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La vacuité selon le Madhyamaka

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La vacuité selon le Madhyamaka Empty La vacuité selon le Madhyamaka

Message par ananie Mar 13 Mar 2012 - 11:51

Dans les écoles bouddhistes zen et tibétaines (entre autres), le madhyamaka (voie du milieu) est considéré comme la meilleure école philosophique qui décrit la réalité telle qu'elle est.


En occident, on appelle cela la vacuité. Mais en fait, le mot tibétain que l'on a traduit par "vacuité" devrait se traduire littéralement par : "la véritable nature des phénomènes", c'est à dire la réalité telle qu'elle est en vérité.


Le Bouddha a dit :
« Pour qui voit l'origine du monde tel qu'il est avec un juste discernement, le terme "non-existence" ne survient pas à son égard. Pour qui voit la cessation du monde tel qu'il est avec un juste discernement, le terme "existence" ne survient pas à son égard. »

L'enseignement bouddhiste sur la vacuité rejette donc l'idée que les phénomènes (c'est à dire toutes choses en fait) ont une existence permanente ; et il rejette aussi l'idée que les phénomènes n'existent pas.


Nagarjuna, qui est à l'origine de l'exposé du Madhyamaka sur la vacuité dit :
« Tout est bien comme il semble, rien comme il semble. À la fois comme il semble et non comme il semble. Ni l'un ni l'autre. »


Le Madhyamaka définit donc la réalité de toutes choses ainsi, en disant qu'elles n'ont :
- Ni être
- Ni non-être
- Ni être et non-être
- Ni ni être ni non-être


Ainsi les bouddhistes qui disent que rien n'existe parce que tout est vacuité (et il y en a beaucoup) n'ont pas du tout compris ce qu'est la vacuité. Ils ne prennent que le premier point de la définition du Madhaymaka... or aucun de ces points ne peut aller tout seul, il faut toujours les 4 ensemble, sinon cela n'a pas de sens.
Et en fait tout ceux qui croient pouvoir définir la vacuité intellectuellement ne l'ont pas comprise.
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Message par ananie Mar 13 Mar 2012 - 19:34

« Selon le bouddhisme, tout est en essence vacuité (śūnyatā), tant le samsâra que le nirvâna. Śūnyatā ne signifie pas « vide ». C'est un mot très difficile à comprendre et à définir. C'est avec réserve que je le traduis par « vacuité ». La meilleure définition est, à mon avis, « interdépendance », ce qui signifie que toute chose dépend des autres pour exister. [...] Tout est par nature interdépendant et donc vide d'existence propre. » (Rigou Tulkou Rinpotché)


"Nous appelons vacuité ce qui apparaît en dépendance" (Nagarjuna)


"L’absolu n’est ni existant ni non-existant, ni à la fois existant et non-existant, ni différent à la fois de l’existence et de la non-existence. Pour le Madhyamaka, la raison et le langage ne s’appliquent qu’au monde fini. Transférer des catégories finies au monde infini serait comme tenter de mesurer la chaleur du soleil avec un thermomètre ordinaire. De notre point de vue, l’absolu n’est rien. On l’appelle sûnyam, car aucune catégorie liée aux conditions du monde n’est adéquate pour le décrire. L’appeler « être » est une erreur, car seules des choses concrètes existent. L’appeler « non-être » est également une erreur. Il vaut mieux éviter toute description. La pensée fonctionne de manière dualiste, et ce qui est, est non-dual (advaita)." (Sarvepalli Radhakrishnan).


"Imaginons une vague à la surface de la mer. Vue sous un certain angle, elle semble avoir une existence distincte, un début et une fin, une naissance et une mort. Perçue sous un autre angle, la vague n'existe pas réellement en elle-même, elle est seulement le comportement de l'eau, "vide" d'une identité séparée mais "pleine" d'eau. Si nous réfléchissons sérieusement à la vague, nous en venons à réaliser que c'est un phénomène rendu temporairement possible par le vent et l'eau, qui dépend d'un ensemble de circonstances en constante fluctuation. Nous apercevons également que chaque vague est reliée à toutes les autres. Si nous y regardons de près, rien ne possède d'existence intrinsèque. C'est cette absence d'existence indépendante que nous appelons "vacuité".


"Il se peut qu'il nous arrive de percevoir l'absence de l'ego d'un seul coup d'œil. Mais nous n'accepterions pas une vérité aussi simple. En d'autres termes, il nous faut apprendre à désapprendre. L'ensemble du processus consiste à défaire l'ego. On commence par apprendre à traiter les pensées névrotiques et les émotions. Puis, les concepts erronés sont balayés par la compréhension de la vacuité, de l'ouverture. C'est l'expérience de śūnyatā." (Chogyam Trungpa).

Cette dernière citation de Chogyam Trungpa me semble très juste, mais ce qu'elle dit est très peu suivit dans les milieux spirituels : on s'occupe de chercher l'absolu, la transcendance, la vacuité, on réfléchit énormément sur la non dualité... alors que l'on a pas traité les pensées et émotions névrotiques qui nous habitent.
ça ne peut mener à rien en ce cas, et s'occuper de la vacuité peut parfois être une fuite pour ne pas se confronter à ses névroses (je l'ai souvent vu).

Je suis persuadé que l'on ne peut pas faire l'expérience de la vacuité avant d'avoir purifié toutes ses pensées et émotions névrotiques (c'est aussi ce que disent les enseignements spirituels). Il est donc à mon sens extrêmement important de travailler énormément sur ces névroses avant de chercher la vacuité.
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Message par Greenman Mar 13 Mar 2012 - 20:37

Super topic Very Happy

Pour rebondir sur la fin de ton post :

Oui, je pense comme toi, il faut se débarrasser des névroses et émotions, mais on est censé méditer fortement et avec grande ferveur prolongeant cet état durant la journée dans cette quête là, ainsi, les énergies sont censées avoir purifié les impuretés et stabilisé le mental auquel on ne s'identifie plus ou de moins en moins. Alors, si on ne fait pas le boulot, parler de vacuité, bah c'est vraiment le néant pour le coup, oui, tu as raison.. Very Happy
Et puis d'ailleurs, on ne peut pas parler vraiment de vacuité, sinon ça n'en est pas, et dans les enseignements, elle est indiquée juste pour montrer le but et expliciter la voie, je crois, mais ce ne doit pas être un objet obsessionnel, en effet....

Hello
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Message par Marie Mer 14 Mar 2012 - 7:19

En tout cas, l'image de la vague est belle et très évocatrice . Hola
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Message par ananie Mer 14 Mar 2012 - 7:58

Oui je trouve aussi que l'image de la vague (qui est une image souvent utilisée traditionnellement) est très parlante.

Greenman a écrit:on ne peut pas parler vraiment de vacuité, sinon ça n'en est pas, et dans les enseignements, elle est indiquée juste pour montrer le but et expliciter la voie
Oui !
Pour montrer la voie et aussi je crois pour faire lâcher le mental qui croit pouvoir tout comprendre et conceptualiser.


Dernière édition par ananie le Jeu 15 Mar 2012 - 11:20, édité 1 fois
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Message par ananie Jeu 15 Mar 2012 - 11:18

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Message par lounaaa Lun 4 Mar 2013 - 20:33

Clap clap Merci! en effet, l'exemple de la vague est d'une douceur très significative... j'ai cru saisir, puis non, ah moins que, en fait non.
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Message par rirrou Lun 4 Mar 2013 - 21:59

ananie a écrit:Il est donc à mon sens extrêmement important de travailler énormément sur ces névroses
oui tout à fait...

ananie a écrit:avant de chercher la vacuité...

est ce que la vacuité se cherche, s'atteint..? sunny
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Message par rirrou Mar 5 Mar 2013 - 7:34

ananie a écrit:Ainsi les bouddhistes qui disent que rien n'existe parce que tout est vacuité (et il y en a beaucoup) n'ont pas du tout compris ce qu'est la vacuité. Ils ne prennent que le premier point de la définition du Madhaymaka...

oui.. certainnes personnes confondent vacuité et nihilisme, mais quand le bouddha dit tout est vide, c'est tout est vide d'existence propre... par la saisie du soi nous avons une perception éronée des phénomènes et des personnes.. avoir une perception directe de la vrai nature des choses c'est les percevoir vides de cette saisie.
les choses existent mais pas comme on croient qu'elles existent... je crois que j'existe mais de cette façon je n'existe pas...
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Message par rirrou Mar 5 Mar 2013 - 8:54

voici un petit extrait d'enseignement sur la vacuité donné par lama zopa rinpoche:

"Comment une table existe..,
Pour donner une idée plus claire de cela, j’utilise souvent l’exemple
plus simple de la table. Bien que cette manière d’analyser ne soit
pas la façon correcte de méditer sur la vacuité, cela vous donne une
idée de la façon correcte de méditer. Particulièrement si vous êtes
débutant, cela vous donnera une idée de la façon dont la table existe
en réalité, de ce qu’est la table.
Lorsqu’une personne entre pour la première fois dans cette salle,
elle voit qu’il y a une table ici devant moi. Mais qu’est ce qui pousse
la personne à décider de donner le nom « table » à cet objet spécifique,
et non pas à l’escalier ou au trône ? Qu’est-ce qui décide la personne
à donner à cet objet la désignation « table » ? Avant de décider de
la désignation « table », il doit y avoir une raison. La raison c’est,
qu’avant tout, la personne voit un objet matériel dont la fonction est
de supporter des choses, ou de permettre que l’on y pose des choses
dessus. Le fait que la personne voit cela en premier devient la raison
qui permet de désigner [cet objet] « table ». C’est ce qui fait que la
personne décide, parmi les innombrables désignations, de [choisir]
cette désignation particulière « table ».
La vue de cet objet qui remplit la fonction de supporter des choses
est, dans l’esprit de la personne, la raison pour laquelle elle applique
la désignation « table ». Avant que la désignation ne soit appliquée,
il doit y avoir une raison, et la raison est le fait de voir la base de la
désignation. Vous voyez d’abord la base, puis vous appliquez
la désignation « c’est une table ». C’est pourquoi, cet objet matériel
que vous voyez en premier, qui peut remplir la fonction de supporter
des choses, n’est pas la table. C’est la base. Vous voyez d’abord
la base, qui est la raison pour laquelle vous donnez la désignation
« table ».
Sinon, si voir la base ne vient pas en premier, vous n’avez aucune
raison d’apposer l’étiquette « table ». Il n’y a aucune raison dans votre
esprit pour que vous désigniez ceci « table », cela « escalier », ou cela
« trône ». Il n’y a aucune raison qui vous fasse prendre la décision de
donner une désignation particulière.
Si la première chose que vous voyez est la table, si vous voyez la table
avant d’apposer la désignation « table », il n’y aurait pas de
raison de désigner « table ». Puisque c’est déjà « table », pourquoi
apposeriez-vous « table » sur la table ? Il n’y aurait aucune raison de
le faire.
Par exemple, lorsque les parents donnent le nom Jeff à leur
enfant, ils le désignent sur quelque chose qui n’est pas Jeff.
Apposer une désignation « Jeff » sur quelque chose qui n’est
pas Jeff a un sens. Mais si la base, les agrégats, étaient déjà Jeff,
il n’y aurait aucune raison de désigner « Jeff » sur Jeff. Il vous
faudrait alors de nouveau désigner « Jeff » sur Jeff ; puis, de
nouveau il faudrait désigner « Jeff » sur Jeff… Ce serait sans fin.
Il s’agit ici d’un raisonnement logique utilisé dans l’analyse en
quatre points3 . Le premier des quatre points est de reconnaître l’objet
à réfuter. Le second point est celui d’affirmer le recouvrement, c’està-
dire que si une chose existe, elle doit exister soit une avec sa base ou
séparée de sa base. Si le « je » existe véritablement, il doit exister en étant
soit un avec les agrégats, soit séparé des agrégats.
Si le « je » est un avec les agrégats, divers défauts apparaissent. Le
« je » est celui qui reçoit et les agrégats, le corps et l’esprit, sont ce qui
est reçu. Donc, celui qui reçoit et ce qui est reçu deviendraient alors uns.
3 C’est-à-dire, si le « je » était un avec les agrégats, désigner « je » serait superflu. Ce serait
simplement un nom de plus pour les agrégats. Les quatre points sont : (1) reconnaître
l’objet à réfuter, (2) affirmer le recouvrement des deux possibilités de l’unité et de la différence,
(3) affirmer l’absence d’unité du « je » et des agrégats, et (4) affirmer l’absence de
différence du « je » et des agrégats.
Autrement dit, le « je », le possesseur, et les agrégats, ce qui est
possédé, deviendraient uns. En fait, il n’est pas possible que le
possesseur et ce qui est possédé soient uns. Ils doivent être différents.
De toute façon, si vous voyez d’abord la table, pour quelle raison
la désignez-vous comme « table » ? Il n’y a aucune raison de désigner
« table » sur ce qui est déjà table. Cela n’a pas de sens, pas de raison
d’être. Normalement, vous voyez la base et vous dites : « Je vois
la table. » Pour voir la table, vous devez en premier voir la base de
la table. Sinon, il n’y a aucune raison pour vous de dire : « Je vois
la table. » En voyant la base, cet objet sur lequel vous pouvez poser
des choses, vous dites alors « je vois la table » et croyez en cette
désignation.
En voyant la base de cet escalier, vous dites : « Je vois l’escalier »
et en voyant la base du trône, vous dites : « Je vois le trône. »
En voyant un objet particulier et sa fonction spécifique, vous apposez
la désignation « je vois la table », « je vois l’escalier » ou « je vois le
trône ».
En premier il faut voir la base. Cet objet qui remplit la fonction de
supporter des choses n’est pas la table. Cette chose sur laquelle vous
montez n’est pas l’escalier. Cette chose sur laquelle vous vous asseyez
n’est pas le trône. La chose qui remplit la fonction de supporter des
choses est la base sur laquelle on appose l’étiquette « table ». C’est un
point sur lequel méditer pour trouver ce qu’est la table. Comme vous
utilisez cette base en tant que raison pour la désigner comme « table »,
ce n’est pas la table, tout comme ceci n’est pas l’escalier et cela n’est pas
le trône.
Même à partir de cette analyse, vous pouvez voir que la table et
la base de désignation « table », l’escalier et la base de désignation
« escalier », et le trône et la base de désignation « trône » sont différents.
Ils n’existent pas de la façon dont on pense qu’ils existent normalement,
qui est de penser que cette chose concrète elle-même est la table, que
ceci est l’escalier et que cela est le trône.
Un autre point est de parler des parties de la table. Lorsque vous
dites : « Les parties de la table », cela veut dire que les parties de la
table ne sont pas la table. Le dessus [de la table] n’est pas la table et ce
pied n’est pas la table, celui-ci n’est pas la table et celui-là n’est pas la
table. Rien que par la façon de parler, vous pouvez voir que dire
« les parties de la table » signifie qu’elles ne sont pas la table.
Même l’ensemble du groupe de toutes ces parties réunies ne
sont pas la table. Qu’est-ce que c’est ? C’est la base sur laquelle on
appose le mot « table ». Aucune de ces parties n’est la table, et même
l’ensemble des parties n’est pas la table. C’est clair.
Un autre point est que la table n’est nulle part sur cela. Il n’y a pas
de table ici, ni là, ni ailleurs. Il n’y a pas de table sur cette base.
Le premier point est que la base n’est pas la table. Lorsque vous
entrez dans la pièce, comment en arrivez-vous à apposer des désignations
sur les choses ? Vous pouvez constater que la raison que vous
utilisez pour apposer une désignation sur quelque chose n’est
pas la chose. Vous utilisez le fait de voir la base comme raison
pour la désignation « table ». Vous apposez la désignation « table »
après avoir vu la base. Il est clair que la base et la désignation sont
différentes.
Le second point est qu’aucune des parties de la table n’est la table.
Même l’ensemble de la table n’est pas la table. C’est la base sur
laquelle on appose l’étiquette « table ». Il devient plus clair à présent
que la table est différente de sa base.
Le troisième point est que vous ne pouvez trouver la table nulle
part sur cette base. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de table
dans cette pièce ; cela ne veut pas dire que la table n’existe pas.
La table existe dans cette pièce – il y a en fait beaucoup de tables
dans cette pièce. Il n’y a pas de table sur ceci ici [Rinpoché montre
la table], mais il y a une table dans cette pièce. Cela montre bien ce
qu’est la table.Ce n’est pas la manière correcte de méditer sur la vacuité, car
cette façon de rechercher la table se rapporte à la table simplement
désignée et laisse de côté la table véritablement existante, dont
nous sommes censés réaliser la vacuité. C’est pourquoi, selon Lama
Tsongkhapa et nombre d’autres grands pandits, il ne s’agit pas ici de
la manière correcte d’analyser.
Dans cette manière d’analyser, lorsque vous cherchez la table parmi
toutes ses parties, vous trouvez qu’aucune des parties n’est la table et
que même l’ensemble de toutes les parties n’est pas la table, mais la
base sur laquelle on appose la désignation table. Mais cela ne signifie
pas que la table n’existe pas. La table existe.
Alors, qu’est-ce que la table ? Parce que nous voyons cet objet qui
remplit la fonction de permettre de poser des choses dessus, nous
disons simplement « table » et croyons que c’est une table. Parce que
cet objet est ici dans cette pièce, nous croyons qu’il y a une table dans
cette pièce. En voyant cet objet, nous pensons : « Je vois une table. »
C’est un concept. En voyant cet objet dans cette pièce, nous désignons
tout simplement « il y a une table ». Nous nous en tenons juste à cela ;
nous nous contentons de cela. Il n’y a aucune table nulle part sur
cette base, mais il y a une table dans la pièce.
Vous pouvez voir à présent que la façon dont la table existe est
extrêmement subtile. Lorsque vous analysez vraiment pour voir ce
qu’est la table, c’est extrêmement subtil. Ce n’est pas que la table
n’existe pas, mais c’est comme si elle n’existait pas. Elle n’est pas non
existante parce que vous pouvez fabriquer la table, l’utiliser, la casser.
Si vous fabriquez cette base, vous croyez « j’ai fabriqué une table » ;
vous croyez tout simplement « j’ai fait une table ». Si vous utilisez
la table, vous croyez « je me sers de la table » ; vous croyez tout
simplement « je me sers de la table ». Et si vous cassez la table, vous
croyez « j’ai cassé la table ».
La table n’est pas non existante, mais elle n’est pas la chose concrète
que nous pensons qu’elle est normalement. Normalement, nous
pensons à la table comme à une chose concrète qui est une avec sa
base, que l’on ne peut différencier de sa base. On ne peut séparer la
base et la désignation « table ». Il y a là quelque chose de concret.
Donc, cela n’est pas la table. Il n’y a pas de table sur cette base, mais
il y a une table dans la pièce.
Vous pouvez à présent voir que la table est complètement vide. Elle
n’a pas d’existence propre. Il n’y a pas de vrai table concrète de son
propre côté. Ainsi, vous pouvez avoir une idée du mode d’existence
de la table. C’est extrêmement subtil.
Après avoir fait cette analyse, vous savez qu’aucune des parties n’est
la table et même que l’ensemble des parties n’est pas la table. Il n’y a
de table nulle part, ici sur cette base, mais il y a une table dans cette
pièce. En faisant cette analyse, vous constatez que le mode d’existence
de la table est extrêmement subtil, mais lorsque vous regardez ce
qui vous apparaît, vous trouvez que ce qui reste est une table réelle
et concrète, une avec la base. C’est ce que l’on appelle l’objet à
réfuter. Cette table réelle apparaissant de son propre côté, cette table
existant de façon intrinsèque, cette table indépendante, est l’objet
à réfuter. Cet objet concret qui reste là est l’objet à réfuter et c’est
une hallucination. En réalité, il est complètement vide.
Telle est la façon correcte de méditer sur la vacuité de la table.
En reconnaissant que la table vous apparaît être indépendante, non
désignée, réelle de son propre côté, vous cherchez alors la table pour
voir si elle existe ou non. Quand vous ne la trouvez pas et que vous
voyez qu’elle est vide, à ce moment-là vous voyez la vacuité ou la
nature ultime de la table. En voyant la vérité ultime de la table, qu’elle
est complètement vide d’existence propre, en conséquence vous
réalisez alors la vérité conventionnelle de la table, que la table existe
en tant que simple nom, en étant simplement désignée par l’esprit.
Il s’agit là de la production en dépendance subtile.
Parmi les quatre écoles de la philosophie bouddhique, la quatrième,
celle du madhyamaka, a deux divisions, svatantrika et prasanguika. Ici, c’est la vue prasanguika de la production en dépendance
subtile de la table, la vérité conventionnelle de la table : la table existe
en tant que simple nom, en étant uniquement désignée par l’esprit..."

voiluuu... sunny
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Message par ananie Mar 19 Mar 2013 - 22:07

Lorsque les bouddhistes donnent des enseignements sur la vacuité, c'est pour faire lâcher le mental, et pour démontrer qu'il est impossible de comprendre la vacuité.

En fait quand on étudie la vacuité dans le bouddhisme, on se dit "ça y est, j'ai compris, la vacuité c'est ça".

Puis on continue à étudier et on se rend compte que notre compréhension est fausse.
Puis on trouve une nouvelle compréhension et on se dit "ah en fait c'est ça la vacuité"...
Puis on se rend compte que c'est faux aussi...

Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

Mais pour que ça marche, ça doit se faire en discutant régulièrement avec un enseignant, qui va casser nos conceptions (par l'enseignement et le raisonnement) dès l'on reste un peu trop bloqué sur une conception des choses particulière.

Sans un enseignant on va forcément à un moment ou à un autre se figer sur un "ça y est j'ai compris" au lieu de continuer et d'aller plus loin (jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien).

Et il en est de même avec les expériences spirituelles : on les raconte à l'enseignant pour qu'il nous montre que l'expérience que nous avons eue est une expérience qui montre que nous progressons, mais que ce n'est pas l'expérience de la vacuité.
Ainsi il nous permettra d'aller plus loin et de ne pas en rester à cette expérience croyant qu'elle est ultime (ce qui ferait que l'on chercherait uniquement à la reproduire et à la cultiver, ce qui bloquerait notre progression en méditation).

Parce que l'expérience de la vacuité n'est pas un aperçu : elle libère définitivement de l'égo.
Ce n'est pas une expérience qui a un début et une fin, c'est une réalisation définitive, constante, qui reste permanente sans aucun effort.

Donc pour un bouddhiste tibétain seul le boddhisattva qui est délivré de toute émotion perturbatrice et qui n'est mu que par la compassion et le soucis des autres a vu la vacuité.
Avant il y a des expériences qui en montrent certaines facettes, mais elles sont toujours dans la dualité.

Déjà le simple fait de dire "j'ai entraperçu ça" montre que c'était dans la dualité.
Dans l'expérience de la vacuité, il n'y a personne qui voit.


Lorsque l'on comprend enfin qu'on ne comprend rien à la vacuité, que c'est vraiment au delà de tout ce que l'on peut se représenter, alors l'enseignement sur la vacuité a porté ses fruits.

Car son but était de réduire à néant toutes nos conceptions et compréhensions concernant la vacuité.

Parce que les bouddhistes tibétains disent que ce que l'on réalise par la méditation est un prolongement de ce que l'on conçoit.
Tant que l'on conçoit la vacuité, on aboutira à une vision limitée. Parce que toute conception de la vacuité, quelle qu'elle soit, est nécessairement limitée (du fait même que c'est une conception). Il est donc nécessaire, pour la réaliser, de toutes les abandonner.

Lorsque l'on comprend vraiment, concrètement, après une réflexion qui peut durer des années, que la vacuité est totalement et absolument inconcevable, alors il devient possible, par une très longue pratique, de la réaliser et d'atteindre l'absolu, parce que nos conceptions erronées et limitées de l'absolu ne font plus obstacle.
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Message par ananie Mar 19 Mar 2013 - 23:02

Tout dépend aussi de ce que l'on appelle vacuité :
Il y a des expériences qui donnent des aperçus de la vacuité, mais qui ne sont pas la vacuité, et qui sont toujours dans la dualité.

Dans l'ordre :
- La félicité vacuité qui est un sentiment de joie immense qui envahi tout l'être, jusqu'au bout des ongles et des cheveux.
- La clarté vacuité.
- La non conceptualité vacuité.

Pour les deux derniers je ne préfère pas définir par ce que je ne suis pas sur.

La réalisation de la vacuité, en la voyant, vient ensuite.
Elle peut être appelée, dans cette dénomination de suite d'expériences, la vacuité vacuité.
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