvez
saisir le point où il se trouve, parce qu’il se déplace
toujours. Ce que nous appelons : « Oh, il y a un oiseau qui
vole dans le ciel ! » est unmouvement. Nous construisons la
notion d’oiseau. Ce que nous observons est unmouvement.
De lamême façon, la nature de l’esprit est d’être très créative.
Pensées, émotions, sensations surgissent continuellement
et nous leur attribuons des positions et des lieux, nous
les juxtaposons les unes sur les autres, et par cela nous
créons l’illusion de la séparation soi-autre. Bien que nous
puissions dire, de manière générale, que le samsâra a débuté
il y a très longtemps, si vous voulez vraiment voir le point
d’émergence du samsâra, regardez dans votre propre esprit !
Et le point où le samsâra émerge est le point où personne
n’est conscient de celui qui fait, pense, ressent, éprouve. Qui
fait cela? Je pourrais dire: « Qui parlemaintenant? Je parle!
Et c’est très simple. C’est moi ! » Je sais que je parle parce
que j’aime parler. J’ai donc assez parlé pour connaître le son
de ma voix lorsqu’elle sort et qu’elle entre ici dans mon
oreille.Mais il serait beaucoupmieux pourmoi de ne pas savoir
qui je suis ! Parce qu’en sachant qui je suis, je deviens
très paresseux et je présume que qui je pense être est qui je
suis. Et ainsi, j’arrête d’observer. Et de cette façon, je passe
ma vie à être un ami du samsâra.
Alors, qui fait cela? Personne ne peut me le dire, parce
que faire cela est une expérience, ce n’est pas une entité. S’il
ne s’agissait que de découvrir le coupable, on pourraitmener
une enquête.Mais avec ce genre d’investigation, le coupable
n’existe pas. On a donc besoin d’un autre type d’investigation,
qui ne ressemble pas à une enquête policière. C’est une
investigation amicale! Parce que si vous pouvez vous lier
d’amitié avec vous-mêmes, vous embrasser et vous faire des
chatouilles, vous pouvez commencer à vous détendre. Et si
vous savez très bien le faire, vous pouvez « faire l’amour »
avec vous-mêmes et vous vous dissolvez complètement, et
vous ne vous causez plus aucun problème. C’est le principe
général du dzogchen, et ce plaisir, cette détente, ce lâcher
prise, cette aise, cette confiance, cette spontanéité, ces qualités
délicieuses sont la voie.

voiluuu... sunny
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Message par rirrou Ven 8 Mar 2013 - 19:47

Dzogchen.

– Méditation sur le samsâra –

Dans ce troisième verset, le texte commence à parler de ce à quoi nous devrions penser une fois en retraite, maisnous pouvons bien sûr le faire chaque jour. Tout d’abord, il
dit que ce monde est un endroit dans lequel les apparences
ne cessent de circuler. Ce que nous appelons notre monde
est ce mouvement continuel d’apparition. Autour de nous,
tout change tout le temps. Si l’on regarde lemur d’une pièce,
on croit généralement que lemur ne bouge pas, sinon le toit
s’effondrerait.Mais unmur qui ne bouge pas est un concept,
et si vous regardez le mur, vous découvrirez qu’il bouge, ce
qui est une expérience. Dans le dzogchen, nous croyons que
l’expérience est plus importante que le concept. La plupart
des points sur lesquels nous basons notre sécurité dans la vie
sont construits à partir de schémas de concepts que nous
n’examinons pas. Quand nous faisons attention au flux
même de notre expérience, nous découvrons qu’il y a là très
peu de choses fiables. Nous imaginons souvent que nous
avons l’expérience d’un phénomène, ainsi par exemple
lorsque vous regardez lemur vous pouvez avoir l’expérience
du mur. Mais ce que nous appelons « le mur » n’est en fait
qu’une expérience. Il n’y a pas de mur autre que l’expérience.
Il y a un domaine de concepts concernant lesmurs (le
samsâra) que nous pouvons superposer à l’expérience du
mur, laquelle est lemur inséparable de la vacuité, émergeant
en tant que jeu de la conscience et de la vacuité – le domaine
du nirvâna.
Cela nous offre un objectif clair pour notre pratique ensemble:
parvenir vraiment au point où l’on croit en l’expérience
et où l’on cesse de prendre refuge dans le concept.
Parce que c’est par nos concepts que nous attribuons à tort
aux choses que nous expérimentons une essence existant en
soi.
Le texte continue en disant que dans cet océan de poisons
– les cinq poisons que sont la stupidité, la colère, le désir,
la jalousie et l’orgueil –, il n’y a pas de temps pour rechercher
la libération. La raison pour laquelle nous n’avons pas le
temps de chercher la libération est que nous sommes fascinés
par le poison. Nous sommes intoxiqués, nous ne pouvons
pas nous passer du poison. Nous ne pouvons pas faire
la différence entre le poison et les choses saines. Nous nous
adonnons à un arôme de poison, et lorsqu’il devient ennuyeux
ou qu’il n’est plus capable de nous satisfaire, nous
passons à un autre. Vous pouvez tomber amoureux de
quelqu’un, par exemple, ressentir beaucoup de désir et pen-
ser que cette personne estmerveilleuse.Mais ensuite elle fait
quelque chose qui porte atteinte à votre fierté. Vous avez
donc d’autres arômes auxquels vous livrer. Vous cessez de
vous adonner à votre désir et vous commencez à vous adonner
à votre orgueil.Mais l’orgueil ne dure pas très longtemps
et vous vousmettez en colère. Puis vous faites quelque chose
qu’après coup vous allez trouver stupide. Vous voici donc
dans la stupidité. Et la personne que vous aimiez, ayant réalisé
à quel point vous êtes stupide, se met à sortir avec
quelqu’un d’autre et vous vous retrouvez à éprouver de la
jalousie.
C’est ainsi que nous nageons très confortablement en
rond dans cet océan de poison. Cela prend énormément de
temps, et pendant que nous avons toutes ces expériences –
à vrai dire dénuées de sens –, la chance de pratiquer le
dharma et de reconnaître la nature de notre esprit s’épuise
tandis que la mort se rapproche.
C’est pour cette raison que le texte dit : nous continuons
à errer dans les six royaumes du samsâra et à cause de cela
nous continuons à faire l’expérience de la souffrance. Il n’y
a aucune chance de bonheur. En tibétain, les êtres sensibles
sont souvent appelés drowa (‘Gro Ba), ce qui signifie
quelqu’un qui est en mouvement ou, en fait, qui est mouvement,
un mouvant, quelque chose en mouvement. Cela
témoigne du fait que nous ne nous reposons nulle part. Nous
sommes constamment occupés. Occupés à l’extérieur. Occupés
à l’intérieur. Nous passons d’une chose à l’autre, en
perpétuelle circulation. Nous n’avons pas le pouvoir de
maintenir notre esprit dans un état stable plus de quelques
secondes et sommes sans arrêt pris par des distractions et des
choses très intéressantes.
Les textes tibétains parlent d’errer dans le samsâra, ce qui
est très différent de flâner dans les Alpes avec un beau sac à
dos et du chocolat dans ses poches. Ici, c’est errer dans le
sens de ne pas avoir de direction définie, parce que le chemin
que nous empruntons est influencé par une multitude de
facteurs divers. Le karma se manifeste de l’intérieur et de
l’extérieur et des situations se produisent subitement, qui
nous font perdre notre cap. Ce que cela dit, c’est que notre
nature même est d’être en permanence en mouvement. Ce
n’est pas que nous choisissons de bouger ou que nous choisissons
de nous arrêter, parce que même lorsque nous restons
sur place, nous ne nous arrêtons guère. Nous remuons,
nous nous agitons ou nous faisons quelque chose, car la réalité
d’un être sensible est que nous nous trouvons rarement
dans un simple état d’être. Nous sommes des « faiseurs »
sensibles qui réagissent, s’affairent, en quête de contrôle et à
la poursuite d’une insaisissable sécurité...

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Message par Hirloe Sam 9 Mar 2013 - 10:01

Merci Rirrou sunny sunny
Je n'ai pas encore eu le temps de tout lire, je reviendrai.
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