Le sentiment d'impuissance

Ce post va rejoindre probablement la question du lâcher prise.
http://www.forumspirituel.fr/t89-le-lacher-prise

Le sentiment d'impuissance survient je crois quand on cherche absolument un certain "résultat". Quand on veut que les choses correspondent à une certaine idée qu'on en a.

C'est assez douloureux à vivre, si on le vit en résistance, de là le sentiment d'impuissance peut s'accompagner d'autres émotions, colère notamment, combativité, mais dans un cas où l'on ne peut pas changer une situation, c'est une combativité qui ne peut pas être "utilisée" dans le concret, en tout cas pas dans l'immédiat.

Je crois que dans ce genre de situation, il y a déjà à accepter notre impuissance à amener la situation vers ce que l'on voudrait, (quand par exemple ça dépend du libre arbitre de quelqu'un d'autre, ben on est effectivement "impuissant", dans le sens non puissant, on ne peut pas forcer quelqu'un à agir de telle ou telle manière).
Accepter les émotions que cela déclenche.

Alors vient il me semble une sorte de temps de "repli" ou recul, intérieur, de recentrage, récupérer son énergie en quelque sorte, et attendre sans attentes ou espoirs ou projections.

Puis émerge une nouvelle manière d'envisager la situation, et une manière d'agir, un nouveau chemin.

Oui et effectivement accepter les émotions que cela déclenche en nous est très important.

Si ces émotions appartiennent à notre propre histoire et n'ont rien à voir avec la situation présente (genre la situation présente réactive une vieille blessure d'abandon), elles seront purifiées dans cette acceptation.

Et si les émotions appartiennent à la situation présente (quelqu'un nous agresse et ça nous touche par exemple) il sera parfois bon, en plus de les accepter, de savoir les exprimer de manière juste (par exemple : "je me suis senti blessé par tes propos"), surtout s'il s'agit d'une personne proche.

Cela amènera parfois la relation à se clôturer (si la personne refuse toute remise en question, elle fuira face à quelqu'un qui exprime ses ressentis profonds), mais d'autres fois cela amènera une remise en question de la personne.
Mais pour cela il faudra que l'impuissance ait été acceptée au préalable, car si nous exprimons les choses pour changer la personne ça n'aura pas le même effet que si nous le faisons juste pour nous et pour que la personne soit au courant des effets de son action sur nous.


A mon sens l'impuissance est une des choses les plus difficile à accepter, car cela remet en question le désir le plus profond de l'égo : pouvoir tout contrôler.

J'ajouterai aussi que les techniques de pensée créatrice enseignées par certains auteurs new-age vont tout à fait dans ce sens de satisfaire le désir de toute puissance de l'égo : "si je prie comme ceci ou cela, si je pense ou ressens ceci ou cela, j'aurai ce que je veux, je serais le créateur de ma réalité, j'éviterai tous les problèmes et tous mes désirs seront comblés extérieurement"... et au fond de ça : "je pourrais contrôler tout ce qui m'arrive et ne plus souffrir".

Car l'acceptation de l'impuissance va aussi de pair avec l'acceptation de la souffrance selon moi.

Luc 18.27
On demanda à Jésus "Alors, qui peut être sauvé?"
Il répondit "Ce qui est impossible pour les humains est possible pour Dieu"

Jésus ne répond pas que les humains ne seront pas sauvés, il ne dit pas non plus qu'ils seront sauvés mais ce qui est sûr c'est que sans l'aide de Dieu les humains seuls ont des limites. A nous de reconnaître nos limites. Donc à chaque fois que nous avons un sentiment d'impuissance, il ne reste plus qu'à laisser Dieu faire ce qu'il nous est impossible de faire. Si Dieu est omniprésent il est aussi dans notre coeur. Reconnaître notre impuissance c'est comme faire le ménage dans notre coeur, quelque part, en nous débarrassant de certaines de nos illusions.

moi a écrit:Donc à chaque fois que nous avons un sentiment d'impuissance, il ne reste plus qu'à laisser Dieu faire ce qu'il nous est impossible de faire. Si Dieu est omniprésent il est aussi dans notre coeur. Reconnaître notre impuissance c'est comme faire le ménage dans notre coeur, quelque part, en nous débarrassant de certaines de nos illusions.

Je suis d'accord avec cela.

ça c'est d'un point de vue spirituel.

Mais d'un point de vue temporel notre impuissance est parfois sans issue, et Dieu pourra parfois laisser faire sans intervenir, sinon pour nous aider à accepter ce qui est, en restant dans l'Amour et la Paix.

Jésus par exemple, d'un point de vue temporel, aurait bien aimé éviter sa Passion. Mais cela n'a pas été le cas.
Par contre la puissance divine a agit en lui pour l'aider à vivre dans la paix et l'Amour : la violence, les insultes, la mort...etc. Cela ne veut pas dire qu'il n'en était pas touché ou qu'il n'en souffrait pas. Mais il a vécu cela dans la paix et l'Amour, y compris pour ses bourreaux.

Et il ne s'est pas défilé en leur trouvant des excuses ou en se disant que ce qu'ils faisaient n'était pas un mal. ça c'est une parade mentale que l'on utilise parfois lorsqu'on se sent impuissant : on nie le mal ou la souffrance que l'on subit.
Mais cela ne marche pas réellement, surtout lorsque les souffrances sont aussi grandes.

Non, il les a aimé et pardonné, sans les excuser, tout en reconnaissant que ce qu'ils faisaient était un mal et qu'il en souffrait.
Il s'est servi de ce mal pour faire un bien, mais cela ne changeait rien à la nature même des actes de ses bourreaux.

D'ailleurs pour ceux qui sont dans la voie chrétienne, la méditation sur la Passion est un bon moyen pour accepter l'impuissance et la transformer en puissance d'acceptation intérieure.

Nous n'avons plus qu'à suivre son exemple.

Effectivement.

En suivant la voie chrétienne et en méditant sur le Christ on devient peu à peu comme lui (de même qu'en suivant le Bouddha on chemine vers sa réalisation...etc).
Mais quand on part de loin, il y a du boulot (et je m'inclue bien sur dans ceux qui partent de loin et même de très loin).

Pour ajouter des choses par rapport à l'impuissance, je crois qu'il est important de savoir au préalable gérer sa puissance et sa force d'affirmation.
Sinon il n'y a pas de travail sur l'impuissance, mais juste une fuite.

Avant de choisir de se placer dans cette situation où le Christ ne s'est pas défendu, il avait montré maintes fois qu'il savait défendre son enseignement lorsqu'il le fallait, et même parfois avec force d'affirmation et virulence face aux pharisiens.